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Réactions contrastées aux frappes occidentales en Syrie

"Nous soutenons le fait que nos alliés américains, britanniques et français (...) aient pris leurs responsabilités", a dit Angela Merkel. © KEYSTONE/AP MoD/CPL L MATTHEWS
"Nous soutenons le fait que nos alliés américains, britanniques et français (...) aient pris leurs responsabilités", a dit Angela Merkel. © KEYSTONE/AP MoD/CPL L MATTHEWS
Le Centre syrien de recherche scientifique a été touché par les bombardements de la nuit. © KEYSTONE/AP/HASSAN AMMAR
Le Centre syrien de recherche scientifique a été touché par les bombardements de la nuit. © KEYSTONE/AP/HASSAN AMMAR


Publié le 14.04.2018


"Mission accomplie!" Donald Trump a salué samedi la réussite des frappes menées par Washington, Paris et Londres contre le régime syrien. Ses alliés se sont aussi félicités, alors que le régime de Damas, Moscou et Téhéran ont dénoncé une "agression" ou un "crime".

Le président américain a salué sur Twitter une frappe "parfaitement exécutée", dont "le résultat n'aurait pu être meilleur". "Mission accomplie!", a-t-il lancé - comme son prédécesseur George W. Bush en 2003, annonçant, de manière prématurée, la fin de la guerre en Irak.

"Nous avons frappé avec succès chaque cible", a ajouté le Pentagone, estimant que le programme chimique syrien "mettra des années à s'en remettre", mais sans pouvoir garantir que le régime de Bachar al-Assad "ne sera pas en mesure de le reconstituer".

"L'objectif a été atteint", a renchéri le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, rappelant que "le but de cette opération, c'était de détruire les outils chimiques clandestins du régime". A Londres, la Première ministre britannique Theresa May a assuré que les frappes envoyaient un "message clair" contre l'usage des armes chimiques.

"Agression" dénoncée

Mais Damas, ainsi que ses alliés russe et iranien auxquels Donald Trump a aussi lancé une mise en garde, a vivement protesté contre les frappes occidentales. M. Assad a dénoncé une "agression" qui ne fait que "renforcer" sa "détermination à continuer de lutter et d'écraser le terrorisme", terme par lequel il désigne les rebelles.

A Damas, les frappes ont galvanisé les partisans du régime. Au lever du soleil, plusieurs dizaines d'entre eux se sont rassemblés sur la place des Omeyyades, arborant des drapeaux syriens, chantant et dansant à la gloire de Bachar al-Assad.

"Insulte à Poutine"

Vladimir Poutine a, lui aussi, critiqué "un acte d'agression à l'encontre d'un Etat souverain", en rappelant que les frappes occidentales ont été menées "sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU, en violation de la Charte des Nations unies, des normes et principes du droit international".

L'ambassadeur russe à Washington, Anatoli Antonov, est allé plus loin en affirmant que ces frappes revenaient à "insulter le président russe". En Iran, le guide suprême Ali Khamenei a qualifié les dirigeants américain, français et britannique de "criminels".

La Chine s'est dite "constamment opposée à l'usage de la force dans les relations internationales". Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a appelé les Occidentaux à "revenir dans le cadre du droit international et à résoudre la crise par le dialogue et la négociation".

Badgad a, pour sa part, estimé que ces frappes "offraient au terrorisme une opportunité de se développer après avoir été détruit en Irak et largement repoussé en Syrie".

Soutien aux occidentaux

Les trois puissances occidentales ont reçu le soutien de l'Arabie saoudite, du Qatar mais aussi de la Turquie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s'est plusieurs fois affiché avec ses homologues russe et iranien, a salué une réponse "appropriée" aux "attaques inhumaines" de Damas.

L'Union européenne, comme l'Allemagne et de nombreux autres pays membres, a, elle aussi, promis de "se tenir aux côtés de ses alliés du côté de la justice". "Le régime syrien ne peut continuer cette tragédie humaine", a assuré le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Solution politique

Après l'utilisation d'armes chimiques "odieuses", la communauté internationale doit "identifier et demander des comptes" aux responsables et la Syrie a besoin d'une "solution politique négociée" à travers le processus de Genève de l'ONU, a dit le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Face au "danger" d'une "escalade militaire totale", le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a, de son côté, appelé à la "retenue".

La Suisse a également appelé l'ensemble des Etats à "des mesures de désescalade" - "une priorité absolue", selon elle. Berne demande aux différentes parties "de créer les conditions pour l’aide humanitaire en faveur des victimes du conflit".

ats, afp, reu

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