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Réchauffement pas responsable de la famine à Madagascar (étude)

La partie sud de Madagascar est frappée par une sécheresse inédite en plusieurs décennies, qui a précipité plus d'un million de personnes dans une malnutrition aiguë (archives). © KEYSTONE/AP/Alice Rahmoun
La partie sud de Madagascar est frappée par une sécheresse inédite en plusieurs décennies, qui a précipité plus d'un million de personnes dans une malnutrition aiguë (archives). © KEYSTONE/AP/Alice Rahmoun


Publié le 02.12.2021


Contrairement aux déclarations de l'ONU, le réchauffement climatique n'a joué qu'un rôle minime dans la famine qui frappe le sud de Madagascar, estime une étude publiée jeudi. Elle met en cause la pauvreté et la variabilité naturelle du climat.

La partie sud de l'île de l'océan Indien est frappée par une sécheresse inédite en plusieurs décennies, qui a précipité plus d'un million de personnes dans une malnutrition aiguë. En juin, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait qualifié cette crise de première famine due au réchauffement climatique provoqué par les activités humaines.

Mais ce n'est pas ce que dit la science, selon l'étude du World Weather Attribution, réseau de scientifiques pionniers en matière d'attribution des événements extrêmes au changement climatique. Lors des deux dernières moussons (2019-2020 et 2020-2021), la quantité de pluie a été inférieure de 60% à la normale dans le Grand Sud de Madagascar.

Un tel déficit de pluie pendant 24 mois consécutifs (juillet 2019 à juin 2021) a chaque année une chance sur 135 de se produire, selon les estimations du WWA. Mais en se basant sur les observations et les modèles climatiques, la probabilité qu'un tel événement se produise "n'a pas augmenté de manière significative" en raison du réchauffement, assurent les chercheurs.

Compatibles avec le GIEC

Ces résultats sont compatibles avec l'évaluation du groupe d'experts sur le climat de l'ONU (GIEC) publié en août. Ce rapport indique qu'à Madagascar, l'augmentation prévue des sécheresses sous l'influence du réchauffement ne devrait intervenir qu'à partir de +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Or, pour l'instant, le monde a gagné environ 1,1°C.

"Nos résultats ne sont pas surprenants [...] J'ai été plus surprise par le fait que l'ONU l'ait étiquetée famine causée par le changement climatique", indique à l'AFP Friederike Otto, de l'université d'Oxford.

L'étude pointe du doigt comme responsables de cette famine une sécheresse liée au hasard des variations climatiques naturelles et la vulnérabilité d'une des populations les plus pauvres au monde.

Dans une région où la pluie est vitale pour l'agriculture de subsistance et le pastoralisme, "il est difficile pour les communautés locales de faire face à toute sécheresse prolongée", note l'étude.

ats, afp

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