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SSR et médias privés prêts à coopérer face au virage numérique

Gilles Marchand, directeur général de la SSR, a appelé tous les acteurs à "un dialogue professionnel sérieux et ouvert malgré une décennie de tensions". © Keystone/PETER KLAUNZER
Gilles Marchand, directeur général de la SSR, a appelé tous les acteurs à "un dialogue professionnel sérieux et ouvert malgré une décennie de tensions". © Keystone/PETER KLAUNZER


Publié le 14.11.2017


Les médias privés et la SSR doivent enfin s'asseoir à une même table pour éviter l'affaiblissement général du secteur. Le directeur général de la SSR Gilles Marchand et le président des éditeurs alémaniques Pietro Supino espèrent des solutions dans les prochains mois.

Lors d'une conférence sur l'avenir des médias à Berne mardi, la SSR et la faîtière des éditeurs Schweizer Medien n'ont pas trop insisté sur leurs divergences de vues concernant la portée du service public et la baisse de la redevance radio-tv. Ils ont surtout reconnu le besoin d'agir ensemble pour préserver les médias à un moment charnière de leur histoire, celui de la transition numérique.

Gilles Marchand a assuré que la SSR va bel et bien devoir "réduire son budget d'environ 150 millions en cinq ans" à cause de la baisse continue des recettes commerciales et le plafonnement de la redevance programmé pour 2019. Le directeur général a appelé tous les acteurs à "un dialogue professionnel sérieux et ouvert malgré une décennie de tensions", car les "collaborations sont possibles".

Et de rappeler que la SSR propose depuis octobre des vidéos d'actualités gratuites aux médias privés, tant que ceux-ci ne les modifient pas et respectent la marque. "Il y a, à ce jour, 23 médias suisses qui ont décidé d'en bénéficier", a annoncé M. Marchand. Et "pas mal de partenariats" ont également été signés pour la reprise très simple des journaux horaires des radios de la SSR.

Renouveau du journalisme

Pietro Supino a de son côté proposé une aide fédérale directe de 100 millions de francs par an aux médias privés. "Elle financerait le journalisme et la recherche dans le domaine, pour développer l'offre et sa qualité." Ce soutien est à préférer à une nouvelle loi sur les médias trop ambitieuse, qui risque de conduire à la surrégulation, menacer l'indépendance journalistique et empêcher l'innovation.

Une étude de Schweizer Medien présentée pour l'occasion et réalisée par l'institut Polynomics à Olten (SO) appuyait ses propos. Elle souligne que les doutes face à l'avenir constituent un terreau pour la créativité et l'innovation. Ces opportunités ne devraient donc pas être bloquées ou freinées par des réglementations, comme ce serait le cas avec une mauvaise loi sur les médias.

L'étude se base sur un scénario à un horizon de 10-20 ans où tout le monde consulterait uniquement les médias sur un écran. Ses auteurs ont débattu de cette vision avec une dizaine d'experts en médias, économistes et scientifiques du monde entier. Pour eux aussi, les hypothèses qui émergent sont plausibles.

Nouveaux "business models"

Dans ce scénario, imprimeries et réseaux de distribution ont disparu, faisant baisser de moitié les coûts de production et de distribution. Les coûteuses infrastructures de diffusion des programmes de radio et télévision ont fait place à Internet. Des plateformes comme Google et Facebook prennent toujours plus d'importance dans la diffusion de contenus journalistiques et de publicités - pour lesquelles la demande croît.

La mutation numérique des médias devrait donner un nouveau souffle au journalisme. La chute des coûts de production et de distribution facilitera l'accès au marché, entraînant une augmentation de la pression concurrentielle. Les nouveaux concurrents y répondront par de nouveaux "business models", une offre diversifiée ainsi que des produits se distinguant par leur qualité.

Outre les financements grâce aux fondations, aux philanthropes ou via le crowd-funding, le numérique va ouvrir des perspectives de financement direct par le public, sur des plateformes dédiées. Les auteurs de l'étude recommandent d'éliminer les obstacles existants pour mieux mettre en place les "business models" du futur, les formes de travail et les sources de financement qui en découlent.

ats

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