La Liberté

Raid dans les locaux du journal Apple Daily, 5 arrestations

Ryan Law, le rédacteur en chef d'Apple Daily, figure parmi les cinq personnes arrêtées. © KEYSTONE/AP
Ryan Law, le rédacteur en chef d'Apple Daily, figure parmi les cinq personnes arrêtées. © KEYSTONE/AP
Ryan Law, le rédacteur en chef d'Apple Daily, figure parmi les cinq personnes arrêtées. © KEYSTONE/AP
Ryan Law, le rédacteur en chef d'Apple Daily, figure parmi les cinq personnes arrêtées. © KEYSTONE/AP


Publié le 17.06.2021


La police de Hong Kong a arrêté jeudi cinq responsables du journal pro-démocratie Apple Daily, dont son rédacteur en chef. Cela lors de la seconde perquisition en moins d'un an de la salle de rédaction de ce quotidien dans le viseur des autorités.

Ces arrestations, au nom de la drastique loi sur la sécurité nationale, sont l'ultime coup porté contre le journal du magnat Jimmy Lai, actuellement en détention pour avoir participé en 2019 à certaines manifestations pro-démocratie.

Plus de 500 policiers ont pris part jeudi au petit matin à cette opération en lien avec des articles publiés par l'Apple Daily "appelant à des sanctions" contre Hong Kong et les dirigeants chinois, selon la police.

C'est la première fois que le contenu d'un article donne lieu à des arrestations en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée l'an passé par Pékin.

La liberté ne tient "qu'à un fil"

Dans un message adressé à ses lecteurs, Apple Daily, a affirmé que la liberté de la presse ne tient plus "qu'à un fil" à Hong Kong, mais que tous les membres du journal "resteront debout et déterminés".

Le syndicat des journalistes du tabloïd a qualifié cette descente de "violation gratuite de la liberté de la presse" qui "témoigne de la manière dont le pouvoir de la police s'est accru dans le cadre de la loi".

Actifs saisis, une première

Les cinq dirigeants ont été arrêtés "pour collusion avec un pays étranger ou avec des éléments externes visant à mettre en danger la sécurité nationale". Selon le commissaire principal Steve Li, leurs fonctions font qu'ils sont "responsables du contenu, du style et des règles en matière de reportage".

La police a également annoncé que 18 millions de dollars de Hong Kong (2 millions d'euros) d'actifs détenus par Apple Daily ont été gelés en vertu de la loi sur la sécurité nationale. Il s'agit de la première saisie d'actifs d'une entreprise de presse réalisée sur le territoire.

Le ministre hongkongais de la Sécurité John Lee a refusé de dire quels articles enfreignaient la loi sur la sécurité ou si les personnes qui les ont partagés sur internet, ont acheté l'Apple Daily ou ses actions sont passibles de poursuites.

"Cela ne vise pas la liberté de la presse", a-t-il affirmé. "Nous ciblons une conspiration qui menace la sécurité nationale et des journalistes qui à travers leur travail se livreraient à des faits menaçant la sécurité nationale".

"Créer un climat de terreur"

Le journal a diffusé en direct sur Facebook des vidéos montrant la perquisition au sein de la salle de rédaction. Parmi les personnes arrêtées, le rédacteur en chef Ryan Law et le PDG Cheung Kim-hung ont été conduits dans le bâtiment avec les mains attachées dans le dos.

A l'issue du raid, des journalistes sont retournés dans la salle de rédaction, mise à sac. D'après eux, la police a emporté 38 ordinateurs, ainsi que des disques durs et des carnets de notes.

Un photographe du journal a estimé qu'il s'agissait de "créer un climat de terreur pour tous les employés de l'Apple Daily". "Mais si on m'arrête pour avoir voulu témoigner de l'actualité, je n'aurai aucun regret", a-t-il assuré.

Echanges d'actions suspendus

La Bourse de Hong Kong a annoncé dans la foulée la suspension des échanges d'actions de Next Digital, le groupe de médias de M. Lai.

En un an, le climat politique s'est considérablement dégradé dans l'ancienne colonie britannique avec la répression implacable du mouvement pro-démocratie de 2019. L'instrument privilégié de cette répression de toute dissidence est la loi sur la sécurité nationale, qui prévoit des peines de prison à vie.

L'Apple Daily avait apporté un soutien indéfectible à ce mouvement et Pékin n'a jamais caché son désir de faire rentrer ce journal dans le rang, ou au moins d'étouffer sa voix.

Jusqu'à jeudi, les autorités n'avaient jamais touché aux actifs du journal et il est impossible de savoir si Apple Daily restera en mesure de payer ses salariés. "Nous ferons tout notre possible pour publier des journaux demain", a déclaré Lam Man-chung, un rédacteur en chef qui ne faisait pas partie des personnes arrêtées.

ats, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11