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TPF: quatre ans de réclusion requis contre un présumé mafieux

Le procureur fédéral Sergio Mastroianni a requis quatre ans de prison au Tribunal pénal fédéral (TPF) de Bellinzone à l'encontre d'un Italien du Seeland (archives). © KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI
Le procureur fédéral Sergio Mastroianni a requis quatre ans de prison au Tribunal pénal fédéral (TPF) de Bellinzone à l'encontre d'un Italien du Seeland (archives). © KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI


Publié le 12.10.2018


Le procureur fédéral Sergio Mastroianni a requis quatre ans de prison vendredi au Tribunal pénal fédéral (TPF) contre un Italien du Seeland. L'homme de 61 ans est accusé de participation à une organisation criminelle mafieuse. La défense a plaidé l’acquittement.

Le dernier jour du procès à Bellinzone contre cet Italien résidant à Longeau près de Bienne, accusé d’appartenir à la ‘Ndrangheta, la puissante mafia calabraise, s’est conclu vendredi par la plaidoirie de la défense qui a plaidé l’acquittement. Auparavant le procureur fédéral avait requis quatre ans de réclusion contre le prévenu, un sexagénaire, marié, père et grand-père.

Le procès qui s'était ouvert le 3 septembre dernier avait été suspendu pour organiser l'audition d'un témoin par vidéo-conférence depuis la Calabre. Celle-ci a eu lieu mardi dernier à la reprise des débats.

Le témoin, un collaborateur de justice qui purge actuellement une longue peine aux arrêts domiciliaires et se trouve être un concitoyen et ami du prévenu, a confirmé l'ensemble de l'acte d'accusation du Ministère public de la Confédération (MPC). Il a cependant précisé que l'inculpé n'est pas un membre affilié de la ‘Ndrangheta, même s’il l’avait toujours "fréquentée de près".

"Un rôle de poids"

Ce n'est pas l'avis du procureur fédéral. Le prévenu, a-t-il dit dans son réquisitoire qui a duré plus de quatre heures, était loin d’être un enfant de chœur. Il avait eu maille à partir avec la justice italienne dans sa jeunesse, avait toujours vécu d’expédients et était bien un membre actif de la mafia calabraise, considérée par certains experts comme la plus puissante au monde.

L’inculpé avait "un rôle de poids dans la cellule de Giussano" (en Lombardie) où il s’occupait notamment, depuis la Suisse, de la fourniture d'armes qui prenaient ensuite le chemin de la Calabre". Le procureur a aussi rappelé les liens étroits de l'accusé avec les autres clans de la ‘Ndrangheta, non seulement en Lombardie mais aussi au Piémont et en Calabre.

M. Mastroianni a repris tous les points de son acte d’accusation, étayés par les déclarations de plusieurs collaborateurs de justice, "une première en Suisse", a-t-il affirmé. Ce qui lui a permis, malgré le silence du prévenu - son "omerta", a dit le procureur -, de parvenir à la conclusion que le Calabrais de Longeau a bel et bien participé en personne aux activités de la ‘Ndrangheta qu’il a soutenu en Suisse.

Et qu’il a aussi assisté aux réunions et aux cérémonies d’affiliations de l’organisation en Lombardie et en Calabre notamment et qu’il a pris part, de 2003 à 2004, à l’opération dite "Crime de Turin". Plusieurs actions sanglantes avaient alors été commises dans cette ville et dans les alentours.

Le procureur a enfin confirmé les accusations de recel pour avoir acheté un pistolet volé, d’infraction à la loi fédérale sur les armes et d’autres délits mineurs. Il a précisé que la requête de peine ne dépasse pas quatre ans en raison de la longue période de temps qui sépare les faits reprochés au prévenu du procès.

"De la pure invention"

Tout autre son de cloche de la part de la défense. Pour Me Costantino Testa, l’accusé a effectivement grandi en étroit contact avec la réalité mafieuse du petit village calabrais dans lequel il est né en 1957. Nombre de ses amis d’enfance sont effectivement devenus des membres actifs de la ‘Ndrangheta et sont actuellement en prison. Mais le fait qu’il les connaisse et les ait fréquentés occasionnellement lors de vacances familiales en Calabre ne fait pas de lui un affilié de l’organisation.

Donc contrairement à ce qu’ont affirmé certains "repentis", son client n’a jamais fourni d’armes à la ‘Ndrangheta, encore moins de la drogue et n’a jamais aidé à l’évasion de certains de ses membres en Suisse. "De la pure invention", a dit l’avocat.

Me Testa a en revanche admis les erreurs de jeunesse commises par son client qui lui ont valu de légères condamnations en Italie. Il a toutefois aussi rappelé ses tentatives de s’en sortir souvent vouées à l’échec et certaines fréquentations malchanceuses qui se sont retournées contre lui.

L’avocat de la défense a entièrement contesté la participation à une organisation criminelle, le recel et, en grande partie, l’infraction à la loi fédérale sur les armes et les munitions. Il a uniquement admis la surveillance armée, dans le canton de Berne, de deux champs de cannabis pour le compte d’un tiers et la possession d’un fusil de chasse. L’avocat a plaidé l’acquittement. La sentence sera rendue ultérieurement.

ats

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