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Syrie: la commission d'enquête veut la suspension de sanctions

La Commission d'enquête internationale indépendante sur la Syrie présidée par Paulo Sergio Pinheiro a lancé plusieurs recommandations pour une protection urgente de la population (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
La Commission d'enquête internationale indépendante sur la Syrie présidée par Paulo Sergio Pinheiro a lancé plusieurs recommandations pour une protection urgente de la population (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 11.09.2019


La Commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU sur la Syrie demande la suspension des sanctions économiques qui affectent directement la population. Mercredi à Genève, elle a dénoncé de possibles crimes de guerre de groupes armés à Afrine.

La situation sécuritaire a continué à favoriser un environnement pour les violations des droits de l'homme dans la région autour de cette ville contrôlée par ces groupes ou des entités criminelles. Des crimes de guerre d'enlèvements et de torture ont été observés ces derniers mois, relèvent les enquêteurs dans un nouveau rapport. Des indications sur des pillages de sites culturels ont aussi été reçues et font l'objet de vérifications.

Les victimes d'enlèvements "étaient souvent kurdes" ou des personnes considérées comme riches qui pouvaient être extorquées. Parmi elles, deux hommes et un enfant handicapé ont été enlevés en mai dernier alors qu'ils se trouvaient entre Afrine et une autre ville.

Le corps d'un des deux hommes a été retrouvé avec des signes de torture au bout de quelques jours. Une compensation financière a été demandée pour les deux autres personnes qui seront retrouvées décédées et victimes de mauvais traitements plus d'un mois et demi plus tard.

Appel à la coalition

D'autres personnes qui sont rentrées à Afrine ont vu leurs propriétés expropriées par les groupes armés. Certaines ont dû payer pour récupérer leurs biens. Tous ceux qui sont considérés comme opposés aux groupes armés sont ciblés.

Parmi ses recommandations, la commission demande à la coalition menée par les Etats-Unis en soutien aux Forces démocratiques syriennes (FDS) de mener des investigations et de publier les conclusions sur ses offensives dans l'est du pays. Certaines villes et certains villages ont été quasiment détruits entièrement dans les raids contre les derniers bastions de l'Etat islamique (EI).

Cette situation a provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes vers le camp d'al-Hol où celles-ci restent dans des conditions difficiles depuis plusieurs mois. Au moins 390 décès d'enfants dans ce site, en raison de la malnutrition ou de blessures qui n'ont pas été soignées, auraient pu être évités.

Inquiets sur des milliers d'enfants

Plus de 3500 autres à al-Hol pourraient être apatrides, comme ils ne sont pas enregistrés, ou risquent d'être séparés de leurs parents. Le gouvernement est lui prié de protéger les personnes qui reviennent dans les zones qu'il contrôle. Il lui est reproché des arrestations et des détentions arbitraires perpétrées ces derniers mois.

Plus largement, la Commission a voulu établir des recommandations pragmatiques pour une protection urgente de la population marquée par près de neuf ans de guerre. Elle demande notamment la suspension des sanctions qui affectent directement la population. "La communauté internationale dans son ensemble partage la responsabilité" des nombreux crimes en Syrie, estime-t-elle.

ats

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