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Moins de manifestants et de violence en France: impasse maintenue

La France connaît mardi une 10e journée de manifestations (archives). © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
La France connaît mardi une 10e journée de manifestations (archives). © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
La France connaît mardi une 10e journée de manifestations (archives). © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
La France connaît mardi une 10e journée de manifestations (archives). © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
Des milliers de tonnes d'ordures, qui servent de combustibles à des groupes de casseurs le soir, défigurent toujours la capitale française après plus de trois semaines de grève des éboueurs. © KEYSTONE/AP/Thomas Padilla
Des milliers de tonnes d'ordures, qui servent de combustibles à des groupes de casseurs le soir, défigurent toujours la capitale française après plus de trois semaines de grève des éboueurs. © KEYSTONE/AP/Thomas Padilla
Des milliers de tonnes d'ordures, qui servent de combustibles à des groupes de casseurs le soir, défigurent toujours la capitale française après plus de trois semaines de grève des éboueurs. © KEYSTONE/AP/Thomas Padilla
Des milliers de tonnes d'ordures, qui servent de combustibles à des groupes de casseurs le soir, défigurent toujours la capitale française après plus de trois semaines de grève des éboueurs. © KEYSTONE/AP/Thomas Padilla
Les manifestants étaient deux fois moins nombreux à Paris que la semaine passée, selon les syndicats. Peut-être la crainte des violences. © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
Les manifestants étaient deux fois moins nombreux à Paris que la semaine passée, selon les syndicats. Peut-être la crainte des violences. © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
A Nantes, aussi, forces de l'ordre et une partie des manifestants étaient aux prises mardi. © KEYSTONE/AP/Jeremias Gonzalez
A Nantes, aussi, forces de l'ordre et une partie des manifestants étaient aux prises mardi. © KEYSTONE/AP/Jeremias Gonzalez
Les manifestants étaient deux fois moins nombreux à Paris que la semaine passée, selon les syndicats. Peut-être la crainte des violences. © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
Les manifestants étaient deux fois moins nombreux à Paris que la semaine passée, selon les syndicats. Peut-être la crainte des violences. © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
A Nantes, aussi, forces de l'ordre et une partie des manifestants étaient aux prises mardi. © KEYSTONE/AP/Jeremias Gonzalez
A Nantes, aussi, forces de l'ordre et une partie des manifestants étaient aux prises mardi. © KEYSTONE/AP/Jeremias Gonzalez


Publié le 28.03.2023


La dixième journée de manifestations mardi contre la réforme des retraites en France a été marquée par une fréquentation et des violences en repli, malgré un climat général très tendu et un dialogue dans l'impasse entre l'exécutif d'Emmanuel Macron et les syndicats.

Le ministère de l'Intérieur a évalué à 740'000 le nombre de personnes ayant marché contre la réforme des retraites, dont 93'000 à Paris. Le 23 mars, lors de la précédente journée de mobilisation, ils étaient plus d'un million sur tout le territoire, dont 119'000 dans la capitale.

Le syndicat CGT a de son côté fait état de 2 millions de manifestants, contre 3,5 millions jeudi dernier. A Paris, ils étaient 450'000 mardi, contre 800'000 manifestants il y a cinq jours, de même source.

Moins peuplées, les marches étaient également moins violentes, quand des affrontements brutaux étaient craints après ceux ayant opposé samedi manifestants et force de l'ordre dans une région rurale du centre de la France sur fond d'hostilité à un projet de retenue d'eau.

A Paris, les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser un groupe de casseurs, dont certains, vêtus de noir et visages masqués, ont pillé un commerce et allumé un feu de poubelles, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les forces de l'ordre ont tiré des grenades de gaz lacrymogène pour "disloquer" "le bloc" et permettre "l'intervention des pompiers", a-t-elle ajouté.

D'autres incidents se sont produits place de la Nation lors de la dispersion de la manifestation vers 19h00 avec des jets de pavés et bouteilles sur les forces de l'ordre qui ont tiré de nombreuses grenades lacrymogène en retour.

A 20h30, le calme était revenu sur la place, où il ne restait plus que quelques dizaines de manifestants.

En début de soirée, la préfecture de police a fait état de 55 interpellations.

Au moins cinq personnes ont été prises en charge par les secours trois blessés ont été pris en charge par des "street medics" (secouristes volontaires), ont constaté des journalistes de l'AFP.

Quelque 49 personnes ont été interpellées à Nantes (ouest), où une agence bancaire a été incendiée et le tribunal administratif visé, et six à Rennes (ouest), où de nombreuses dégradations ont eu lieu, selon les autorités.

Echauffourées

Même scénario à Lyon où des commerces ont été vandalisés et où la préfecture a décidé de l'usage du canon à eau. 15 personnes ont été interpellées.

A Lille, c'est aussi en fin de parcours, que des incidents ont éclaté entre forces de l'ordre et certains manifestants. Les premières ont utilisé deux canons à eau et tiré des gaz lacrymogènes avant de charger pour disperser des manifestants lillois, après l'arrivée du cortège.

Jets de projectiles, usages de gaz lacrymogène par les forces de l'ordre, dégradations ont également été recensés à Bordeaux, Calais, Dijon ou Caen.

A Strasbourg, quelques centaines de jeunes manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre, particulièrement dans le quartier étudiant de la Krutenau. Des vitrines de banques ont été brisées, comme au moins une dizaine d'abribus.

A Besançon, des heurts ont opposé environ 150 manifestants à la police. La préfecture a rendu "hommage aux cadres syndicaux qui se sont interposés pour empêcher" que les manifestants mettent le feu à la porte de la préfecture.

L'opposition à cette réforme emblématique du second quinquennat d'Emmanuel Macron, qui retarde l'âge de départ de 62 à 64 ans, s'est radicalisée depuis que le gouvernement a fait passer le texte sans vote à l'Assemblée, s'exposant à des motions de censure qui ont échoué le 20 mars à le renverser.

De nombreux policiers, gendarmes, casseurs et manifestants ont depuis été blessés et des bâtiments publics incendiés, avec notamment des petits groupes de casseurs opérant de nuit.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé un "dispositif de sécurité inédit" mardi avec "13'000 policiers et gendarmes, dont 5500 à Paris".

Et le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a assuré que l'exécutif était "le rempart à la violence illégitime", tout en rejetant une proposition des syndicats de recourir à une "médiation".

Les syndicats français ont appelé mardi soir à une onzième journée de "grève et de manifestations" le jeudi 6 avril, avec une nouvelle grande journée de grève et de manifestations partout dans le pays.

"On a l'impression que peu importe ce que l'on fait, rien ne change", regrette Suzanne 21 ans, étudiante interviewée par l'AFP à Lyon (centre-est). "Ils nous poussent à bout, mais ne nous auront pas à l'usure".

Perturbations

Parallèlement, les blocages, piquets de grèves et manifestations continuent depuis des jours, perturbant l'approvisionnement en carburant de certaines régions françaises et certains axes routiers ou dépôts logistiques.

La circulation des trains était fortement perturbée mardi. Et l'aviation civile a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une partie de leurs vols jeudi et vendredi, notamment à Paris-Orly, en raison de la grève des contrôleurs aériens.

Plus de 15% des stations-service de France étaient lundi à court d'essence ou de gazole, particulièrement dans le sud, l'ouest et la région parisienne.

A Paris, la Tour Eiffel et l'Arc de Triomphe sont fermés pour cause de grève, tout comme le château de Versailles.

Et des milliers de tonnes d'ordures, qui servent de combustibles à des groupes de casseurs le soir, défigurent toujours la capitale française après plus de trois semaines de grève des éboueurs. Mais les syndicats ont annoncé la "suspension" de leur mouvement à partir de mercredi.

"Nul besoin de médiation"

Tout en restant inflexible sur la réforme, le gouvernement clame sa volonté d'"apaisement". La première ministre Elisabeth Borne a ouvert lundi trois semaines de consultations, avec les parlementaires, les partis politiques, les élus locaux et les partenaires sociaux.

Elle a invité les syndicats à une rencontre "lundi ou mardi" prochain, a indiqué le secrétaire général du syndicat CFDT Laurent Berger. L'invitation adressée aux huit organisations de l'intersyndicale, consultée par l'AFP, propose trois créneaux lundi, mardi, ou mercredi pour "un entretien" avec la première ministre, sans autre précision.

Les syndicats, qui ont mis en garde contre un dérapage incontrôlé de la contestation, n'entendent pas renoncer sur l'âge de départ à la retraite, clé de voûte de leurs mots d'ordre, qui rassemblent régulièrement des centaines de milliers de personnes depuis janvier.

Le leader de la centrale réformiste CFDT Laurent Berger, qui réclame une "pause", dans cette réforme, a demandé mardi à l'exécutif de mettre en place une "médiation" pour "trouver une voie de sortie". "La France ne se mène pas à coups de trique", a de son côté prévenu Jean-Luc Mélenchon, le héraut de la gauche radicale.

"Nul besoin de médiation", a rétorqué le porte-parole du gouvernement, qui se dit prêt à négocier sur tout un tas de sujets liés au travail. Il estime cependant que la réforme est passée et que son sort est entre les mains du Conseil constitutionnel.

A noter dans les cortèges un plus grand nombre de jeunes, notamment mobilisés sur la question des violences policières, dont certaines ont été largement partagées sur les réseaux sociaux. Le Conseil de l'Europe a critiqué un "usage excessif de la force".

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sera auditionné à l'Assemblée nationale sur la "gestion du maintien de l'ordre" dans les jours qui viennent, a d'ailleurs indiqué une source parlementaire

ats, afp

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