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Procès d'un agriculteur accusé d'avoir assassiné deux personnes

Accusé d'avoir assassiné deux hommes, pour une sombre histoire de vente de tracteurs, un agriculteur de Sorens (FR), âgé de 33 ans, encourt une peine pouvant aller jusqu'à la prison à vie (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Accusé d'avoir assassiné deux hommes, pour une sombre histoire de vente de tracteurs, un agriculteur de Sorens (FR), âgé de 33 ans, encourt une peine pouvant aller jusqu'à la prison à vie (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 06.02.2023


Accusé d'avoir assassiné deux hommes en mars 2020, pour une histoire de vente de tracteurs, un agriculteur de Sorens (FR), âgé de 33 ans, est jugé ce lundi jusqu'à mercredi devant le Tribunal pénal de la Gruyère. Le prononcé du jugement est attendu le 1er mars.

Quatre coups de feu tirés, des victimes, deux Macédoniens du Nord résidant de longue date dans le canton de Vaud, un père et un fils, âgés de respectivement 47 ans et 23 ans, qui tentent de s’enfuir en rampant avant d’être jetés dans une fosse à purin: l’acte d’accusation du Ministère public plante crûment le décor.

Selon les experts psychiatres mentionnés dans le document de 13 pages, le prévenu présente un profil tout à fait normal. Il était donc parfaitement conscient de ses actes au moment de les commettre et les juges ne lui accorderont aucune diminution de responsabilité en fixant sa peine, qui pourra aller jusqu’à la prison à vie.

Pas d'antécédents

L'individu présente néanmoins une "immaturité affective", une "estime de soi altérée" et une "impulsivité dans le sens d’une difficulté à appréhender les conséquences de ses actes", ou encore "un manque d’empathie et des difficultés à exprimer ses émotions". Mais pas de trouble de la personnalité, indique l'acte d'accusation.

L'agriculteur, qui ne s’était jamais distingué auparavant par des comportements violents, est prévenu d'assassinat, d'atteinte à la paix des morts et d'escroquerie. Les faits se sont déroulés dans le chalet de l'Obecca, sur les hauts de Marsens, mais sur la commune de Sorens, dans la région du lac de la Gruyère.

L'accusé avait minutieusement préparé son affaire le 24 mars 2020. Les corps des victimes étaient emballés dans un filet à foin lesté au moyen d’un couvercle de bouche d’égout. Ils portaient des blessures infligées avec un fusil de chasse, mais aussi des traces de coups portés au visage avec le canon et la crosse de l’arme.

Pas de livraison

En début d'après-midi, après avoir organisé les lieux du crime à venir, l'agriculteur avait regagné l'exploitation qu'il gérait avec son père. Le soir, les deux Macédoniens du Nord sont venus pour exiger la livraison de trois tracteurs que celui-ci leur avait vendus ou, à défaut, le remboursement des 34'000 francs versés.

Le prévenu n'avait toutefois nullement l'intention de livrer les engins, dont deux ne lui appartenaient même pas d'ailleurs. Il ne possédait pas davantage l'argent liquide, consacré à acquérir un cheval pour son amie, un véhicule destiné au transport de la bête. Et, pièce maîtresse, un fusil de chasse, appelé à servir au crime.

Avant de rallier le lieu de rendez-vous, l'accusé avait placé l’arme, chargée, dans son pick-up. Aux poursuites, l'exploitation familiale endettée à hauteur de 1,5 million, il avait aussi établi une fausse quittance mentionnant qu’il avait remboursé 35'000 francs à ses futures victimes et que celles-ci lui devaient 25'000 francs.

Dîner tranquille

Lors du guet-apens, le prévenu affirme avoir expliqué aux deux Macédoniens du Nord qu’il n’avait plus leur argent. Le père l’aurait agressé en tenant des propos menaçants envers sa compagne. C'est là que le Sorensois s'est saisi de son arme avant de faire feu. Le fils était encore en vie lorsqu’il a été plongé dans la fosse à purin.

Après son forfait, l'agriculteur a rejoint Sorens, où il a mangé tranquillement avec son amie. Le lendemain, il a travaillé normalement. Aucun témoin entendu pendant l'instruction n’a signalé la moindre nervosité, notamment quand des proches des victimes se sont présentés chez lui pour demander des comptes.

L'accusé leur a répondu que celles-ci n'avaient pas honoré le rendez-vous de la veille, en affirmant même être leur créancier. En revanche, quand la police a sonné à sa porte, en disposant déjà d’un important faisceau d’indices, dont la localisation des téléphones portables des victimes, il n'a mis guère de temps à avouer son acte.

ats

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