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Protestation conter le Premier ministre tchèque

Les Praguois sont descendus dans la rue pour s'opposer à leur Premier ministre Andrej Babis. © KEYSTONE/EPA/MARTIN DIVISEK
Les Praguois sont descendus dans la rue pour s'opposer à leur Premier ministre Andrej Babis. © KEYSTONE/EPA/MARTIN DIVISEK


Publié le 17.11.2018


Les protestations contre le Premier ministre milliardaire tchèque Andrej Babis ont dominé samedi les commémorations à Prague du 29e anniversaire de la "Révolution de velours" anti-communiste. M. Babis est accusé d'avoir détourné des fonds européens.

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans plusieurs endroits de Prague pour exiger la démission de M. Babis. Le Premier ministre est mis en examen pour un détournement de fonds européens présumé lors de la construction en 2007-2008 d'un complexe hôtelier de luxe "Nid de Cigogne".

Les détracteurs du Premier ministre lui reprochent aussi son appartenance au parti communiste et sa collaboration présumée - qu'il nie - avec la police secrète communiste StB, avant 1989.

"Il est inadmissible qu'un homme poursuivi en justice et collaborateur de la StB soit Premier ministre", a lancé Mikulas Minar, responsable d'une ONG organisatrice de l'une des manifestations. Selon une estimation de l'AFP, elle a rassemblé environ 20'000 personnes sur la Place de la Vieille Ville. "Démission!", "Honte!", ont scandé les protestataires.

Le fils filmé

L'affaire a pris une nouvelle tournure lundi suite à un reportage explosif de deux journalistes du site d'informations www.seznamzpravy.cz, ayant enregistré en Suisse un entretien avec le fils de M. Babis, à l'aide d'une caméra cachée.

Andrej Babis jr, qualifié par son père de "psychiquement malade", y affirme avoir été conduit "contre son gré" en Crimée, annexée par la Russie depuis 2014, par des collaborateurs du Premier ministre. Remontant à 2017, cette opération aurait eu pour but de le tenir à l'écart de l'enquête sur l'abus présumé de subventions européennes.

M. Babis a annoncé samedi qu'il était parti pour la Suisse, afin de rencontrer son fils. Dimanche soir, il devrait se prononcer à l'antenne d'une télévision privée tchèque.

Un bouquet de fleurs qu'il a déposé dans la nuit sur un lieu de mémoire de la "Révolution de velours" de 1989, a été jeté aux ordures par des Praguois, samedi à l'aube.

Motion de censure

Les partis d'opposition ont lancé une motion de censure contre le gouvernement, qui pourrait être soumise au vote du Parlement le 23 novembre. L'opposition ne dispose cependant pas de suffisamment de voix pour faire tomber le cabinet.

Les sociaux-démocrates CSSD, alliés du mouvement populiste ANO de M. Babis au sein du gouvernement minoritaire, n'ont toujours pas décidé s'ils allaient continuer ou non de le soutenir.

M. Babis bénéficie de l'appui du président Milos Zeman. Ce dernier a fait savoir qu'il le renommerait si le Parlement votait une motion de censure contre lui. M. Babis selon qui les révélations de son fils sont des "mensonges" a affirmé vendredi qu'il ne démissionnerait "jamais".

Vaclav Havel

Le 17 novembre 1989, une répression brutale par la police communiste d'une manifestation estudiantine paisible à Prague a donné lieu à une série de protestations à l'échelle nationale ayant conduit à la chute du régime communiste et à l'élection du dramaturge-dissident Vaclav Havel à la présidence.

ats, afp

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