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Ukraine: Cassis dénonce un retour de la politique du plus fort

Ignazio Cassis n'est pas optimiste quant à une fin rapide de la guerre en Ukraine. © KEYSTONE/PETER SCHNEIDER
Ignazio Cassis n'est pas optimiste quant à une fin rapide de la guerre en Ukraine. © KEYSTONE/PETER SCHNEIDER
Ignazio Cassis n'est pas optimiste quant à une fin rapide de la guerre en Ukraine. © KEYSTONE/PETER SCHNEIDER
Ignazio Cassis n'est pas optimiste quant à une fin rapide de la guerre en Ukraine. © KEYSTONE/PETER SCHNEIDER


Publié le 23.02.2023


Un an après l'attaque russe en Ukraine, le monde est devenu multipolaire avec un retour inquiétant de la politique du plus fort, estime Ignazio Cassis. "On observe des puissances régionales qui sont nostalgiques de leur glorieux passé et qui montrent leurs muscles".

"Pour les relations internationales, c'est comme si on vous avait appris une langue et que du jour au lendemain vous deviez en utiliser une autre", ajoute le ministre suisse des affaires étrangères dans un entretien diffusé jeudi par Le Temps. "Il faut se déprogrammer pour se reprogrammer d'une autre manière".

Le début de l'invasion russe, le 24 février 2022, a également eu pour conséquence la paralysie de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du Conseil de l'Europe, note le conseiller fédéral. De plus, "le gendarme mondial de la paix qu'est l'ONU est, lui aussi, actuellement impuissant face à cette guerre".

La Suisse, membre du Conseil de sécurité depuis le début de l'année, fait "tout ce qui est possible" au sein l'ONU, assure le Tessinois. "Mais comme la Russie a le droit de veto, il est presque impossible de faire quoi que ce soit". Résultat, le ministre ne se montre pas optimiste quant à une fin prochaine du conflit, "à moins d'un miracle".

Des négociations à Genève

Malgré un refus de Moscou, la Confédération continue d'offrir ses bons offices pour trouver une issue au conflit, indique encore M. Cassis. "Un jour, cette guerre se terminera par une négociation. Construire la paix est une affaire compliquée qui nécessitera beaucoup de diplomatie".

Il précise que des pourparlers ont lieu à Genève "dans la plus grande discrétion". Ils ne se font "pour l'heure pas au plus haut niveau".

Pour le conseiller fédéral, la Suisse s'est clairement rangée du côté des pays occidentaux en adoptant les sanctions de l'Union européenne (UE) contre la Russie. "Je suis convaincu qu'il s'agissait d'une bonne décision", déclare-t-il dans un entretien diffusé dans les journaux du groupe de presse CH Media.

La violation massive du droit international par la Russie est inacceptable, rappelle M. Cassis. La Suisse va continuer à soutenir l'Ukraine, mais sans s'impliquer militairement, ajoute-t-il. "On peut gagner la guerre de différentes manières: militairement ou avec nos valeurs comme la liberté, la démocratie et la paix".

"Un projet générationnel"

La reconstruction de l'Ukraine va coûter des milliers de milliards de dollars, relève le PLR tessinois. "La Suisse devra également y participer et probablement pas avec des fonds que nous utilisons aujourd'hui dans la coopération internationale".

L'aide suisse doit être une contribution consistante sur plusieurs années, qui va au-delà de l'aide humanitaire actuelle, souligne-t-il. "Il s'agit d'un projet générationnel. Il y aura probablement un plan Marshall international auquel la Suisse participera".

La Suisse a déjà consacré 270 millions de francs pour aider l'Ukraine. Le Conseil fédéral a débloqué mercredi 140 millions de francs supplémentaires. Les livraisons d'armes ne sont toujours pas à l'ordre du jour. "De par notre neutralité, nous ne pouvons pas intervenir sur le plan militaire", rappelle jeudi M. Cassis dans Le Temps.

Ce nouveau plan d'aide suisse à l'Ukraine est jugé insuffisant par le parti socialiste. "La Suisse peut et doit faire plus", déclare la coprésidente du PS Mattea Meyer dans le Blick. "La Suisse doit rechercher plus activement l'argent des oligarques et se pencher sur le commerce des matières premières russes", ajoute dans l'entretien l'autre président du parti, Cédric Wermuth. "Nous devons empêcher le financement de la machine de guerre du régime russe".

Il demande aussi à la Suisse de prendre les devants en ce qui concerne une réduction de la dette de l'Ukraine. "Le pays était déjà endetté avant la guerre et a, entre-temps, des obligations exorbitantes envers l'étranger", ajoute le conseiller national argovien.

ats

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