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Trois nouveaux morts sur l'Everest embouteillé

Sept alpinistes sont morts depuis le début de la saison sur l'Everest (image d'illustration). © KEYSTONE/EPA PHURBA TENJING SHERPA/PHURBA TENJING SHERPA / HANDOUT
Sept alpinistes sont morts depuis le début de la saison sur l'Everest (image d'illustration). © KEYSTONE/EPA PHURBA TENJING SHERPA/PHURBA TENJING SHERPA / HANDOUT


Publié le 24.05.2019


Trois nouveaux alpinistes ont péri sur l'Everest, ont annoncé vendredi les autorités et des organisateurs d'expéditions. Ces décès portent à sept le nombre de morts cette saison sur le toit du monde dont la fréquentation croissante crée de dangereux embouteillages.

La haute saison bat actuellement son plein sur la montagne de 8848 mètres, au point que des embouteillages d'alpinistes se forment à proximité du sommet où l'oxygène se raréfie. Entre fin avril et fin mai, la météo offre une courte fenêtre de conditions moins extrêmes et plus propices à l'ascension.

Une Indienne de 52 ans avait atteint jeudi après-midi le sommet, mais elle est décédée tandis qu'elle descendait. Un autre grimpeur indien, âgé lui de 27 ans, a aussi trouvé la mort sur le chemin du retour.

Le jeune homme "était coincé dans l'embouteillage pendant plus de douze heures et était épuisé. Des guides sherpas l'ont ramené au camp 4, mais il a rendu son dernier souffle là-bas", a relaté Keshav Paudel de l'agence Peak Promotion.

De l'autre côté de la montagne, un alpiniste autrichien de 65 ans est mort sur la voie tibétaine, moins fréquentée que la népalaise, a annoncé son organisateur d'expédition.

"Zone de la mort"

Des photos impressionnantes montraient ces derniers jours une longue queue d'alpinistes emmitouflés piétinant en crampons les uns derrière les autres sur l'arête située entre la cime et le col Sud, où se trouve l'ultime campement du versant népalais.

Selon les experts, cet encombrement est dû aussi bien à la multiplication de permis qu'au nombre réduit de fenêtres météo favorables pour monter au sommet cette année. Toutes les expéditions lancent donc l'assaut final les mêmes jours.

A cette altitude extrême, l'oxygène se fait plus rare dans l'atmosphère et les sportifs doivent généralement recourir à des bouteilles d'oxygène pour parvenir au bout de leur ascension. Une altitude supérieure à 8000 mètres au-dessus du niveau de la mer est considérée comme la "zone de la mort".

Rester longtemps dans cette zone "augmente les risques de gelures, de mal des montagnes et même de mort", a expliqué à l'AFP Ang Tsering Sherpa, ex-président de l'Association d'alpinisme du Népal. L'an dernier, cinq personnes avaient perdu la vie sur l'Everest.

Goulets d'étranglement

La libéralisation de l'ascension par les autorités népalaises dans les années 1990 a encouragé le développement d'expéditions commerciales et multiplié les alpinistes sur les parois.

Cette année, le Népal a émis pour la saison de printemps le nombre record de 381 permis, au prix unitaire de 11'000 dollars, selon les dernières données disponibles. Chaque titulaire d'un permis étant accompagné d'un guide, cela signifie qu'environ 750 personnes s'élanceront sur la même voie en quelques semaines.

Au moins 140 autres ont reçu des permis pour escalader l'Everest depuis le flanc nord au Tibet, selon des opérateurs d'expéditions. Au total, le nombre d'alpinistes sur l'Everest pourrait cette année dépasser le record de l'an dernier qui avait vu 807 personnes atteindre le sommet.

"Avec si peu d'opportunités (météo) et tant de permis (...) il est impossible de faire passer tant de gens à travers les goulets d'étranglement notoires des deux côtés", a estimé le blogueur Alan Arnette, réputé pour sa couverture de l'alpinisme.

ats, afp

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