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Rare visite du roi après le massacre qui a tué 24 enfants

Au lendemain de la tuerie en Thaïlande, les parents endeuillés se sont recueillis devant la crèche, déposant des fleurs. © KEYSTONE/AP/Sakchai Lalit
Au lendemain de la tuerie en Thaïlande, les parents endeuillés se sont recueillis devant la crèche, déposant des fleurs. © KEYSTONE/AP/Sakchai Lalit
Au lendemain de la tuerie en Thaïlande, les parents endeuillés se sont recueillis devant la crèche, déposant des fleurs. © KEYSTONE/AP/Sakchai Lalit
Au lendemain de la tuerie en Thaïlande, les parents endeuillés se sont recueillis devant la crèche, déposant des fleurs. © KEYSTONE/AP/Sakchai Lalit


Publié le 07.10.2022


Le roi de Thaïlande Maha Vajiralongkorn s'est rendu vendredi dans la province de Nong Bua Lamphu (nord). Cette visite exceptionnelle scelle une journée de recueillement après le choc de la tuerie qui a fait 36 morts, dont 24 enfants, principalement dans une crèche.

Il s'agit d'une très rare interaction directe avec ses sujets pour Rama X, dont la figure est sacralisée dans le pays. Le monarque âgé de 70 ans est arrivé vers 21h20 locale (17h20 en Suisse) dans un hôpital de Nong Bua Lamphu où sont soignés les blessés de l'une des pires attaques qu'ait connue le royaume, a constaté un journaliste AFP présent sur place.

"Il n'y a jamais eu d'incident comme celui-ci ici avant. La raison du roi de nous rendre visite est de remonter le moral du peuple thaïlandais", a déclaré Yonnapha Sriphanthabutr, 58 ans, l'une de la cinquantaine de personnes venues l'attendre.

Chèques de compensation

Le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha a déposé durant l'après-midi des fleurs blanches devant le portail d'entrée de la crèche, où sanglotaient les proches des victimes.

"Je vous fait part de mes condoléances", a-t-il déclaré, avant de distribuer des chèques cartonnés géants de compensations, d'un montant de 110'000 bahts soit environ 3000 euros.

Les parents endeuillés s'étaient recueillis plus tôt devant la crèche, une simple maison à l'aspect bien entretenu qui ne laisse pas deviner que l'une des pires tueries du pays y a eu lieu la veille.

Une mère sous le choc s'agrippe à la couverture de son enfant disparu et tient dans la main son biberon de lait à moitié rempli.

Certains enfants étaient âgés de seulement deux ans, comme le petit Kamram dont la mère Panita, 19 ans, est inconsolable. "C'est incompréhensible" souffle-t-elle, sa fille de 11 mois dans les bras.

"J'ai été très choquée et effrayée. Je ne pouvais pas dormir, je ne pensais pas que ce serait mes deux petits-fils", âgés de trois ans, dit leur grand-mère Buarai Tanontong, 51 ans, cramponnée à l'épaule de sa fille.

"Je ne peux toujours pas accepter ce qui s'est passé. L'assaillant, de quoi ton coeur est-il fait?", a écrit sur Facebook Seksan Srirach, le mari d'une institutrice enceinte de leur enfant et tuée à la crèche.

Massacre

Un ancien policier armé d'un pistolet 9 mm et d'un long couteau a tué jeudi 36 personnes, dont 24 enfants - 21 garçons et 3 filles -, dans un périple meurtrier qui a débuté dans une crèche du district de Na Klang vers 12h30 (08h30 suisses).

Il a ensuite pris la route et essayé de renverser des passants, jusqu'à se rendre à son domicile, "pas loin" de la crèche, selon la police. Il y a tué sa femme et leur garçonnet, puis s'est donné la mort, avant 15h00, soit trois heures environ après le début de la tuerie.

Vendredi après-midi, de petits cercueils blancs et violets étaient transportés par camion vers un temple bouddhiste où seront observés les rites funéraires avant crémation.

Après ce massacre "horrible", Prayut Chan-O-Cha a ordonné l'ouverture d'une enquête et demandé au chef de la police "d'accélérer les investigations".

Les premiers éléments fournis brossent le portrait d'un assaillant, âgé de 34 ans, en proie à des problèmes d'addiction aux stupéfiants qui lui ont fait perdre en juin dernier son poste au sein de la police.

Méthamphétamine

"Tout le monde connaissait le tireur. C'était un type sympa mais plus tard, nous savions tous qu'il prenait de la meth", a expliqué Kamjad Pra-intr, une habitante venue soutenir les familles.

Des prélèvements sanguins sur le tireur n'ont pas révélé la présence de drogues dans son corps, a indiqué vendredi Damrongsak Kittiprapat, le chef de la police nationale.

"Il a eu une dispute avec sa femme" avant son coup de sang, a-t-il poursuivi, précisant que "rien d'irrégulier" n'avait été détecté dans son comportement lorsqu'il était apparu devant le tribunal le matin même du drame pour répondre aux accusations de détention de drogue.

Le responsable a aussi indiqué que son couteau avait été "sa principale arme" lorsqu'il a attaqué la crèche.

Ce n'est pas la première fois que la Thaïlande est endeuillée par une tuerie de cette ampleur. En février 2020, une fusillade perpétrée par un officier de l'armée avait fait 29 morts, notamment dans un centre commercial de Nakhon Ratchasima (Est).

Le drame de Na Klang rappelle l'étendue des problèmes liés à la drogue dans le royaume où les prix de gros et de vente sont tombés à des niveaux historiquement bas en raison de l'abondance de l'offre, selon les données publiées en 2021 par l'ONU.

La province rurale de Nong Bua Lamphu se trouve près du "triangle d'or", aux confins de la Birmanie et du Laos, considéré depuis des décennies comme le point central de la production de stupéfiants dans la région.

ats, afp

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