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Retraites: le gouvernement dévoile son projet de loi

Le gouvernement a dévoilé deux projets de loi de réforme des retraites alors que les manifestants étaient à nouveau nombreux dans les rues jeudi et qu'une réunion est prévue vendredi à Matignon. © KEYSTONE/AP/BC
Le  gouvernement a dévoilé deux projets de loi de réforme des retraites alors que les manifestants étaient à nouveau nombreux dans les rues jeudi et qu'une réunion est prévue vendredi à Matignon. © KEYSTONE/AP/BC


Publié le 10.01.2020


Confronté à cinq semaines de grève et des manifestations jeudi, le gouvernement français a transmis aux partenaires sociaux deux projets de loi contenant sa réforme des retraites. Ils sont peu susceptibles d'amadouer les syndicats toujours mobilisés.

L'exécutif libéral, pressé de dévoiler ses cartes pour sortir d'un conflit social interminable, a précisé le contenu de sa réforme, qui contient toujours un âge "pivot", fixé à 64 ans, et un système de décote/surcote par rapport à l'âge légal maintenu à 62 ans.

Ces deux textes gravent dans le marbre de la loi une règle "obligeant" à prévoir l'équilibre financier du futur système "universel" de retraite par points, mais aussi un "âge d'équilibre".

Mentionné au moins 39 fois

Or, ce point de la réforme est vivement contesté par les syndicats modérés, dont la CFDT, pourtant favorables au principe général de la réforme. "Si l'âge pivot reste dans la loi, c'est non, c'est clair", a averti jeudi le secrétaire général du premier syndicat français, Laurent Berger.

"'Je retire la mesure d'âge pivot' doivent être les mots du Premier ministre", a renchéri son homologue de l'Unsa, Laurent Escure. Or l'âge d'équilibre est mentionné au moins 39 fois dans le projet de loi ordinaire.

Cet âge pivot sera instauré dès 2022, à moins d'une "délibération" différente avant septembre 2021 entre partenaires sociaux (syndicats et patronat) siégeant au sein de la future caisse nationale de retraite universelle, qui sera créée le 1er décembre 2020, selon ces textes.

"Conférence de financement"

En début de semaine, le Premier ministre Edouard Philippe avait tendu la main à la CFDT en proposant une "conférence de financement", suggérée par M. Berger. Il a invité les partenaires sociaux vendredi pour en parler.

L'Etat s'engage aussi dans le projet de loi ordinaire, comme l'avait promis le gouvernement, à revaloriser les traitements des enseignants et des chercheurs, que la réforme des retraites pourrait pénaliser.

Les mesures contenues dans ces deux textes ne semblent toutefois pas de nature à convaincre les syndicats qui exigent le retrait pur et simple de la réforme, CGT et FO en tête.

Ils ont rassemblé jeudi 452'000 manifestants dans toute la France, selon le ministère de l'Intérieur, dont 56'000 à Paris. Une mobilisation supérieure à celle du 10 décembre, mais en deçà de celles du 17 et surtout du 5 décembre, au premier jour du mouvement, d'après les autorités.

Trafic toujours perturbé

Les syndicats les plus hostiles à la réforme ont toutefois peiné jeudi soir à donner une suite à leur mouvement. Après plus de quatre heures de réunion, ils ont exprimé le souhait de faire de mardi 14 janvier une "journée de grèves et de convergence interprofessionnelles", et annoncé des initiatives déclinées "sous toutes les formes" mercredi 15 et jeudi 16, en espérant des "manifestations massives" auparavant, samedi 11.

En attendant, le trafic ferroviaire devrait encore être perturbé vendredi, avec 60% des trains régionaux et 80% des trains à grande vitesse en circulation, selon la SNCF, la société publique des chemins de fer français.

Les grèves se poursuivent également dans d'autres secteurs, notamment chez les avocats ou dans les raffineries, ainsi que dans l'Education nationale, et la Tour Eiffel était à nouveau fermée.

Les projets de loi dévoilés jeudi doivent être présentés en Conseil des ministres le 24 janvier et examinés par l'Assemblée nationale (chambre basse) à partir du 17 février.

ats, afp

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