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Soleimani: l'Iran cible les pays qui abritent des drones américains

L'Iran présidé par Hassan Rohani rend son seulement les Etats-Unis responsables de l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani mais aussi les pays qui abritent des drones américains (archives). © KEYSTONE/EPA/IRANIAN PRESIDENT OFFICE HANDOUT
L'Iran présidé par Hassan Rohani rend son seulement les Etats-Unis responsables de l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani mais aussi les pays qui abritent des drones américains (archives). © KEYSTONE/EPA/IRANIAN PRESIDENT OFFICE HANDOUT


Publié le 09.07.2020


L'Iran estime que les Etats-Unis ne sont pas les seuls responsables de l'assassinat du général Qassem Soleimani, incident qui avait provoqué des tensions entre Washington et Téhéran. Il a dit mardi à Genève que les pays abritant des drones américains sont en cause.

Comme les Etats-Unis, "ils doivent rendre des comptes pour cette attitude illégale et cet acte criminel", a affirmé devant le Conseil des droits de l'homme l'ambassadeur iranien auprès de l'ONU à Genève. Il a ajouté que l'assassinat du chef de l'unité d'élite chargée des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution le 3 janvier était "brutal", "arbitraire" et "illégal".

Dans un rapport publié lundi et présenté jeudi au Conseil, la rapporteuse spéciale de l'ONU contre les exécutions extrajudiciaires et arbitraires avait elle aussi conclu à une exécution "arbitraire" et "illégale". "C'est le premier incident où un gouvernement mentionne la légitime défense pour tuer un responsable d'un autre Etat en dehors d'un conflit", a affirmé jeudi à la presse Mme Callamard.

Cette experte indépendante de l'ONU estime que les Etats-Unis ont violé la Charte des Nations Unies. L'assassinat du général avait provoqué d'importantes tensions entre les deux pays qui avaient pu être apaisées, notamment grâce à l'action de la Suisse, après des représailles iraniennes contre un site militaire américain en Irak. Conséquence de ce climat, un militaire iranien avait aussi abattu par erreur un avion ukrainien près de Téhéran, pensant à un tir de missile et faisant 176 victimes.

Qassem Soleimani avait été tué le 3 janvier dans un raid américain près de l'aéroport de Bagdad. Son lieutenant, l'Irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, leader des paramilitaires pro-Iran dans ce pays, avait également succombé.

"Aucune preuve"

Le président américain Donald Trump avait affirmé le lendemain avoir ordonné l'élimination de Qassem Soleimani. Selon lui, le général iranien préparait des attaques "imminentes" contre des diplomates et des militaires américains. "Aucune preuve n'a été apportée" sur cette menace qui aurait justifié une action, rétorque la rapporteuse spéciale de l'ONU.

La semaine dernière, l'Iran avait lancé un mandat d'arrêt international contre plus de 35 personnes dont M. Trump. Mme Callamard ajoute qu'aucune preuve n'a été donnée qu'une frappe de drone dans un pays tiers était requise, ni que le dommage infligé était proportionné à celui que Washington souhaitait empêcher.

Jeudi, elle s'est alarmée devant l'instance onusienne que davantage de pays s'arment avec des drones et a ciblé le "silence" du Conseil de sécurité de l'ONU et des Etats membres. Au moins 102 Etats bénéficient de ce matériel militaire et environ 40 d'entre eux ont ou sont en train de chercher à avoir des drones armés. En quelques années, une dizaine auraient déployé cet armement, notamment pour perpétrer des assassinats ciblés. Et la rapporteuse spéciale demande des règles pilotées par l'ONU pour les exportations de ces armes.

ats

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