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Ratissage de Raqa en ruines après l'éviction de l'EI

Quelque 350 djihadistes se sont rendus aux forces arabo-kurdes ces derniers jours à Raqqa. © KEYSTONE/AP Furat FM
Quelque 350 djihadistes se sont rendus aux forces arabo-kurdes ces derniers jours à Raqqa. © KEYSTONE/AP Furat FM
Au lendemain de la prise de Raqa, les Forces démocratiques syriennes (FDS) s'assurent "qu'il n'y a plus de cellules dormantes" dans la ville. © KEYSTONE/AP Hawar News Agency
Au lendemain de la prise de Raqa, les Forces démocratiques syriennes (FDS) s'assurent "qu'il n'y a plus de cellules dormantes" dans la ville. © KEYSTONE/AP Hawar News Agency


Publié le 18.10.2017


Des combattants syriens ratissaient mercredi la ville dévastée de Raqa. Ils recommandaient aux civils de ne pas y retourner dans l'immédiat, au lendemain de la prise de ce principal fief en Syrie du groupe djihadiste Etat islamique (EI).

Malgré la chute de Raqa, la "capitale" de facto de l'EI dans le pays en guerre, l'alliance de combattants arabes et kurdes appuyée par Washington était encore à la recherche de djihadistes cachés dans les tunnels ou immeubles de la cité septentrionale. Les Forces démocratiques syriennes (FDS) s'assurent "qu'il n'y a plus de cellules dormantes", a affirmé leur responsable de presse Mustefa Bali.

"Le déminage et la réouverture des principales artères de la ville se poursuit", a-t-il précisé, et "ce n'est qu'après la fin de ces opérations que nous allons annoncer la libération officielle" de la ville. Le porte-parole a mis en garde contre un retour précipité des civils qui avaient fui en masse la ville bombardée pendant plus de quatre mois.

"Pathétique"

La perte de Raqa, ville emblématique du règne de la terreur imposé par l'EI, est un revers majeur pour l'EI. Son "califat" autoproclamé en 2014 est en train de s'écrouler.

La ville était d'autant plus symbolique qu'elle aurait servi de centre de planification pour des attentats meurtriers dans le monde entier. Le groupe "était dans le passé soi-disant tout-puissant, aujourd'hui il est pathétique et une cause perdue", a tweeté l'émissaire américain auprès de la coalition internationale dirigée par Washington, Brett McGurk.

Malgré l'annonce de la chute de Raqa, le sort des dizaines de djihadistes étrangers qui seraient restés jusqu'à la fin de la bataille demeure un mystère. "Certains se sont rendus, d'autres sont morts", a affirmé Talal Sello, un porte-parole des FDS, sans plus précision. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les djihadistes étrangers se sont rendus pour la plupart et sont aux mains des renseignements occidentaux pour certains.

La coalition internationale a indiqué que les djihadistes qui s'étaient rendus ont été "interrogés". Son porte-parole, le colonel Ryan Dillon, a indiqué qu'environ 350 combattants de l'EI s'étaient rendus lors "des dernières 96 heures", évoquant "quatre djihadistes étrangers" parmi eux.

Ville ravagée

Après avoir annoncé la prise de Raqa, les combattants des FDS ont envahi l'emblématique rond-point d'Al-Naïm, où l'organisation djihadiste menait ses décapitations. Tout autour, une ville ravagée par plus de quatre mois de combats et de bombardements aériens. Pendant cette période, les combats ont fait 3250 morts, selon l'OSDH.

Depuis des mois, l'EI subit revers après revers. En Syrie, le groupe est encore présent, en nombre restreint, dans le centre et dans la périphérie sud de Damas. Son dernier bastion est désormais la province de Deir Ezzor (est), frontalière de l'Irak.

Les FDS ont d'ailleurs annoncé mercredi qu'elles allaient redéployer leurs combattants vers la ligne de front sur laquelle se trouvent les djihadistes de l'EI dans la province de Deir Ezzor, a dit un porte-parole. La victoire enregistrée à Raqa a eu un "effet positif", car les combattants des FDS peuvent désormais mener des missions de sécurité intérieure.

Situation dramatique à Idleb

Dans le nord de la Syrie, le Croissant-Rouge turc a tiré la sonnette d'alarme sur la situation humanitaire à Idleb. Il a estimé qu'un "drame" se déroulait dans cette province où 800'000 personnes vivent dans des camps de fortune.

De nombreux Syriens déplacés par la guerre avaient gagné cette province. Dans les camps, ceux-ci "ne peuvent rien produire et dépendent de l'aide extérieure", a souligné M. Kinik.

La province d'Idleb est en grande partie contrôlée par Tahrir al-Cham, une coalition djihadiste. L'armée turque y a déployé la semaine dernière des troupes pour instaurer une "zone de désescalade". Selon M. Kinik, "une fois que les groupes terroristes auront été chassés d'Idleb", l'aide humanitaire pourra "atteindre toutes les zones à l'intérieur" de la province.

ats, afp

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