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"Tchô bonne": Le Matin tire sa révérence en 64 pages

Ci-gît Le Matin. © Le Matin
Ci-gît Le Matin. © Le Matin
Le placard de la dernière édition papier du Matin a été distribué samedi dans les kiosques et affiché sous les caissettes. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Le placard de la dernière édition papier du Matin a été distribué samedi dans les kiosques et affiché sous les caissettes. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 21.07.2018


Sa Une sobre et livide en forme d'avis mortuaire ne laisse place à aucun doute, Le Matin ne se lèvera plus. Le quotidien orange publie samedi son dernier numéro papier avec émotion.

Sur soixante-quatre pages, les membres de la rédaction du Matin offrent à leurs lecteurs leurs derniers scoops, leurs ultimes révélations, leurs papiers finaux. Ils parlent de leurs aventures quotidiennes ou extraordinaires, expliquent l'ADN orange, leurs rencontres inoubliables. Chacun y a mis son grain de sel, affirme Simon Koch, rédacteur en chef adjoint, dans son édito.

En feuilletant cette édition qui s'annonce déjà collector, on rencontre tous les corps de métiers liés au canard: de la production au service photo en passant par les graphistes sans oublier les livreurs et poseurs de manchettes, les kiosques, et bien sûr les journalistes. Eux pour l'occasion ont ajouté à leur signature, leur date d'arrivée au sein du Matin papier. Ce dernier numéro se charge de rappeler d'une croix noire, celle de leur départ.

"C'était vous"

Le rédacteur en chef démissionnaire Grégoire Nappey adresse ses derniers mots à ses collaborateurs. "Vous savez quoi? ce fut un honneur de travailler avec vous. D'aller défendre notre couleur orange lorsqu'elle était attaquée souvent à tort parfois (un peu) à raison".

Le quotidien n'oublie pas non plus de rendre hommage à tous ses lecteurs en publiant huit pages de trombinoscope de quidams. Il imprime aussi une dernière fois les bobines des people et politiques qui ont fait un jour ses gros titres.

L'"Adieu"de Nelson

Le Matin ne sera donc plus que .ch mais son équipe veut en conserver "tout l'esprit", écrit samedi le nouveau rédacteur en chef de la formule numérique Laurent Siebenmann. Ce passage du papier au digital est une volonté de l'éditeur zurichois Tamedia qui affirme que le journal a perdu 34 millions de francs au cours des dix dernières années. Il veut désormais le développer comme "une marque numérique solide avec une rédaction dédiée".

Le quotidien cite également quelques perles sélectionnées suite à son appel pour le texte de l'ultime affichette. Dont "chagrin", la proposition retenue et distribuée samedi sous les caissettes et dans les kiosques. La dernière page se tourne. Et l'endiablé Nelson à la bouille dépitée lâche lui aussi un dernier "Adieu".

Cet ultime numéro a été édité à plus de 80'000 exemplaires, soit le double de son tirage ordinaire, a précisé Grégoire Nappey à Keystone-ATS. Il sera disponible au prix habituel dans les kiosques jusqu'à mardi.

Tourner la page

La presse romande pleure son camarade. "Un dernier soir avec ceux qui fabriquaient "Le Matin", titre 24 heures; "Le Matin tourne la page", écrit La Tribune de Genève; "Le Matin avant le clap de fin", disent La Liberté et ses partenaires. Car plusieurs titres se sont invités dans les dernières séances de rédactions du Matin. Et en cette fin de semaine, ils racontent ce que Le Temps qualifie de "lente agonie".

Le Nouvelliste revient quant à lui sur "l'âge d'or d'un quotidien désormais disparu". Il rappelle que le quotidien orange n'est pas mort seul. Il a emporté avec lui "des millions de mètres carrés de papier, de polémiques, d’enquêtes, de faits divers, de peopoleries, de scandales, d’histoires animalières et de petites annonces bestiales".

"En lieu et place de fleurs"

A l'initiative de ses "petits frères et petites soeurs, les collaborateurs du Matin Dimanche et de Femina, de ses cousins et cousines de 24 heures et de la Tribune de Genève", une annonce mortuaire a été publiée samedi dans six titres romands.

"Le Matin" né "Tribune de Lausanne" en 1893 a été euthanasié à l’aube du 21 juillet 2018, à l’âge de 125 ans, sans mesures palliatives", lit-on à la rubrique nécrologique du Temps, de 24 heures, de la Tribune de Genève, dans La Liberté, Arcinfo et le Nouvelliste. "En lieu et place de fleurs, la famille vous encourage à payer pour l’information".

La Suisse alémanique se montre moins diserte. Quelques lignes dans la NZZ évoquent "la fin turbulente" du quotidien. Elle est également mentionnée en quelques paragraphes dans le Tages Anzeiger et les autres titres de l'éditeur Tamedia.

ats

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