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Trop souillée, l'île paradisiaque de Boracay ferme aux touristes

La police a commencé à patrouiller le long des plages afin de faire respecter le règlement interdisant la baignade en dehors d'une zone précise destinée à cet effet. © KEYSTONE/AP/AARON FAVILA
La police a commencé à patrouiller le long des plages afin de faire respecter le règlement interdisant la baignade en dehors d'une zone précise destinée à cet effet. © KEYSTONE/AP/AARON FAVILA


Publié le 26.04.2018


A grands renforts de policiers lourdement armés, les Philippines ont fermé jeudi pour six mois l'île la plus courue de l'archipel. Victime du tourisme de masse, Boracay est devenue une "fosse septique", d'après les mots du président Rodrigo Duterte.

Île paradisiaque aux eaux jadis cristallines, Boracay subit les contrecoups du surdéveloppement. Sa fermeture controversée doit permettre de nettoyer le site et de construire en particulier des unités de traitement des eaux usées.

D'après le chef de la police régionale Cesar Binag, la fermeture est entrée en vigueur après minuit. Des gardes-côtes étaient en patrouille et des policiers armés de fusils d'assaut étaient déployés aux points d'entrée de l'île minuscule.

Les touristes se sont vu refuser l'accès à bord du ferry qui est le principal moyen de gagner l'île de dix kilomètres carrés située à 300 kilomètres au sud de Manille. "Boracay est officiellement fermée aux touristes. Nous ne fermons pas les établissements, mais les touristes ne peuvent plus venir. Nous mettons en oeuvre la décision du président", a déclaré M. Binag.

Quelque 600 policiers ont été mobilisés pour éviter tout débordement. Sous les yeux ébahis des habitants, des agents se livraient à des exercices de simulation de troubles en tout genre, avec de faux manifestants jetant des bouteilles d'eau et même de faux ravisseurs enlevant des touristes sur une plage de sable blanc.

Interdiction de naviguer

Le président Duterte a ordonné la fermeture en début de mois après avoir qualifié l'île de "fosse septique", accusant les hôtels et les bars de déverser directement leurs eaux usées dans la mer. Selon le ministère de l'Environnement, 195 commerces et 4000 particuliers de l'île ne sont pas connectés aux réseaux d'égouts.

Seuls les 40'000 habitants pouvant produire une carte d'identité pourront durant cette période monter à bord des ferries desservant Boracay. La police a commencé à patrouiller le long des plages afin de faire respecter le règlement interdisant la baignade en dehors d'une zone précise destinée à cet effet.

Les bateaux ont interdiction de naviguer à moins de trois kilomètres de la côte et seuls les habitants sont autorisés à pêcher. Les autorités ont promis de mettre la fermeture à profit pour renforcer les infrastructures de l'île, raser les constructions illégales et nettoyer les déchets résultant d'années de croissance incontrôlée.

Vagues gluantes

La main-d'oeuvre est attirée par le niveau relativement élevé des salaires sur cette île qui a vu le nombre de visiteurs quadrupler depuis 2006 pour atteindre deux millions en 2017. Ces touristes, parmi lesquels un nombre croissant de Chinois et de Coréens, ont injecté l'année passée environ un milliard de dollars dans l'économie de l'archipel.

Boracay était dans les années 1980 un paradis pour routards. Mais le développement provoqué par le tourisme de masse, y compris avec de la restauration rapide sur les plages, n'est pas sans conséquences. Le béton illégal défigure le paysage, dans certains endroits, les vagues sont gluantes et remplies d'algues tandis qu'on trouve ici et là des montagnes de détritus.

ats, afp

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