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Tir policier mortel: marche pour la "justice" à Nantes

Plusieurs dizaines de véhicules ont à nouveau été incendiés dans quatre quartiers dits "sensibles" de Nantes (archives). © KEYSTONE/EPA MAXPPP/OUEST-FRANCE/FRANCK DUBRAY
Plusieurs dizaines de véhicules ont à nouveau été incendiés dans quatre quartiers dits "sensibles" de Nantes (archives). © KEYSTONE/EPA MAXPPP/OUEST-FRANCE/FRANCK DUBRAY
Les participants à la marche blanche à Nantes réclament la "vérité" sur la mort d'un jeune, tué lors d'un contrôle policier. © KEYSTONE/AP/MICHEL EULER
Les participants à la marche blanche à Nantes réclament la "vérité" sur la mort d'un jeune, tué lors d'un contrôle policier. © KEYSTONE/AP/MICHEL EULER


Publié le 05.07.2018


"Justice pour Abou": un millier de personnes participaient jeudi soir à une marche blanche à Nantes (ouest de la France) pour réclamer la "vérité" sur la mort d'un jeune, tué lors d'un contrôle policier. Sa mort a enflammé plusieurs quartiers depuis deux jours.

Le policier, auteur du tir mortel, a été placé en garde à vue jeudi "du chef de violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner", a annoncé plus tôt le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès.

Dans le quartier du Breil, "Bavure !!!!" et "Police tue" ont été écrits sur le muret où la voiture conduite par Aboubakar F., 22 ans, s'est encastrée après que le jeune homme eut été touché par le tir. C'est sur ces lieux que les habitants du quartier se sont réunis en fin d'après-midi pour débuter leur marche blanche.

En visite à Nantes plus tôt dans la journée, le Premier ministre Édouard Philippe a exigé "la plus grande transparence" sur les circonstances de la mort du jeune homme. Boubakar F., qui était sous le coup d'un mandat d'arrêt pour "vol en bande organisée", a été tué alors qu'il tentait d'éviter un contrôle policier en effectuant une marche arrière en voiture, selon le procureur de la République.

Versions divergentes

Un policier a alors fait feu une seule fois sur le chauffeur, l'atteignant au cou. Mais à partir de là, les versions divergent. Selon une source proche du dossier, les cinq collègues du policier ont affirmé que le conducteur avait fait une marche arrière à "très vive allure", au point de risquer de renverser deux des quatre enfants qui jouaient sur la chaussée.

Toujours selon eux, l'un des policiers a juste eu le temps de pousser l'un des enfants, de prendre l'autre dans ses bras et de se mettre à l'abri devant le fourgon de CRS. Ces déclarations des policiers n'ont pas été confirmées par le procureur et sont contredites par des habitants du quartier qui disent avoir assisté à la scène.

La mort du jeune homme a très vite provoqué une flambée de violence dans plusieurs quartiers de la ville. Plusieurs dizaines de véhicules ont à nouveau été incendiés dans la nuit de mercredi à jeudi dans quatre quartiers dits "sensibles" de la ville. Sept bâtiments publics ont été brûlés, dont une bibliothèque, une maison de quartier, une mairie annexe, une crèche, et une dizaine de commerces. Le calme a été rétabli à l'aube.

Apaiser la situation

Le Premier ministre a exprimé sa "condamnation la plus ferme" des violences, en précisant que 19 interpellations avaient eu lieu la nuit dernière et que 11 gardes à vue étaient en cours. Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a lui assuré que le gouvernement ferait "tout pour apaiser la situation".

La police a également été la cible des violences: une voiture a été dégradée par un cocktail Molotov dans la cour d'un commissariat dans la banlieue de Nantes, et un impact - possiblement d'un tir de 22 Long Rifle - a été relevé sur le casque d'un policier, qui n'a pas été blessé.

Des incidents ont aussi éclaté à Garges-lès-Gonesse, en région parisienne, d'où le jeune homme était originaire, où des policiers ont été la cible de projectiles et de cocktails Molotov.

ats, afp

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