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Près de 220 noyades depuis mardi au large de la Libye, selon le HCR

Des migrants ont été retrouvés sur un canot pneumatique abîmé au large de la Libye. Ils ont été secourus par les gardes-côtes du pays et ramenés sur la terre ferme. © KEYSTONE/AP Libyan Coast Guard
Des migrants ont été retrouvés sur un canot pneumatique abîmé au large de la Libye. Ils ont été secourus par les gardes-côtes du pays et ramenés sur la terre ferme. © KEYSTONE/AP Libyan Coast Guard


Publié le 22.06.2018


Près de 220 migrants se sont noyés ces derniers jours au large de la Libye, rapporte jeudi le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), citant des rescapés. Le HCR évalue le bilan depuis le début de l'année à plus d'un millier de morts.

Un bateau à bord duquel se trouvaient 100 personnes a chaviré mardi et cinq seulement ont survécu, selon l'agence. Le naufrage d'un canot pneumatique a coûté la vie le même jour à 70 des 130 passagers et, le lendemain, ce sont 50 personnes qui ont péri noyées, poursuit-elle.

"Le HCR est consterné par le nombre croissant de réfugiés et de migrants qui perdent la vie en mer et appelle à une action internationale urgente pour renforcer les efforts de sauvetage en mer de tous les acteurs compétents, y compris les ONG et les navires commerciaux dans toute la Méditerranée", dit le HCR.

Les gardes-côtes libyens ont par ailleurs recueilli jeudi 680 Africains qui se trouvaient à bord de six canots pneumatiques au large de la côte ouest de la Libye, selon un porte-parole. Selon le HCR, ils ont ramené plus de 8000 personnes sur la côte depuis le début de l'année.

Navires sous séquestre

L'Italie a annoncé jeudi qu'elle allait placer sous séquestre deux navires de l'ONG allemande Lifeline, afin de vérifier la correspondance entre leur pavillon néerlandais et leur nationalité. Le navire Lifeline, qui a secouru plus de 200 migrants au nord des côtes libyennes, ainsi que le Seefuchs, se sont vu interdire dans un premier temps l'accès aux ports italiens par le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini.

Le ministre des Transports Danilo Toninelli a toutefois précisé que "les vies humaines seraient sauvegardées" avant que les navires soient mis sous séquestre. Selon lui, l'ONG Lifeline a agi en contravention du droit international en prenant à son bord les migrants alors que les gardes-côtes libyens étaient en train d'intervenir.

Répondant à une demande du gouvernement italien, les Pays-Bas ont indiqué que le navire battait "illégitimement, illégalement pavillon néerlandais", a affirmé M. Toninelli, membre du Mouvement 5 Etoiles (antisystème) qui forme la coalition gouvernementale avec la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini.

De son côté, la représentation des Pays-Bas auprès de l'Union européenne a affirmé jeudi dans un tweet que les navires Seefuchs et Lifeline ne naviguaient pas sous pavillon néerlandais. "Ces navires appartiennent à une ONG allemande et n'apparaissent pas dans les registres navals des Pays-Bas", a-t-elle assuré.

Respect du droit international

Dans la soirée, lors d'un rassemblement public à Terni (centre), M. Salvini a qualifié le Lifeline de "bateau fantôme, comme celui du capitaine Crochet" des aventures de Peter Pan, a rapporté l'agence italienne AGI. "Je ne veux pas de bateau fantôme dans les ports italiens", a-t-il lancé, selon AGI. "S'ils viennent en Italie, je les dénoncerai aux autorités pour aide à l'immigration illégale".

Lifeline a indiqué dans un communiqué avoir sauvé 226 personnes jeudi matin, "dans le respect du droit international", au large de la Libye, "dans les eaux internationales", et "un port sûr" pour débarquer les migrants secourus. L'organisation dit craindre "qu'une situation semblable à celle de l'Aquarius il y a une semaine puisse se profiler à l'horizon".

L'Aquarius, navire humanitaire affrété par l'ONG française SOS Méditerranée, a été accueilli dimanche dans le port espagnol de Valence (Espagne) une semaine après le refus de l'Italie et de Malte de l'accueillir dans un de leurs ports. Les 630 migrants, que le navire transportait initialement avait été en partie transbordés vers deux navires italiens, et les trois bateaux avaient ensuite fait route vers l'Espagne.

ats, reu

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