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Polémique sur l’ex-membre des Brigades rouges Alvaro Baragiola

Cesare Battisti, ex-activiste d'extrême gauche condamné pour sa participation à quatre meurtres, est arrivé lundi dernier à Rome pour purger une peine de réclusion à perpétuité en Italie. Cela après des décennies de cavale. © KEYSTONE/AP/ALESSANDRA TARANTINO
Cesare Battisti, ex-activiste d'extrême gauche condamné pour sa participation à quatre meurtres, est arrivé lundi dernier à Rome pour purger une peine de réclusion à perpétuité en Italie. Cela après des décennies de cavale. © KEYSTONE/AP/ALESSANDRA TARANTINO
Alvaro Baragiola avait été accusé par l'Italie d'avoir participé à l’enlèvement d'Aldo Moro en 1978 à Rome. Le président du Conseil italien avait été ensuite assassiné par les Brigades rouges. Cette accusation avait été abandonnée par la justice suisse par manque de preuves (archives). © Keystone/AP/STR
Alvaro Baragiola avait été accusé par l'Italie d'avoir participé à l’enlèvement d'Aldo Moro en 1978 à Rome. Le président du Conseil italien avait été ensuite assassiné par les Brigades rouges. Cette accusation avait été abandonnée par la justice suisse par manque de preuves (archives). © Keystone/AP/STR


Publié le 17.01.2019


La polémique a enflé ces jours au Tessin autour de l’ex-membre des Brigades rouges (BR), Alvaro Baragiola, arrêté et condamné en Suisse il y a 30 ans, et qui avait refusé d'être extradé en Italie. L'affaire est alimentée par l'extradition récente de Cesare Battisti.

Arrêté en juin 1988 à Lugano, Alvaro Baragiola était alors recherché par la justice italienne. Celle-ci l’avait condamné pour le meurtre d’un étudiant grec en 1975 à Rome et pour sa participation à des attentats des BR.

Alvaro Baragiola est connu en Italie sous le nom de Lojacono, celui de son père, un économiste romain. Il avait opté pour celui de sa mère, la Tessinoise Ornella Baragiola, dont il avait aussi acquis la nationalité à son arrivée en Suisse dans les années 80 après avoir fui l’Italie à la fin des années septante et s’être réfugié au Brésil.

Après son arrestation, Alvaro Baragiola avait refusé d’être extradé vers l’Italie. Il avait été ensuite jugé par la Cour d'assises criminelles de Lugano qui l’avait condamné le 6 novembre 1989 à 17 ans de réclusion pour sa participation à l’assassinat du juge romain Girolamo Tartaglione en octobre 1978 à Rome.

Manque de preuves

Les autres accusations italiennes, notamment sa participation à l’enlèvement du président du Conseil italien Aldo Moro le 16 mars 1978 à Rome, avaient été abandonnées par manque de preuves. Alvaro Baragiola a purgé les deux tiers de sa peine et a obtenu sa libération pour bonne conduite après avoir passé onze ans derrière les barreaux. Il travaille actuellement comme assistant à l’Université de Fribourg. Il aura 64 ans en mai prochain.

Plus de trois décennies après son arrestation, il reste cité à plusieurs reprises par la presse de la Péninsule parmi les ex-terroristes italiens encore dans le collimateur de la justice après l’extradition, lundi dernier par le Brésil, de Cesare Battisti, un ex-membre du groupe d’extrême-gauche «Prolétariens armés pour le communisme».

Appel à Ignazio Cassis

Ainsi, la Lega des Tessinois, par le biais de son conseiller national Lorenzo Quadri, s’est adressée au ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis afin qu’il accepte l’extradition d’Alvaro Baragiola vers l’Italie.

"Impossible, rien n’a changé par rapport à 1989", explique à l’agence Keystone-ATS l’avocat tessinois John Noseda, qui était le défenseur d’Alvaro Baragiola à l’époque de son procès. "M. Baragiola est un citoyen suisse et la Suisse n’extrade pas ses ressortissants".

"Mon ancien client a été condamné à Lugano pour les faits reconnus par la Suisse. En ce qui concerne l’attentat contre Aldo Moro, l’Italie n’a jamais demandé son extradition. Je tiens aussi à dire que 30 ans ont passé et il est temps de tirer un trait définitif sur cette triste affaire".

ats

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