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Procédure de destitution lancée contre le président péruvien

Le président Martin Vizcarra a averti qu'il ne démissionnerait pas. © KEYSTONE/EPA/Peru's Presidency HANDOUT
Le président Martin Vizcarra a averti qu'il ne démissionnerait pas. © KEYSTONE/EPA/Peru's Presidency HANDOUT


Publié le 12.09.2020


Le Parlement péruvien a voté vendredi le déclenchement d'une procédure de destitution contre le président Martin Vizcarra, après la diffusion de documents le compromettant dans une affaire de corruption. La motion, présentée par plusieurs partis, a obtenu 65 "oui".

Elle devait en recevoir au moins 52 votes pour être adoptée et enclencher la procédure formelle de destitution qui doit être votée sous quatre jours. Lors du vote formel, dont la date n'a pas été fixée, 87 voix seront nécessaires pour destituer le chef de l'Etat, qui n'a pas de majorité.

Martin Vizcarra, au pouvoir depuis mars 2018, aura auparavant l'occasion de se défendre devant le Parlement. En cas de destitution, le président du Parlement assurera l'intérim jusqu'à la fin de l'actuelle mandature, le 28 juillet 2021.

"La destitution du président, dans ces circonstances, à sept mois des élections générales d'avril, pourrait se révéler très hasardeuse", a mis en garde l'analyste politique Fernando Rospigliosi auprès de l'AFP. Le pays est en effet embourbé dans une grave crise sanitaire et économique en raison de la pandémie de Covid-19.

"Je ne vais pas démissionner"

M. Vizcarra, qui avait pris les rênes du pays après la démission de son prédécesseur, Pedro Pablo Kuczynski, dont il était le vice-président, s'est retrouvé par surprise sur la sellette. En cause, la diffusion jeudi devant les parlementaires d'un enregistrement audio dans lequel il est présenté en train de manipuler des témoins en leur demandant de cacher la vérité, dans une enquête portant sur une affaire de corruption.

Cette affaire concerne l'embauche en pleine pandémie d'un chanteur par le ministère de la culture, la justice soupçonnant l'artiste, de faible notoriété, d'avoir bénéficié d'un contrat de complaisance.

Jeudi, après la diffusion des enregistrements dans l'hémicycle, le chef de l'Etat s'était montré incisif lors d'une allocution télévisée: "Je ne vais pas démissionner. Je ne vais pas m'enfuir", avait-il lancé, s'estimant victime d'un "complot contre la démocratie".

Cette crise politique survient au moment où l'exécutif et le Parlement s'opposent sur une réforme impulsée par le gouvernement visant à interdire aux personnes ayant été condamnées à se présenter aux élections.

Le Pérou, qui a connu une forte instabilité politique au cours des dernières années, est un des pays les plus touchés par le coronavirus avec plus de 710'000 cas déclarés et plus de 30'000 morts, pour une population de 33 millions d'habitants.

ats, afp

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