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Plus de contrôles exigés par la PSA pour les courses de pigeons

Les pigeons voyageurs sont entraînés depuis le plus jeune âge à regagner leur colombier, même lâchés à des centaines de kilomètres. © KEYSTONE/AP/MICHAEL SOHN
Les pigeons voyageurs sont entraînés depuis le plus jeune âge à regagner leur colombier, même lâchés à des centaines de kilomètres. © KEYSTONE/AP/MICHAEL SOHN


Publié le 23.01.2019


Suspectant des taux de mortalité importants chez les pigeons voyageurs élevés en Suisse pour participer à des compétitions, la Protection suisse des animaux (PSA) réclame davantage de contrôles. Mais les chiffres de l'association sont contestés par les colombophiles.

Jusqu'à 50% des pigeons meurent lors des compétitions organisées de mai à août, affirme un rapport publié mercredi par la PSA. Durant ces courses, des oiseaux sont envoyés à des centaines de kilomètres avant de revenir seuls à leur colombier. Pour l'organisation, les efforts "excessifs" demandés aux volatiles constituent le premier facteur de mortalité, à quoi s'ajoutent les égarements et la prédation.

La PSA dénonce un transport "trop long et stressant vers les lieux où les pigeons sont lâchés" et "des distances de course trop longues dans des conditions météorologiques parfois défavorables". "Les pigeons doivent végéter pendant 15 heures et plus dans les caisses de transport, suivant le lieu de départ de la compétition."

Enquête "sur plusieurs années"

Pour parvenir à ces conclusions, la PSA a mené "plusieurs années d'enquête". En 2018, elle a documenté les pertes chez près de 40 éleveurs (sur 400 en Suisse, dont un cinquième en Suisse romande). Elle a aussi rendu visite à certains d'entre eux. "Il a été démontré que le taux de pertes indiqué par les détenteurs correspond à ceux présumés par la PSA."

Cependant, de nombreux propriétaires de pigeons ne tiennent pas de liste de leur effectif, selon l'association. "Il leur est donc souvent impossible de faire une déclaration précise sur les pertes."

Par conséquent, l'organisation demande aux autorités de procéder "à des contrôles à grande échelle chez les propriétaires de pigeons participant aux concours". Elle réclame aussi une plus grande transparence à l'Association colombophile suisse (ACS), qui fédère les éleveurs et gère les compétitions.

"Ecoeurement" du côté des colombophiles

Le contenu du rapport de la PSA est vivement contredit par le président de l'ACS, Jean-Pierre Nell. Contacté par Keystone-ATS, l'éleveur de Montbrelloz (FR) se dit "abasourdi" et "écoeuré". "Le chiffre de 50% est folklorique", assure-t-il. Celui qui possède 150 pigeons évalue plutôt les pertes à 15% au maximum sur une saison, sur la base d'un sondage mené au sein de l'ACS.

La méthode de calcul de la PSA est contestée par Jean-Pierre Nell, qui a reçu les défenseurs des animaux chez lui. "Lors d'une course, en principe, seul le premier tiers des oiseaux les plus rapides est enregistré. Cela ne veut pas dire que les autres ne reviennent pas. Or dans mon cas, la PSA a comptabilisé les deux tiers restants comme étant des pertes."

Le président de l'ACS réfute également que l'épuisement est la cause principale du trépas des pigeons voyageurs. "Cela représente peut-être 1% des pertes, et encore." Les prédateurs et en particulier le faucon pèlerin (dont les effectifs seraient en hausse) constituent à l'en croire l'ennemi numéro un des pigeons.

Jean-Pierre Nell dément aussi toute maltraitance. "Les pigeons sont lâchés durant les périodes de l'année les plus favorables. En cas de mauvais temps, les courses sont annulées." En outre, si un oiseau est épuisé, il reste à la base. "Un éleveur n'a aucun intérêt à envoyer ses oiseaux au charbon." Les camions de transport? "Parfaitement équipés." Il ajoute être pour la transparence.

L'OSAV suit le dossier

De son côté, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a indiqué à Keystone-ATS suivre le dossier avec la PSA, l'ACS et les services vétérinaires cantonaux depuis quelques années. L'office se dit "tout à fait conscient que la perte des pigeons voyageurs peut être un problème et qu'il est nécessaire d’étudier les différentes causes qui pourraient expliquer ces pertes".

L'OSAV planifie de récolter les chiffres précis des pertes et d'en clarifier les causes cette année. C’est seulement ensuite que des mesures concrètes pourront être proposées, en accord avec les vétérinaires cantonaux.

Porte-parole de l'OSAV, Nathalie Rochat souligne que, début 2019, un nouvel article réglant la manière de traiter les animaux lors de manifestations est entré dans l'ordonnance sur la protection des animaux. "C'est un premier pas important."

ats

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