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Poutine et l'Occident continuent de souffler le chaud et le froid

Une centaine de milliers de soldats russes se trouvent actuellement cantonnés non loin de la frontière ukrainienne, mais pour l'heure tous les interlocuteurs veulent faire confiance à la diplomatie. © KEYSTONE/AP/Vadim Ghirda
Une centaine de milliers de soldats russes se trouvent actuellement cantonnés non loin de la frontière ukrainienne, mais pour l'heure tous les interlocuteurs veulent faire confiance à la diplomatie. © KEYSTONE/AP/Vadim Ghirda
Une centaine de milliers de soldats russes se trouvent actuellement cantonnés non loin de la frontière ukrainienne, mais pour l'heure tous les interlocuteurs veulent faire confiance à la diplomatie. © KEYSTONE/AP/Vadim Ghirda
Une centaine de milliers de soldats russes se trouvent actuellement cantonnés non loin de la frontière ukrainienne, mais pour l'heure tous les interlocuteurs veulent faire confiance à la diplomatie. © KEYSTONE/AP/Vadim Ghirda


Publié le 28.01.2022


Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé vendredi les Occidentaux à ne pas semer la "panique" autour des tensions avec la Russie, un ton apaisant au moment où les efforts diplomatiques se multipliaient.

Alors que le président russe Vladimir Poutine et son homologue français Emmanuel Macron convenaient de la "nécessité d'une désescalade", les chefs militaires américains ont souligné qu'un conflit en Ukraine, qui aurait des conséquences "épouvantables" pour la population ukrainienne, n'était "pas inéluctable".

Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a estimé qu'avec plus de 100'000 soldats russes déployés aux frontières ukrainiennes, la Russie avait désormais amassé des forces suffisantes pour une invasion, mais il a souligné qu'un conflit entre l'Ukraine et la Russie "n'est pas inéluctable".

"Il reste du temps et du champ pour la diplomatie", a-t-il ajouté au cours d'une rare conférence de presse.

Le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, a prévenu qu'une invasion, qui pourrait être favorisée par des sols gelés, aurait des conséquences "épouvantables".

"Vu le type de forces qui sont déployées, les forces terrestres, l'artillerie, les missiles balistiques, l'armée de l'air (...), vous pouvez imaginer à quoi cela pourrait ressembler dans les zones urbaines denses", a-t-il averti, prévoyant "un nombre important de victimes" en cas d'offensive.

"La probabilité de l'attaque existe, elle n'a pas disparu et elle n'a pas été moins grave en 2021", mais "nous ne voyons pas d'escalade supérieure à celle qui existait" l'année dernière, a cependant déclaré vendredi M. Zelensky, lors d'une conférence de presse pour les médias étrangers.

Risque intérieur

"Nous n'avons pas besoin de cette panique", a-t-il souligné, tout en appelant la Russie à "faire des pas pour prouver" qu'elle ne va pas attaquer.

"Le plus grand risque pour l'Ukraine" actuellement, c'est "la déstabilisation de la situation à l'intérieur du pays", a estimé le président ukrainien.

La Russie dément tout projet d'invasion, mais s'estime menacée par l'expansion de l'Otan depuis 20 ans et par le soutien occidental à l'Ukraine.

Elle a donc conditionné la désescalade à la fin de la politique d'élargissement de l'Alliance atlantique, notamment à l'Ukraine, et au retour des déploiements militaires occidentaux aux frontières de 1997.

Statu quo

Les Etats-Unis et l'Otan ont formellement rejeté mercredi ces demandes.

"Les réponses des Etats-Unis et de l'Otan n'ont pas tenu compte des inquiétudes fondamentales de la Russie", a indiqué le Kremlin dans un communiqué consacré à l'entretien entre MM. Poutine et Macron.

"La question clé a été ignorée, à savoir comment les Etats-Unis et leurs alliés comptent (...) mettre en oeuvre le principe selon lequel personne ne doit renforcer sa sécurité au détriment d'autres pays", a fait valoir le maître du Kremlin, selon la même source.

"Le président Poutine n'a exprimé aucune intention offensive", a souligné la présidence française qui compte sur la poursuite du dialogue.

Gazoduc

Les Européens et les Américains ont promis des sanctions féroces et sans précédent en cas d'attaque contre l'Ukraine.

Sur la table, le gazoduc stratégique Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne ou encore l'accès des Russes aux transactions en dollars, monnaie reine des échanges internationaux.

Washington et l'Union européenne ont affirmé vendredi dans une déclaration commune qu'ils travaillaient à la fourniture de "volumes additionnels de gaz naturel" pour l'Europe, afin de faire face à un éventuel contre-coup d'une "nouvelle invasion russe de l'Ukraine".

Les Etats-Unis ont par ailleurs saisi le Conseil de sécurité de l'ONU jeudi, réclamant une réunion lundi en raison de la "menace claire" que fait peser à leurs yeux la Russie sur "la paix et la sécurité internationales".

Moscou élève la voix

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères a souligné dans la matinée que la Russie ne voulait "pas de guerre" et préférait la "voie de la diplomatie", mais qu'elle était prête à défendre ses intérêts.

"Nous ne permettrons pas (...) que nos intérêts soient grossièrement bafoués, ignorés", a martelé Sergueï Lavrov.

Moscou avait prévenu qu'un rejet de ses demandes allait se traduire par des représailles d'ampleur, sans plus de précisions.

Dans la soirée, la diplomatie russe a annoncé interdire d'entrée en Russie des représentants des forces de l'ordre, des organes législatifs et exécutifs de certains pays de l'UE qui sont "personnellement responsables de la propagation de la politique antirusse".

Le Kremlin est déjà considéré comme l'instigateur de ce conflit dans l'Est ukrainien, qui a été déclenché en 2014 peu après l'annexion russe de la Crimée ukrainienne et dans la foulée d'une révolution pro-occidentale à Kiev.

ats, afp

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