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Trump met fin aux négociations avec les talibans

Donald Trump devait rencontrer dimanche à Camp David des chefs des talibans (archives). © KEYSTONE/AP/ALEX BRANDON
Donald Trump devait rencontrer dimanche à Camp David des chefs des talibans (archives). © KEYSTONE/AP/ALEX BRANDON
Le président afghan Ashraf Ghani a fait savoir par ses services qu'il demeurait "prêt à travailler avec les Etats-Unis et d'autres alliés pour arriver à une paix durable" et déclaré "apprécier les efforts sincères de ses alliés" (archives). © KEYSTONE/EPA REUTERS POOL/DENIS BALIBOUSE / POOL
Le président afghan Ashraf Ghani a fait savoir par ses services qu'il demeurait "prêt à travailler avec les Etats-Unis et d'autres alliés pour arriver à une paix durable" et déclaré "apprécier les efforts sincères de ses alliés" (archives). © KEYSTONE/EPA REUTERS POOL/DENIS BALIBOUSE / POOL


Publié le 08.09.2019


Le président américain Donald Trump a annoncé samedi soir qu'il mettait fin aux "négociations de paix" engagées depuis un an avec les talibans. Elles semblaient pourtant sur le point d'aboutir à un accord historique après dix-huit ans de conflit en Afghanistan.

Les talibans ont réagi et averti les Etats-Unis qu'ils souffriraient "plus que tout autre" après cette décision surprise. Le mouvement rebelle souligne qu'il ne se satisfera de "rien d'autre que d'une fin de l'occupation (...) et poursuivra son djihad pour atteindre ce grand objectif ". Les talibans disent cependant dans le même temps "croire" que Washington reviendra à la table des négociations.

Le président afghan Ashraf Ghani a pour sa part fait savoir par ses services qu'il demeurait "prêt à travailler avec les Etats-Unis et d'autres alliés pour arriver à une paix durable" et déclaré "apprécier les efforts sincères de ses alliés". Kaboul ayant été jusqu'ici tenu à l'écart des négociations, le président a jugé que toute future initiative "devrait être menée par l'Afghanistan et le gouvernement afghan", selon son porte-parole Sediq Sediqqi.

Le président des Etats-Unis a aussi dévoilé qu'il devait initialement rencontrer ce dimanche à Camp David, "séparément" et dans le plus grand "secret", son homologue afghan Ashraf Ghani mais aussi "les principaux dirigeants des talibans".

"Pression à mauvais escient"

Cela aurait été une rencontre sans précédent, à quelques jours qui plus est du 18e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, qui avaient provoqué l'intervention militaire américaine en Afghanistan pour chasser du pouvoir les talibans, accusés de donner refuge à Al-Qaïda. Le seul fait qu'un tel face-à-face ait été envisagé confirme en tout cas la préférence de Donald Trump pour la diplomatie au sommet.

"Ils étaient en route pour les Etats-Unis ce soir", mais "j'ai immédiatement annulé la réunion", a-t-il précisé sur Twitter. "Malheureusement, pour tenter à mauvais escient d'accroître la pression", les talibans "ont reconnu un attentat à Kaboul qui a tué un de nos grands grands soldats et onze autres personnes", a-t-il souligné pour justifier sa décision spectaculaire de "mettre fin aux négociations de paix".

Cet attentat survenu jeudi était le deuxième en quelques jours dans la capitale afghane revendiqué par les insurgés malgré "l'accord de principe" que le négociateur américain Zalmay Khalilzad affirmait avoir conclu avec eux lors des pourparlers de Doha. L'émissaire des Etats-Unis était justement allé présenter ce texte en début de semaine au président Ghani à Kaboul.

"Guerres sans fin"

"Qui sont ces gens qui tuent autant de monde pour soi-disant faire monter les enchères? Ils ont échoué, ils n'ont fait qu'aggraver leur position!", a encore lancé Donald Trump sur Twitter.

"S'ils sont incapables d'accepter un cessez-le-feu durant ces discussions de paix très importantes, et sont en revanche capables de tuer douze innocents, alors ils n'ont probablement pas les moyens de négocier un accord significatif. Pendant combien de décennies encore veulent-ils combattre?", a conclu le milliardaire républicain. Promettant de "mettre fin aux guerres sans fin", il avait donné son feu vert il y a un an à ces négociations directes et inédites avec les talibans.

Un accord était sur le point d'être conclu pour permettre un début de retrait progressif des 13'000 à 14'000 soldats américains en Afghanistan, en échange de garanties contre-terroristes de la part des talibans, d'une "réduction de la violence" et du lancement de négociations de paix directes avec les autorités de Kaboul, ce à quoi les insurgés s'étaient jusqu'ici toujours refusés.

Mise en garde

Mais le gouvernement afghan a exprimé sa "préoccupation" cette semaine sur le projet d'accord, demandant des éclaircissements à Zalmay Khalilzad, qui était donc retourné jeudi à Doha, au Qatar, pour reprendre les tractations avec les talibans.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait initialement dit espérer une entente avant le 1er septembre pour que ces négociations inter afghanes puissent démarrer avant l'élection présidentielle prévue le 28 septembre en Afghanistan.

"J'espère que les talibans vont changer d'attitude et confirmer les engagements qu'ils avaient pris. Au bout du compte, tout cela devra être résolu par le dialogue", a-t-il dit dimanche, appelant à une rencontre directe entre gouvernement afghan et insurgés, qui s'y sont refusés jusqu'ici. "On a besoin d'un engagement significatif" de la part des talibans pour reprendre les discussions.

Et Donald Trump, qui juge de longue date que ce conflit a coûté trop d'argent et de vies humaines aux Etats-Unis, avait clairement fait savoir qu'il voulait battre le rappel des troupes avant de briguer un second mandat en novembre 2020.

ats, afp

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