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Trois hommes jugés à Yverdon pour un accident mortel de chantier

Trois hommes se retrouvent devant la Cour à Yverdon pour avoir tenté de maquiller les circonstances d'un accident sur un chantier. Un homme avait perdu la vie (image d'illustration). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Trois hommes se retrouvent devant la Cour à Yverdon pour avoir tenté de maquiller les circonstances d'un accident sur un chantier. Un homme avait perdu la vie (image d'illustration). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Trois hommes se retrouvent devant la Cour à Yverdon pour avoir tenté de maquiller les circonstances d'un accident sur un chantier. Un homme avait perdu la vie (image d'illustration). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Trois hommes se retrouvent devant la Cour à Yverdon pour avoir tenté de maquiller les circonstances d'un accident sur un chantier. Un homme avait perdu la vie (image d'illustration). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 19.11.2019


Un entrepreneur, son contremaître et son grutier ont fait face à la justice mardi à Yverdon-les-Bains (VD). En 2016, un accident de grue avait coûté la vie à l'un de leurs collègues. Les trois hommes avaient tenté de maquiller les circonstances du drame.

Le Tribunal correctionnel de l'arrondissement de la Broye et du Nord vaudois jugeait ce mardi trois hommes. Un entrepreneur de 60 ans et deux de ses employés: un grutier de 47 ans qui est aussi son neveu et un contremaître de 54 ans. Tous trois sont mis en cause dans un accident de grue sur un chantier fatal à l'un de leurs collègues le 11 octobre 2016 à Villars-le-Grand (VD).

Face à la Cour, les trois hommes, tous Portugais, se sont enfermés dans leurs contradictions en présence du frère et de la mère de la victime, laquelle était "un ami", ont pourtant insisté deux d'entre eux.

Le jour du drame, le contremaître a utilisé la grue, alors qu'il n'était pas titulaire du permis ad hoc. Ce faisant, il a accidentellement fait basculer son lourd chargement mal arrimé sur deux palettes vers leur collègue. Grièvement blessé, l'homme est décédé le soir-même à Berne.

Peu convaincants

Suite à cela, le contremaître, son employeur et le grutier diplômé avaient choisi de faire croire aux policiers que c'est ce dernier qui pilotait la machine lors de l'accident. "C'était mon idée pour me couvrir", a avoué le contremaître.

Les trois hommes affirment toujours que ce grutier était sur le chantier de Villars-le-Grand (VD) lors de l'accident. Les nombreux échanges téléphoniques géolocalisés ayant eu lieu entre eux peu après le drame, et mis à jour entre eux par les enquêteurs, rendent pourtant cette affirmation peu crédible.

"Pourquoi avoir manipulé la grue vous-même si votre grutier était là ?" a lancé le président à l'adresse du contremaître. "Des fois, ça m'arrivait de prendre la grue", s'est borné à répondre l'accusé. L'homme a aussi expliqué que des collègues prenaient parfois la grue sans avoir de permis. "Je l'ai fait moi-même plusieurs fois en deux ans dans cette entreprise. On ne pouvait pas refuser de le faire", a-t-il précisé.

Six infractions en 12 ans

"Mes ordres sont que personne ne touche la grue s'il n'a pas de permis", a contredit l'entrepreneur sans convaincre. Et le sexagénaire d'accuser le frère du disparu d'avoir pris la grue contre ses ordres quelques jours avant le drame et de l'avoir "engueulé pour ça". "Je prends à 100% les mesures pour assurer la sécurité de mes employés", a-t-il aussi affirmé.

La Suva avait pourtant constaté à six reprises entre 2004 et 2016 que dans son entreprise, les ouvriers manipulaient les grues sans permis. A l'époque, un de ses employés l'avait même accusé de forcer ses subordonnés à agir ainsi. "Je ne me rappelle pas d'avoir jamais dit ça", a assuré l'intéressé.

Verdict lundi

Cet entrepreneur est principalement prévenu d'homicide par négligence, de violations des règles de l'art de construire, d'instigation à dénonciation calomnieuse, d'instigation à induction de la justice en erreur et d'instigation à entrave à l'action pénale.

Son contremaître est lui accusé notamment d'homicide par négligence et de dénonciation calomnieuse, d'entrave à l'action pénale et d'instigation à induction de la justice en erreur. Le grutier enfin est poursuivi pour induction de la justice en erreur et entrave à l'action pénale.

Le chef d'accusation d'homicide par négligence est passible de trois années de prison au plus. Le procès se poursuit mardi après-midi et mercredi. Le verdict sera connu lundi.

ats

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