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RDC: Kabila renonce à la présidentielle, ses adversaires crient victoire

Au pouvoir depuis l'assassinat de son père en janvier 2001, le président Kabila n'a pas fait part de son choix lors d'une réunion des cadres de sa majorité mardi soir dans sa résidence de Kingakati, dans la banlieue de Kinshasa (archives). © KEYSTONE/AP/Frank Franklin II
Au pouvoir depuis l'assassinat de son père en janvier 2001, le président Kabila n'a pas fait part de son choix lors d'une réunion des cadres de sa majorité mardi soir dans sa résidence de Kingakati, dans la banlieue de Kinshasa (archives). © KEYSTONE/AP/Frank Franklin II
Josphe Kabila a désigne son dauphin pour l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (archives). © KEYSTONE/AP/JEROME DELAY
Josphe Kabila a désigne son dauphin pour l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (archives). © KEYSTONE/AP/JEROME DELAY
Joseph Kabila renonce à se présenter à la présidentielle (archives). © KEYSTONE/AP/JEROME DELAY
Joseph Kabila renonce à se présenter à la présidentielle (archives). © KEYSTONE/AP/JEROME DELAY
Joseph Kabila, 47 ans, est au pouvoir depuis l'assassinat de son père en 2001. Il a été élu en 2006 et réélu dans la contestation en 2011 (archives). © KEYSTONE/AP/JOHN BOMPENGO
Joseph Kabila, 47 ans, est au pouvoir depuis l'assassinat de son père en 2001. Il a été élu en 2006 et réélu dans la contestation en 2011 (archives). © KEYSTONE/AP/JOHN BOMPENGO


Publié le 08.08.2018


Le président congolais Joseph Kabila ne briguera pas un troisième mandat lors de l'élection présidentielle prévue le 23 décembre. Il a désigné mercredi un candidat à sa succession, une première dans ce pays qui n'a jamais connu de transition pacifique.

Le choix de M. Kabila s'est porté sur l'ex-ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, le chef du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), originaire comme lui de l'est du pays swahilophone.

Cette décision constitue un acte de défi de la part de M. Kabila, son dauphin désigné étant sous le coup de sanctions de l'Union européenne pour violation des droits de l'homme, dont des répressions meurtrières contre des opposants.

Manifestations meurtrières

M. Ramazani Shadary, 57 ans, a été ministre de l'Intérieur du 20 décembre 2016 à février 2018, lors d'une période de fortes tensions liées au maintien de M. Kabila au-delà de la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel. Il était en poste lors la répression des trois marches catholiques anti-Kabila en début d'année qui ont fait une quinzaine de morts.

"M. Emmanuel Ramazani Shadary, notre candidat, est catholique pratiquant", a insisté le porte-parole du gouvernement Lambert Mende en annonçant le choix de M. Kabila. Le comité laïc de coordination (CLC), proche de l'Eglise catholique, avait annoncé trois journées d'action à partir de dimanche si M. Kabila devait se présenter.

M. Ramazani Shadary avait quitté le ministère de l'Intérieur il y a quelques mois pour occuper le poste de "secrétaire permanent" du PPRD. Les nouveaux statuts du parti prévoient la création d'un poste de président devant revenir à M. Kabila. S'il quitte le pouvoir début 2019, M. Kabila, 47 ans, sera aussi sénateur à vie, selon la Constitution.

Candidature unique de l'opposition ?

L'annonce faite mercredi met fin à des années de spéculations pour savoir si M. Kabila allait briguer un troisième mandat malgré la limite fixée à deux par la Constitution. Son retrait est de nature à apaiser les craintes de nouvelles violences dans ce pays où la transition du pouvoir s'est souvent faite dans le sang.

Dans l'attente du choix du président, l'opposant Félix Tshisekedi a déposé sa propre candidature mardi. Deux autres adversaires du président Kabila ont fait de même les jours précédents: l'ex-chef rebelle Jean-Pierre Bemba et l'ex-président de l'Assemblée nationale Vital Kamerhe.

Tous trois envisagent à terme une candidature unique de l'opposition pour cette élection présidentielle à un tour. Un autre opposant, Moïse Katumbi, originaire de l'est comme M. Kabila, a été empêché de rentrer en RDC en passant par la Zambie.

Satisfaction

L'opposition a salué une "victoire" dans la décision du chef de l'Etat. "Pour la première fois, un peuple d'Afrique centrale est parvenu à empêcher un chef d'Etat puissamment soutenu par les forces armées de modifier la Constitution et l'a forcé à quitter le pouvoir", s'est félicité un porte-parole de la coalition de M. Katumbi.

"Nous avons gagné une bataille importante, mais la lutte continue: celle pour une vraie alternance et des élections où voter ne sera pas une formalité (...), avec la certitude que le résultat reflète ce choix souverain", a renchéri le mouvement citoyen pro-démocratie Lutte pour le changement (Lucha).

L'organisation Human Right Watch (HRW) a de son côté qualifié la décision de M. Kabila "d'étape cruciale", mais a encouragé la communauté internationale à maintenir la pression sur Kinshasa.

"Nous sommes encore très loin d'un processus électoral crédible, et beaucoup de choses peuvent se passer d'ici décembre, y compris des délais supplémentaires", avance HRW. L'élection prévue le 23 décembre a été reportée à deux reprises.

Les "partenaires" étrangers suivent de près la situation dans l'immense RDC, que les diplomates perçoivent comme un risque d'instabilité régionale. Première productrice mondiale de cobalt, exportatrice de cuivre, la RDC figure malgré ses richesses minérales parmi les pays les plus pauvres d'Afrique.

ats, afp, reu

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