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Trump et la ville de Chicago aux trousses de Jussie Smollett

L'acteur Jussie Smollett, qui maintient son innocence, a renoncé à réclamer les 10'000 dollars payés pour sa libération sous caution et a effectué quelques heures de travaux d'intérêt général (archives). © KEYSTONE/FR36811 AP/PAUL BEATY
L'acteur Jussie Smollett, qui maintient son innocence, a renoncé à réclamer les 10'000 dollars payés pour sa libération sous caution et a effectué quelques heures de travaux d'intérêt général (archives). © KEYSTONE/FR36811 AP/PAUL BEATY


Publié le 29.03.2019


Criant au "scandale", Donald Trump a annoncé jeudi l'intervention de la justice fédérale après l'abandon des poursuites contre l'acteur Jussie Smollett. Le comédien est soupçonné d'avoir inventé une agression raciste et homophobe.

Le FBI et le ministère de la Justice "vont examiner le cas scandaleux de Jussie Smollett à Chicago", a tweeté de bon matin le président américain. "C'est une honte absolue pour notre pays!", a-t-il martelé dans l'après-midi.

L'objet de son courroux: la décision d'un procureur de l'Illinois d'abandonner toutes les charges pesant contre le comédien noir et ouvertement homosexuel de 36 ans, qui joue un des rôles titres dans la série télévisée "Empire".

Tout aussi révolté par cette décision, le maire de Chicago, Rahm Emanuel, a réclamé à l'acteur le remboursement des frais d'enquête, estimés à 130'000 dollars. Il lui a donné sept jours pour verser cette somme, faute de quoi la mairie engagera des poursuites "selon les moyens légaux à sa disposition".

"Un cercle vicieux"

L'édile démocrate a toutefois appelé Donald Trump à "rester en dehors" de cette affaire. "Vous avez créé cet environnement toxique", a-t-il lancé à l'adresse du président, en lui reprochant de ne pas avoir condamné les suprémacistes blancs après des violences contre des manifestants antiracistes à Charlottesville en 2017.

Jussie Smollett "a cru qu'il pouvait en profiter", a poursuivi le maire en dénonçant un "cercle vicieux". Rahm Emanuel n'en est pas à sa première passe d'armes avec Donald Trump, qui a régulièrement attaqué son bilan sécuritaire. Le magnat de l'immobilier a décrit Chicago, où le trafic de drogues fait de nombreuses victimes, comme une ville "hors de contrôle", lieu d'un "carnage" ou d'un "désastre".

C'est dans le centre de cette ville que Jussie Smollett avait, selon ses dires, été agressé le 29 janvier par deux individus masqués. D'après son récit, ils lui avaient crié des insultes "racistes et homophobes" et avaient fait référence au slogan de campagne de Donald Trump "Make America Great Again" (MAGA, "Rendre sa grandeur à l'Amérique") avant de le frapper.

Ses accusations avaient suscité un vif émoi aux Etats-Unis, où la question des discriminations raciales et sexuelles est très prégnante. Le président républicain avait lui-même dénoncé une "horrible" attaque. Mais la police avait rapidement estimé que Jussie Smollett avait mis en scène cette agression pour faire avancer sa carrière. Sur la base de son enquête, un grand jury avait inculpé l'acteur pour dépôt de fausse plainte, entre autres.

Il clame son innocence

L'avocate du comédien, Tina Glandian, est pour sa part restée stoïque. La possible intervention de la justice fédérale "ne nous inquiète absolument pas", a-t-elle déclaré sur la chaîne NBC. "Nous n'avons rien demandé et, à ma connaissance, rien n'a été fait de répréhensible".

L'acteur, qui maintient son innocence, a renoncé à réclamer les 10'000 dollars payés pour sa libération sous caution et a effectué quelques heures de travaux d'intérêt général, mais il n'a pas passé d'accord avec la justice, a-t-elle redit.

La veille, la procureure du comté de Cook Kim Foxx, qui s'était récusée dans le dossier en raison de contacts avec une personne proche de la famille Smollett, a justifié dans les pages du Chicago Sun-Times la décision de son équipe.

"Une personne sans antécédent judiciaire n'aurait pas été condamnée à de la prison pour une infraction de ce type, même si son dossier a fait les gros titres", a-t-elle expliqué, ajoutant que cela ne signifie pas "que les procureurs le croient innocent".

ats, afp

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