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Succession de Juncker: trois prétendants et un non-candidat

"Le monopole du pouvoir est rompu (...) Il y a de l'espace pour des discussions dans les prochains jours", a affirmé la cheffe de fil des Libéraux Margrethe Vestager mentionnant les Verts et les Sociaux-Démocrates comme potentiels partenaires. © KEYSTONE/EPA/OLIVIER HOSLET
"Le monopole du pouvoir est rompu (...) Il y a de l'espace pour des discussions dans les prochains jours", a affirmé la cheffe de fil des Libéraux Margrethe Vestager mentionnant les Verts et les Sociaux-Démocrates comme potentiels partenaires. © KEYSTONE/EPA/OLIVIER HOSLET


Publié le 27.05.2019


Trois prétendants sont entrés en lice dimanche pour succéder à Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission. Une entente semble se dessiner pour tenter de barrer la route au chef de file de la droite et empêcher l'irruption d'un non-candidat.

Les Libéraux sont arrivés en troisième position au scrutin européen. Alors "oui en effet" la formation a le droit de réclamer l'un des postes clés des institutions européennes, affirme leur cheffe de file danoise Margrethe Vestager lancée sur le sujet.

Les deux premiers partis, la droite pro-européenne PPE et les sociaux-démocrates, qui ont perdu leur majorité, ont aussi lancé leurs champions l'Allemand Manfred Weber et le Néerlandais Frans Timmermans dans la course à la présidence du nouvel exécutif. Mais avec la fin du bipartisme, c'est surtout la course aux nouvelles alliances qui est lancée. "Il y a de l'espace pour des discussions", résume la libérale.

L'élu devra être adoubé par la majorité des chefs d'Etat et de gouvernement membres du Conseil européen lors d'un sommet les 20-21 juin. Il devra obtenir ensuite les voix de la majorité des députés européens (376) lors d'un vote prévu au cours de la deuxième session du Parlement à la mi-juillet.

Manfred Weber, le favori de la droite

Manfred Weber, 46 ans, se considère comme le favori, car le Parti populaire européen (PPE, droite) est resté la première force au Parlement à l'issue des Européennes malgré la perte d'une trentaine de sièges.

Originaire de Bavière, ingénieur de formation et membre de la CSU, Manfred Weber est à la tête du groupe parlementaire du PPE depuis 2014. Mais il n'est pas membre du club des anciens dirigeants européens. Pire, il n'a jamais occupé de poste ministériel et il est quasi-inconnu en Europe.

Frans Timmermans, l'espoir de la gauche

Candidat de la famille socialiste européenne, le Néerlandais Frans Timmermans, 58 ans, pourrait contrer les ambitions de Manfred Weber, mais il lui faudrait trouver le soutien d'une coalition constituée sans la droite.

Il a reconnu que ce ne serait pas une tâche facile, car les socialistes ont subi un revers aux Européennes. "Je ne prétends à rien du tout", a-t-il affirmé dimanche soir, avant de plaider pour la constitution d'une majorité "capable de prendre des décisions téméraires".

Ancien ministre des affaires étrangères, il est premier vice-président de la Commission européenne depuis 2014. Dans cette fonction, il est responsable des procédures de sanctions engagées contre la Pologne et la Hongrie pour les violation de l'Etat de droit, ce qui lui vaut de sérieuses inimitiés dans les Etats membres.

Vestager, la dame de fer des libéraux

Membre de l'Alliance des Libéraux, la Danoise Margrethe Vestager, 51 ans, est la troisième prétendante. "Nous pouvons avoir une femme à la tête de la commission", a-t-elle lancé dimanche en plaidant elle aussi pour "une coalition de gens qui veulent changer les choses" après avoir félicité les Verts pour leur ascension.

Commissaire européenne chargée de la concurrence, elle s'est fait une réputation de dame de fer à ce poste. Le président américain Donald Trump l'a surnommée la "tax lady de l'UE". Originaire d'un petit pays, appréciée par Angela Merkel, elle pourrait coiffer ses deux rivaux par élimination ou grâce à une entente avec Frans Timmermans pour évincer Manfred Weber.

Michel Barnier, le recours

Les dirigeants européens pourraient toutefois choisir un non-candidat. Le Français Michel Barnier, 68 ans, rêve de jouer ce rôle. Il n'est pas entré dans la course pour ne pas interférer avec son mandat de négociateur du Brexit.

Membre du PPE, deux fois commissaire européen, ancien chef de la diplomatie et plusieurs fois ministre en France, il a obtenu une place au Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement dont il est l'interlocuteur pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE. Le principal blocage à sa nomination viendra du Parlement européen. "Le PPE ne soutiendra pas un candidat qui ne s'est pas présenté avant le scrutin", a averti Manfred Weber.

ats, afp

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