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Site nucléaire à nouveau bombardé

Un navire quitte le port d'Odessa chargé de 66'000 tonnes de céréales. © KEYSTONE/AP/Nina Lyashonok
Un navire quitte le port d'Odessa chargé de 66'000 tonnes de céréales. © KEYSTONE/AP/Nina Lyashonok


Publié le 07.08.2022


Le site de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, a été pour la deuxième fois en un peu plus de 24 heures la cible de frappes ce week-end, tandis que quatre nouveaux cargos chargés de céréales ont quitté des ports ukrainiens.

Comme à la suite des précédents bombardements de vendredi sur ces installations situées dans le sud de l'Ukraine et tombées début mars aux mains des soldats russes, les deux belligérants se sont mutuellement accusés dimanche de les avoir attaquées.

Les autorités d'occupation de la ville d'Energodar, où se trouve la centrale de Zaporijjia, ont ainsi affirmé que l'armée ukrainienne avait tiré dans la nuit de samedi à dimanche un engin à sous-munitions avec un "lance-roquettes multiple Ouragan".

Zone de stockage touchée

"Les éclats et le moteur de la roquette sont tombés à 400 mètres d'un réacteur en marche", ont-elles poursuivi, ajoutant que cette frappe avait "endommagé" des bâtiments administratifs et touché "une zone de stockage de combustible nucléaire usagé".

Parallèlement, la compagnie d'Etat ukrainienne Energoatom a annoncé qu'un des employés sur place avait dû être hospitalisé pour des "blessures causées par l'explosion" d'une des roquettes tirées "samedi soir" par les Russes.

"Trois détecteurs de surveillance des radiations autour du site de la centrale ont été endommagés (...). Par conséquent, il est actuellement impossible de détecter" une éventuelle hausse de la radioactivité et donc d'"intervenir en temps utile", a-t-elle ajouté.

"De plus en plus alarmant"

"Le terrorisme nucléaire russe exige une réponse plus forte de la communauté internationale - des sanctions contre l'industrie nucléaire russe et son combustible nucléaire", a réagi le chef de l'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky, après avoir évoqué ces derniers événements avec le président du Conseil européen Charles Michel.

L'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) avait quant à elle jugé samedi "de plus en plus alarmantes" les informations en provenance de la centrale de Zaporijjia, dont l'un des réacteurs a dû être arrêté après l'attaque de la veille.

Les autorités ukrainiennes avaient accusé les Russes d'avoir effectué trois frappes vendredi sur ce site.

Moscou avait de son côté assuré que des obus ukrainiens l'avaient touché.

"Tout bombardement de ce site est un crime éhonté, un acte de terreur", avait martelé vendredi soir le président Zelensky.

Au moment de la prise de la centrale, les militaires russes y avaient ouvert le feu sur des bâtiments, au risque d'un accident nucléaire majeur.

Quatre navires de plus

Dans le cadre des rotations régulières pour ravitailler les marchés agricoles entamées cette semaine en vertu d'accords récemment signés à Istanbul par les belligérants, quatre navires supplémentaires chargés de céréales ont quitté dimanche le sud de l'Ukraine.

Ce convoi, le deuxième depuis vendredi, "vient de partir des ports d'Odessa et de Tchornomorsk", avec "environ 170'000 tonnes de marchandises liées à l'agriculture", a déclaré le ministère ukrainien des Infrastructures.

Le cargo transportant le premier chargement de grains exporté par l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février - qui avait pris la mer lundi - n'accostera en revanche pas dimanche au Liban comme cela était prévu.

Le blocage de millions de tonnes de céréales du fait de la guerre a provoqué une envolée des prix alimentaires dans les pays les plus pauvres et suscité la crainte d'une crise alimentaire mondiale.

Au moins cinq civils tués

De l'est au sud de l'Ukraine, les opérations militaires se sont poursuivies ce week-end, faisant au moins cinq morts dans la population ukrainienne.

Ainsi, samedi, "les Russes ont tué cinq civils" dans la région orientale de Donetsk, a révélé son gouverneur Pavlo Kirilenko.

Toujours dans l'est, "l'armée russe a tenté d'attaquer dans la direction de Sloviansk, mais a battu en retraite" et continue d'attaquer en direction de Bakhmout, selon l'état-major des forces ukrainiennes.

Elle a "bombardé deux quartiers de Kharkiv", dans le nord-est, y détruisant des "infrastructures industrielles", ainsi que, non loin de là, les zones de Bogodoukhiv, d'Izioum et de Tchougouïv, a quant à lui affirmé Oleg Sinegoubov, le gouverneur de la région de Kharkiv.

"Deux personnes ont été hospitalisées, un garçon de 16 ans et un homme de 83 ans. Tous deux ont été victimes de mines", a-t-il encore dit.

Multiple attaques

Deux autres ont été blessées dans des frappes sur Marganets, dans le centre de l'Ukraine, a déploré Valentin Reznitchenko, le gouverneur de la province de Dnipro.

Dans le sud, "les Russes ont attaqué à huit reprises les positions de l'armée ukrainienne dans les régions de Mykolaïv et de Kherson" et "l'armée ukrainienne a effectué neuf frappes aériennes sur des bases russes", a souligné l'état-major.

Un fonctionnaire de l'administration d'occupation russe dans les environs de la ville de Kherson a par ailleurs succombé à ses blessures après un attentat, ont annoncé dimanche les autorités locales nommées par la Russie.

Le même jour, l'ONG Amnesty international a dit regretter la "colère" déclenchée à Kiev par un de ses rapports dans lequel elle reproche aux militaires ukrainiens de mettre en danger des civils, maintenant à nouveau ses conclusions.

Le Kremlin s'est pour sa part félicité d'une petite "victoire" symbolique : la réélection de l'ancien vice-Premier ministre russe Arkadi Dvorkovitch à la tête de la Fédération internationale des échecs (FIDE), à l'issue d'un scrutin dans le contexte du conflit en Ukraine.

ats, afp

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