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Sommet Trump-Poutine: déminage à tous les étages à Washington

Souvent sur la défensive, Mike Pompeo n'a pas dissipé toutes les craintes au cours des trois heures d'audition devant la commission des affaires étrangères du Sénat. © KEYSTONE/AP/SUSAN WALSH
Souvent sur la défensive, Mike Pompeo n'a pas dissipé toutes les craintes au cours des trois heures d'audition devant la commission des affaires étrangères du Sénat. © KEYSTONE/AP/SUSAN WALSH


Publié le 26.07.2018


La Maison-Blanche a annoncé mercredi le report du prochain sommet entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine. Initialement envisagée en automne à Washington, la rencontre aura finalement lieu "l'année prochaine".

"Le président pense que la prochaine rencontre bilatérale avec le président Poutine devrait avoir lieu une fois que la chasse aux sorcières sur la Russie sera terminée", a indiqué John Bolton, conseiller à la sécurité nationale, juste avant le début de l'audition sous haute tension du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo devant le Sénat.

Il faisait allusion à l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion entre Moscou et l'équipe de campagne de M. Trump lors de l'élection présidentielle de 2016. Le procureur spécial n'a jamais donné aucune indication de calendrier sur la fin de ses investigations.

Annexion de la Crimée dénoncée

Mike Pompeo a de son côté publié, juste avant son audition, une "déclaration sur la Crimée", dans laquelle Washington "réaffirme" solennellement son "refus de reconnaître" l'annexion de cette péninsule ukrainienne par la Russie en 2014.

Objectif: dissiper l'impression laissée par la conférence de presse, qui avait suivi le sommet américano-russe d'Helsinki le 16 juillet, quand Donald Trump s'était montré incapable de critiquer Moscou, notamment sur la Crimée et le conflit en Ukraine. Le président ukrainien Petro Porochenko a réagi en saluant "une déclaration historique".

Cette double annonce n'a pas empêché des échanges très vifs lors de l'audition du chef de la diplomatie américaine par des sénateurs républicains comme démocrates ulcérés par l'attitude de Donald Trump lors du sommet d'Helsinki.

En toile de fond, le tête-à-tête de deux heures dans la capitale finlandaise avec Vladimir Poutine, en présence seulement des interprètes, objet de toutes les conjectures sur d'éventuelles promesses secrètes faites au président russe.

"Nous ne connaissons pas la vérité". "Les Américains méritent de savoir ce qui s'est passé", a attaqué d'emblée le chef de file de l'opposition démocrate au sein de la commission des affaires étrangères, Bob Menéndez. Il a accusé le milliardaire républicain d'afficher sa "proximité avec nos adversaires".

Pompeo défend un "sommet utile"

L'élu a tenté de mettre en difficulté le secrétaire d'Etat sur le flou qui règne sur les échanges d'Helsinki. "Sénateur, je vais uniquement vous dire aujourd'hui ce dont vous avez besoin pour remplir votre tâche, rien de plus", a sèchement répondu l'intéressé, visiblement agacé par le feu roulant des questions.

"Je vais tenter de rester à l'écart du cirque politique", a-t-il lâché un peu plus tard, tout en assurant à plusieurs reprises avoir eu "un débriefing complet de la part du président Trump".

Sur le fond, Mike Pompeo a défendu un sommet utile entre deux superpuissances nucléaires, qui doivent tenter de s'entendre. Il a aussi tenté de dissiper les principales inquiétudes des parlementaires en affichant sa fermeté face à Moscou.

"J'ai personnellement dit clairement aux Russes qu'il y aurait de graves conséquences pour l'ingérence dans nos processus démocratiques", a lancé le chef de la diplomatie américaine. Il a promis de travailler à de nouvelles sanctions avec le congrès américain, très largement hostile à la Russie.

"Nous avons fait clairement comprendre que la balle est dans le camp russe", a-t-il dit. Selon lui, le président Trump est "bien conscient des défis posés par la Russie".

Souvent sur la défensive, haussant la voix contre les "soliloques politiques" de certains démocrates, Mike Pompeo n'a cependant pas dissipé toutes les craintes au cours de trois heures d'audition, y compris dans son propre camp.

ats, afp

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