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Trump remporte la guerre contre la Chine pour l'OMPI à Genève

Il aura fallu plusieurs tours de scrutin pour désigner le prochain directeur général de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) à Genève. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Il aura fallu plusieurs tours de scrutin pour désigner le prochain directeur général de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) à Genève. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Daren Tang explique qu'il souhaite rassembler et rapprocher l'organisation des populations et d'acteurs comme les PME. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Daren Tang explique qu'il souhaite rassembler et rapprocher l'organisation des populations et d'acteurs comme les PME. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 04.03.2020


Donald Trump a remporté la guerre diplomatique contre la Chine pour la direction de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) à Genève. Le Singapourien Daren Tang a été désigné mercredi et devrait être validé par l'Assemblée générale en mai.

Le vainqueur, 47 ans, a obtenu 55 suffrages, contre 28 pour la Chinoise Wang Binying, après deux tours de scrutin la majorité des voix de 83 des membres de l'organisation. La Suisse figurait parmi ces votants. Cette désignation devra être formellement approuvée par l'ensemble des pays de l'institution.

Ces dernières semaines, la lutte entre les Etats-Unis, qui voulaient empêcher l'élection de Mme Wang, et Pékin s'était durcie. Le gouvernement chinois avait accusé Washington de mener une campagne pour "salir" son pays.

Mercredi, les discours officiels étaient plus mesurés. "Ce n'est pas une défaite", a expliqué devant quelques journalistes l'ambassadeur chinois auprès de l'ONU à Genève Chen Xu. "Vous poserez la question à l'ambassadeur américain", a-t-il dit, interrogé sur les pressions américaines pour faire échouer la candidature chinoise.

"Bien sûr que non", a ensuite insisté le représentant Andrew Bremberg. "Il y a eu une vraie campagne électorale", a relevé de son côté le président du groupe des 83 Etats, l'ambassadeur français François Rivasseau qui salue, comme d'autres, un "résultat clair". Et qui, selon lui, est "bon pour le multilatéralisme et pour l'OMPI".

Soutenu par plusieurs régions

M. Tang explique lui déjà qu'il souhaite rassembler et rapprocher l'organisation des populations et d'acteurs comme les PME. Son large succès montre, selon lui, qu'il a pu s'appuyer sur un soutien de toutes les régions, aussi bien de pays riches que de pays en développement, et n'a pas été provoqué par la lutte de deux Etats entre eux.

Mais les Etats-Unis auront réussi leur offensive pour appeler les autres membres à faire désigner le Singapourien. Outre le contenu du mandat dans une institution où le groupe de télécommunications Huawei dépose le plus grand nombre de demandes de brevets internationaux, ils voulaient aussi éviter que la Chine ne contrôle 5 des 15 principales agences onusiennes. Une offensive que Pékin rejetait.

Après un scrutin controversé pour la direction de l'Agence de l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) en 2019, remporté par la Chine, les votes des membres de l'OMPI étaient très observés. Des rumeurs convergentes circulaient sur des photos de certains bulletins prises par des représentants d'Etats pour montrer à Pékin leur allégeance lors de l'élection de l'année dernière.

Election sans problème

Mercredi, le vote "a été très efficace", relève une source diplomatique. Selon elle, il ne faut pas attendre de représailles chinoises dans les prochains mois. L'ambassadeur chinois a d'ailleurs annoncé que son pays continuerait à montrer qu'il souhaite collaborer avec l'institution.

L'OMPI "n'est pas très connue mais très importante pour la stabilité de l'état de droit dans la communauté internationale", estime M. Rivasseau. Et va le devenir encore davantage encore lorsqu'elle devra décider quels droits de propriété s'appliquent à l'intelligence artificielle (IA).

Pour le président américain, cette élection constitue un nouveau succès diplomatique à Genève. S'il est validé, M. Tang, qui dirige le bureau singapourien de la propriété intellectuelle, va remplacer l'Australien Francis Gurry, qui aura achevé deux mandats. Il doit piloter dès début octobre pour six ans l'institution. Il deviendra le premier Singapourien à diriger une organisation à l'ONU.

ats

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