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Carles Puigdemont peut être remis à Madrid pour malversations

L'ancien président indépendantiste catalan Carles Puigdemont a été arrêté fin mars dans le nord de l'Allemagne (archives) © KEYSTONE/EPA/MARKUS HEINE
L'ancien président indépendantiste catalan Carles Puigdemont a été arrêté fin mars dans le nord de l'Allemagne (archives) © KEYSTONE/EPA/MARKUS HEINE


Publié le 12.07.2018


L'indépendantiste catalan Carles Puigdemont, retenu en Allemagne en raison d'une demande de remise espagnole, peut être extradé. Il ne pourra toutefois pas y être jugé pour "rébellion" comme le voulait Madrid, a tranché jeudi la justice allemande.

Cette décision aux allures de jugement de Salomon d'un tribunal du Schleswig-Holstein (nord) a en effet jugé "recevable" la seule accusation de détournement de fonds publics. Le parquet allemand a précisé qu'il allait dès lors décider "sous peu" de sa remise aux autorités espagnoles sur la base de ce seul motif.

L'ex-président de la Catalogne destitué par Madrid "reste libre" cependant dans l'intervalle, poursuit la cour. Il est en Allemagne depuis son interpellation en mars dans le Schleswig-Holstein alors qu'il revenait d'un déplacement en Finlande, en voiture, en route pour la Belgique où il s'était installé pour échapper à la justice de son pays.

"Nous nous battrons jusqu'au bout"

"Nous nous battrons jusqu'au bout et gagnerons !", a réagi l'intéressé sur Twitter peu après que la justice ait ouvert la voie à son retour en Espagne contre son grès.

Poursuivi pour rébellion et malversations en raison du référendum d'indépendance catalan organisé à l'automne 2017, M. Puigdemont a été brièvement incarcéré en Allemagne. Il a ensuite été libéré dans l'attente d'une décision sur la recevabilité des motifs du mandat d'arrêt européen émis par Madrid à son encontre.

La décision du tribunal porte donc un coup aux chefs d'accusations espagnols, car elle empêche un procès pour rébellion: "la cour part du principe que le tribunal espagnol respectera (la décision allemande) et qu'il ne poursuivra pas l'accusé Puigdemont pour rébellion en plus de l'accusation de corruption".

"Aberrant"

Mais la décision allemande n'est pas pour autant une victoire pour l'indépendantiste qui s'estime victime de poursuites politiques. M. Puigdemont réclamait dès lors qu'une fin de non-recevoir soit opposée aux autorités espagnoles.

"Il est aberrant de porter (une telle accusation) contre l'Etat espagnol, membre de la communauté de valeur et de l'espace juridique de l'Union européenne", a asséné le tribunal, laminant les arguments du Catalan. Les avocats de M. Puigdemont ont dès lors critiqué la décision rendue lundi.

"Nous sommes convaincus que l'Allemagne ne doit pas prendre part à la criminalisation d'un comportement démocratique (ndlr, l'organisation d'un référendum) et qu'elle ne doit pas se mêler de querelles explosives internes à l'Espagne. Nous allons sous peu décider de la marche à suivre", ont commenté dans un communiqué trois avocats allemands du leader catalan.

"Tromperies et mensonges"

Le successeur de M. Puigdemont à la tête du gouvernement catalan, Quim Torra, a de son côté assuré que la décision de la justice allemande "démontre une fois de plus les tromperies et les mensonges de poursuites judiciaires qui n'auraient jamais dû être entamées".

Au total, 25 dirigeants séparatistes catalans sont inculpés pour leur rôle dans la tentative de sécession de l'Espagne du 27 octobre, le jour du vote par le parlement catalan d'une vaine déclaration unilatérale d'indépendance. Parmi eux, treize sont accusés de rébellion. Neuf d'entre eux sont en détention provisoire et quatre se sont enfuis à l'étranger comme Carles Puigdemont.

ats, afp

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