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Premières arrestations en vertu de la loi sur la sécurité

Protestations contre la nouvelle loi sur la sécurité de Pékin. © KEYSTONE/EPA/MIGUEL CANDELA
Protestations contre la nouvelle loi sur la sécurité de Pékin. © KEYSTONE/EPA/MIGUEL CANDELA


Publié le 01.07.2020


Moins de 24 heures après l'entrée en vigueur de la loi sur la sécurité imposée par Pékin à Hong Kong, la police a procédé aux premières arrestations, condamné par de nombreux pays occidentaux, qui rend la justice chinoise compétente pour les crimes les plus graves.

Promulguée mardi par le président chinois Xi Jinping, cette législation fait craindre à l'opposition hongkongaise un recul des libertés inédit depuis la rétrocession à la Chine par le Royaume-Uni de ce territoire, en 1997.

Les forces de l'ordre ont arrêté au total mercredi plus de 300 personnes, dont neuf pour violation présumée de la loi sur la sécurité nationale, alors que des milliers de Hongkongais se sont rassemblés pour marquer le 23e anniversaire de la rétrocession de l'ex-colonie britannique à la Chine.

Ce rassemblement avait été interdit il y a quelques jours par les autorités, pour la première fois en 17 ans. La police a fait usage de canons à eau, de gaz poivré et lacrymogène pour les disperser.

Beaucoup d'entre eux scandaient des slogans en faveur de l'indépendance du territoire.

"Ce que ce régime autoritaire veut faire, c'est terroriser le peuple et l'empêcher de sortir", a affirmé à l'AFP Chris To, un manifestant de 49 ans.

Selon la police, un officier a été poignardé à l'épaule alors qu'il tentait de procéder à une arrestation.

"Événement le plus important"

Depuis l'entrée en vigueur de la loi mardi soir, le soutien à l'indépendance de Hong Kong, de Taïwan, du Tibet et de la région du Xinjiang est devenu illégal.

L'opposition hongkongaise redoute que le texte ne porte un coup fatal aux libertés et à l'autonomie dont jouissait le territoire depuis sa rétrocession.

Mercredi matin, au cours de la traditionnelle cérémonie de lever de drapeau qui marque cet anniversaire, la cheffe de l'exécutif hongkongais fidèle à Pékin, Carrie Lam, a salué cette loi qui constitue selon elle "l'événement le plus important dans les relations entre le gouvernement central et Hong Kong depuis la rétrocession".

Elle permet de réprimer quatre types de crimes contre la sécurité de l'Etat: subversion, séparatisme, terrorisme et collusion avec des forces extérieures.

Dans certains cas, la loi prévoit que la justice chinoise soit compétente et réserve des peines allant de 10 ans d'emprisonnement jusqu'à la prison à vie pour les auteurs des crimes les plus graves.

"La promulgation de cette loi vise à lutter contre les très rares criminels qui mettent gravement en danger la sécurité nationale, et non l'ensemble de l'opposition", a affirmé mercredi à Pékin le directeur adjoint du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao du régime communiste, Zhang Xiaoming.

Condamnations

La veille, dans la foulée de l'adoption de cette loi, le gouvernement chinois se montrait plus comminatoire, affirmant que "pour les membres de la petite minorité qui menace la sécurité nationale, cette loi sera un glaive suspendu au-dessus de leur tête".

De nombreux pays occidentaux, parmi lesquels 27 membres du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, ont condamné ce texte, redoutant qu'il n'entraîne la répression de toute opposition politique.

De leur côté, les Etats-Unis ont menacé la Chine de représailles, promettant de ne pas "rester les bras croisés".

Citoyenneté britannique facilitée

Mercredi, le Royaume-Uni a dénoncé une "violation manifeste de l'autonomie" de Hong Kong. En conséquence, le Premier ministre Boris Johnson a annoncé vouloir faciliter à terme l'accès à la citoyenneté britannique pour les titulaires d'un passeport spécial auquel sont éligibles près de trois millions de résidents de l'ex-colonie britannique.

De son côté, Taïwan a annoncé l'ouverture d'un bureau destiné à accueillir les habitants de Hong Kong désireux de s'installer sur l'île.

M. Zhang a affirmé que les Etats qui menacent certains responsables chinois de sanctions ont une "logique de bandits". Des propos qui visent les Etats-Unis.

La loi est entrée en vigueur un peu plus d'un an après le début des manifestations monstres dans l'ex-colonie britannique contre l'influence du gouvernement central. Echaudée par ces événements, la Chine aura imposé en quelques semaines seulement cette loi qui contourne le conseil législatif local.

Pour Pékin, il s'agit d'assurer la stabilité, de mettre fin au vandalisme ayant émaillé les manifestations de 2019 dans ce territoire de 7,5 millions d'habitants, ainsi que d'y réprimer le courant militant pour l'indépendance.

Fin du Hong Kong connu

"Cela marque la fin de Hong Kong tel que le monde la connaissait", a réagi sur Twitter Joshua Wong, l'une des figures du mouvement pour la démocratie. "La ville se transformera en un #étatdepolicesecrète."

Conséquence: le parti Demosisto, qu'il a fondé avec d'autres militants en 2014, a annoncé sa dissolution. Cette formation appelait notamment à l'autodétermination et pouvait donc potentiellement tomber sous le coup de la nouvelle loi.

Depuis plus de vingt ans, Hong Kong jouit en effet d'une large autonomie. En vertu du principe "Un pays, deux systèmes", ses habitants bénéficiant de la liberté d'expression, de la liberté de la presse et d'une justice indépendante.

ats, afp

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