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Prison à vie requise contre un infirmier tueur en série

La justice allemande a requis la prison à vie contre un ex-infirmier accusé d'une centaine de meurtres de patients par injection. Le verdict tombera le 6 juin. © KEYSTONE/AP Pool dpa/JULIAN STRATENSCHULTE
La justice allemande a requis la prison à vie contre un ex-infirmier accusé d'une centaine de meurtres de patients par injection. Le verdict tombera le 6 juin. © KEYSTONE/AP Pool dpa/JULIAN STRATENSCHULTE


Publié le 16.05.2019


La prison à vie a été requise jeudi par la justice allemande contre un ex-infirmier accusé d'une centaine de meurtres de patients par injection. L'affaire est sans précédent dans l'Allemagne d'après-guerre.

Dans son réquisitoire, le parquet d'Oldenbourg (nord) s'est dit convaincu que l'ex-infirmier de 42 ans, déjà condamné à la prison à vie pour le meurtre de six patients, avait tué par injection 97 autres personnes entre 2000 et 2005. Ses victimes avaient entre 34 et 96 ans.

Le parquet, en raison de la gravité particulière de la faute, a requis de surcroît l'impossibilité d'être libéré avant 15 ans contre l'accusé, qui avait avoué 43 meurtres à l'ouverture de son procès et ajouté ne pas pouvoir se souvenir de 52 autres cas. Le verdict sera rendu le 6 juin.

"Rambo de la réanimation"

Pendant cinq ans, d'abord dans l'hôpital d'Oldenbourg puis dans celui de la commune voisine de Delmenhorst, Niels Högel a injecté, selon l'accusation intentionnellement, à des patients des médicaments pour provoquer un arrêt cardiaque avant de tenter de les ranimer, le plus souvent sans succès.

Ce qu'il recherchait, avait-il expliqué à l'ouverture de son procès en octobre 2018, c'est la satisfaction et les "commentaires positifs" qu'il recevait après avoir sauvé une vie. Des collègues l'avaient ainsi surnommé le "Rambo de la réanimation".

Pour le parquet, il agissait aussi pour tromper "l'ennui", tandis que l'expertise psychiatrique a révélé des troubles narcissiques et une peur panique de la mort. Selon des codétenus, il se satisfait d'être le plus grand criminel depuis la dernière guerre en Allemagne.

Les enquêteurs le soupçonnent même d'avoir tué 200, voire 300 personnes. Mais prouver ces homicides s'est avéré impossible, nombre de patients décédés ayant été incinérés.

Plus de 130 exhumations ont été menées en Allemagne, Pologne et Turquie au cours de l'enquête "sans précédent", selon le parquet, menée contre Niels Högel, un homme massif et barbu.

Surpris en 2005 en train d'injecter un produit non prescrit à un patient à Delmenhorst, Niels Högel est condamné en 2008 à 7 ans de prison pour tentative de meurtre.

Un deuxième procès suit en 2014/2015. Il est reconnu coupable de meurtres et tentatives de meurtres sur cinq autres personnes et condamné à la prison à vie.

Hôpitaux en question

C'est alors qu'il avoue à son psychiatre au moins 30 meurtres de plus à Delmenhorst. L'ampleur de la série de meurtres est révélée au grand jour et choque le pays car elle soulève aussi la question de la responsabilité des hôpitaux qui n'ont pas su l'arrêter, malgré la fréquence des réanimations et des décès lorsqu'il était de service.

Dès juillet 2006, un dossier établi par la police sur la base des statistiques de la clinique de Delmenhorst montrait qu'entre 2003 et 2004, le taux des décès avait été deux fois plus élevé que les années précédentes.

La consommation de produits cardiaques était monté en flèche. Et dans la plupart des cas de décès, Niels Högel était de service. Mais le parquet n'a réagi qu'en 2008, sous la pression de parents de victimes présumées.

D'anciens collègues et supérieurs hiérarchiques devront ainsi s'expliquer devant la justice, une fois le procès de Niels Högel bouclé.

Il avait lui-même sous-entendu à l'ouverture de son procès que son supérieur à Oldenbourg lui avait proposé argent et lettre de recommandation pour qu'il quitte l'hôpital. Ce que Niels Högel avait fait avant de poursuive ses crimes à Delmenhorst.

"Sans les erreurs de certaines personnes à Oldenbourg, cette série de meurtres de Niels Högel aurait pu être arrêtée", avait déploré avant le procès Christian Marbach, dont le grand-père était l'une des victimes de Högel à l'hôpital de Delmenhorst.

ats, afp

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