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Triomphe des nationalistes corses aux élections locales

La coalition nationaliste de l'autonomiste Gilles Simeoni (à gauche ) et de l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni (à droite) a gagné une très large victoire au second tour des élections territoriales en Corse. © KEYSTONE/EPA/OLIVIER SANCHEZ
La coalition nationaliste de l'autonomiste Gilles Simeoni (à gauche ) et de l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni (à droite) a gagné une très large victoire au second tour des élections territoriales en Corse. © KEYSTONE/EPA/OLIVIER SANCHEZ


Publié le 10.12.2017


Les nationalistes corses ont remporté une large victoire dimanche lors d'un scrutin local. Ce résultat leur permet de mettre la pression sur Paris pour réclamer davantage d'autonomie pour cette île française de la Méditerranée.

Selon les résultats définitifs, les nationalistes, réunis au sein de la liste Pè a Corsica (Pour la Corse), ont enregistré un score historique, avec 56,5% des suffrages exprimés, qui va leur permettre d'obtenir une large majorité des 63 sièges que comptera la nouvelle assemblée territoriale. Ils occuperont également les 11 sièges du conseil exécutif de l'Île de Beauté, son "mini-gouvernement".

Parmi les autres listes, largement devancées, celle du parti présidentiel d'Emmanuel Macron (12,67%). Seul bémol un électeur sur deux seulement s'est déplacé pour ce scrutin, avec une participation de 52,6%, contre 67% en décembre 2015.

"Quarante ans de lutte"

"Paris a aujourd'hui à prendre la mesure de ce qui se passe en Corse, qui est quelque chose de profond", a cependant réagi le leader autonomiste Gilles Simeoni. Son allié indépendantiste Jean-Guy Talamoni, président de l'assemblée de Corse dans l'ancienne mandature, a ajouté qu'il demanderait "à Paris d'ouvrir très rapidement des négociations".

"Si Paris manifeste à nouveau un véritable déni de démocratie, nous seront contraints de susciter des manifestations populaires en Corse bien sûr mais également de faire le tour des capitales européennes", a averti celui que certains surnomment le "Puigdemont corse" du nom du leader séparatiste catalan,

"C'est 40 ans de lutte qui triomphent ce soir", se réjouissait Anne-Marie Mattei. Avec des centaines d'autres partisans de Pè a Corsica, elle célébrait la victoire dimanche soir devant la mairie de Bastia.

Pour un statut d'autonomie

Si la question de l'indépendance de la Corse n'est pas à l'ordre du jour, les "natios" espèrent bien pouvoir avec cette victoire avancer sur leurs trois principales revendications: amnistie pour les "prisonniers politiques", co-officialité de la langue corse et statut de résident pour combattre la spéculation immobilière dans cette île réputée pour sa beauté.

Il s'agit d'avoir "la dévolution d'un véritable pouvoir législatif et fiscal, reconnu aussi bien par l'Etat que par l'Union européenne", selon le programme de Pè a Corsica. Les "natios" visent l'obtention d'un véritable statut d'autonomie dans les trois ans et sa mise en oeuvre effective dans les 10 ans. Ils attendent déjà de pied ferme la réponse de l'Etat français.

Ces questions sont éminemment sensibles en Corse, qui a été pendant des décennies le théâtre de violences avec plus de 4'500 attentats revendiqués par les militants du Front de libération nationale de la Corse (FLNC). Leur décision, en 2014, de déposer les armes a ramené le calme sur l'île.

ats, afp

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