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Présidentielle en RDC: l'opposant Tshisekedi proclamé vainqueur

Felix Tshisekedi a obtenu 38,57% des voix (archives). © KEYSTONE/EPA/STEFAN KLEINOWITZ
Felix Tshisekedi a obtenu 38,57% des voix (archives). © KEYSTONE/EPA/STEFAN KLEINOWITZ
Félix Tshisekedi devrait prêter serment le 18 janvier à Kinshasa (archives). © KEYSTONE/EPA/STEFAN KLEINOWITZ
Félix Tshisekedi devrait prêter serment le 18 janvier à Kinshasa (archives). © KEYSTONE/EPA/STEFAN KLEINOWITZ
Le candidat de l'opposition Martin Fayulu a dénoncé un "putsch électoral". © KEYSTONE/AP/JEROME DELAY
Le candidat de l'opposition Martin Fayulu a dénoncé un "putsch électoral". © KEYSTONE/AP/JEROME DELAY
La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a déclaré Felix Tshisekedi, 55 ans, vainqueur de la présidentielle (archives). © KEYSTONE/AP/BEN CURTIS
La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a déclaré Felix Tshisekedi, 55 ans, vainqueur de la présidentielle (archives). © KEYSTONE/AP/BEN CURTIS


Publié le 10.01.2019


Le candidat de l'opposition Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle à un tour en RDC par la commission électorale tôt jeudi matin, un événement sans précédent. Il succède à Joseph Kabila, qui ne pouvait pas se représenter.

La République démocratique du Congo (RDC), plus grand pays d'Afrique subsaharienne, vit une double situation historique: c'est la première fois qu'un opposant est proclamé vainqueur d'une élection présidentielle après les deux élections de M. Kabila en 2006 et 2011. C'est aussi la première fois que le président sortant accepte de se retirer sous la pression de la constitution et non des armes.

Les résultats de la commission électorale peuvent encore faire l'objet de recours devant la cour constitutionnelle, qui proclamera les résultats définitifs.

Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, 55 ans, l'emporte nettement au terme d'une très longue attente, avec 38,57% des voix, devant l'autre candidat de l'opposition, Martin Fayulu, deuxième avec 34,8%, selon la commission électorale.

Dauphin largement battu

Le dauphin du pouvoir sortant, l'ex-ministre de l'intérieur sous sanctions de l'Union européenne, Emmanuel Ramazani Shadary, n'arrive qu'en troisième position avec 23,8%. Les 18 autres candidats font des scores anecdotiques.

La cour constitutionnelle doit publier les résultats définitifs d'ici au 15 janvier, selon l'actuel calendrier électoral qui a pris trois jours de retard. La prestation de serment du nouveau président élu pour un mandat de cinq ans est prévue le 18 janvier, selon ce même chronogramme.

Quelques heures après la proclamation des résultats, l'opposant Martin Fayulu a dénoncé dans une interview à Radio France Internationale un "putsch électoral". "Ces résultats n'ont rien à voir avec la vérité des urnes", a-t-il martelé.

M. Tshisekedi a fait équipe pour sa campagne avec l'ex-président de l'assemblée nationale Vital Kamerhe, qui doit devenir en cas de victoire confirmée le premier ministre.

Ces derniers jours, M. Tshisekedi avait aussi tendu la main à Joseph Kabila, 47 ans. Dans un entretien au quotidien belge Le Soir, M. Tshisekedi a déclaré au sujet du président sortant qu'il "est évident qu'il pourra vivre tranquillement dans son pays, vaquer à ses occupations. Il n'a rien à craindre", s'il quitte le pouvoir.

"Un jour, nous devrons même songer à lui rendre hommage pour avoir accepté de se retirer. Pourquoi, compte tenu de son expérience, ne pas lui confier des tâches diplomatiques spéciales, faire de lui un ambassadeur extraordinaire du Congo?", avait-il ajouté.

Main tendue

Le secrétaire général de l'UDPS Jean-Marc Kabund a par la suite suggéré "une rencontre" entre MM. Tshisekedi et Kabila "pour préparer la passation pacifique et civilisée du pouvoir", avant même la proclamation des résultats.

"Nous n'allons pas rejeter la main tendue parce qu'il y a un temps pour tout. Un temps pour s'opposer et se disputer l'électorat, mais aussi un temps pour s'unir", a réagi le porte-parole du gouvernement et du candidat du pouvoir sur la radio de l'ONU, Okapi.

Ces déclarations ont nourri des rumeurs d'un rapprochement, qui n'ont pas été démenties et qui ont suscité la colère dans le camp de l'autre opposant, Martin Fayulu.

A mots voilés, ses partisans ont mis en garde contre un accord dans leur dos. "M. Kabila n'a pas à dire: je veux telle personne, je ne veux pas d'untel. Ce n'est pas sa résidence privée, ni une affaire de famille. C'est une affaire d'État", a déclaré la porte-parole de la coalition Lamuka formée autour de M. Fayulu.

Forces de sécurité

En 2011, la réélection du président Kabila avait été entachée de contestation et de violences.

S'il est confirmé, le nouveau président devra disposer d'une majorité à l'assemblée nationale pour gouverner. Les élections législatives et provinciales ont eu le même jour que la présidentielle le dimanche 30 décembre.

Le nouveau président issu de l'opposition devra aussi composer avec les forces de sécurité acquises au président Kabila et avec les milieux économiques.

Avec deux ans de retard, le président Kabila avait accepté de se retirer contraint par la constitution qui lui interdisait un troisième mandat de cinq ans. Il est au pouvoir depuis l'assassinat de son père et prédécesseur le 16 janvier 2001.

ats, afp

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