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Un comité de l'ONU dénonce l'attitude de l'Italie sur les migrants

Les experts de l'ONU estiment que les autorités italiennes auraient dû répondre plus tôt aux migrants et secourir leur navire (archives). © KEYSTONE/EPA ANSA/ELIO DESIDERIO
Les experts de l'ONU estiment que les autorités italiennes auraient dû répondre plus tôt aux migrants et secourir leur navire (archives). © KEYSTONE/EPA ANSA/ELIO DESIDERIO


Publié le 27.01.2021


L'Italie a échoué à protéger plus de 200 migrants lors d'un naufrage dans la Méditerranée en 2013. Après une plainte de trois Syriens et un Palestinien, le comité des droits de l'homme de l'ONU demande à ce pays de poursuivre les responsables.

Dans une décision publiée mercredi à Genève, les 18 experts indépendants affirment que les autorités n'ont pas répondu rapidement à plusieurs appels de détresse de l'embarcation dans laquelle se trouvaient plus de 400 personnes. Le gouvernement italien n'a pu non plus expliquer pourquoi il a tardé à déployer son navire militaire qui n'était qu'à environ une heure de celle-ci.

Le comité est chargé d'évaluer la conformité des Etats membres avec le Pacte international des droits civils et politiques. Il demande aux autorités italiennes des investigations indépendantes et la poursuite des responsables. Les proches des victimes doivent obtenir des réparations.

Le navire était parti de Zuwarah, en Libye, avant d'être atteint par des tirs d'un autre bateau dans les eaux internationales, à 113 km de l'Italie et à 218 km de Malte. Plusieurs heures après des appels de détresse, les autorités italiennes avaient répondu que le sauvetage devait être mené par leurs homologues maltaises.

Bateau italien après le navire maltais

Les migrants ont ensuite tenté de contacter le centre de pilotage des secours de l'île pendant deux heures. Il faudra encore près de trois heures avant qu'un bateau de la marine maltaise n'arrive sur le site, mais l'embarcation avait déjà chaviré. Le navire italien, bien plus proche, avait lui été acheminé plus tard dans la zone.

Quelques rescapés ont poursuivi l'Italie devant le comité et devant des tribunaux. L'une des expertes indépendantes a dit que, même si le naufrage a eu lieu dans les eaux internationales, l'Italie est en cause parce que son navire aurait pu arriver sur le site au moins deux heures avant celui-ci.

Selon le droit international, les Etats doivent protéger les individus en mer lorsque ceux-ci sont en détresse. L'Italie "avait le devoir" de soutenir le sauvetage de ces personnes, selon la membre du comité.

Plainte contre Malte rejetée par le comité

Une requête contre Malte a été rejetée par les experts indépendants. Les plaignants n'avaient pas d'abord poursuivi l'Etat devant les tribunaux de ce pays, obligatoire avant de lancer une demande auprès du comité.

L'année dernière, plus de 70'000 personnes ont tenté de rejoindre le continent européen par la mer depuis l'ouest et le nord de l'Afrique, a dit mercredi à la presse un responsable du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR). Parmi elles, la moitié a réussi. Beaucoup ont été ramenées vers les côtes, notamment en Libye, et plus d'un millier au moins sont décédées ou sont portées disparues mais le nombre pourrait être bien plus élevé.

Le HCR demande lui 100 millions de dollars pour assister les migrants et les réfugiés dans cette zone cette année. La pandémie a un effet sur les départs devenus plus difficiles, affirme l'une de ses responsables. Environ un millier de migrants au total sont retenus en Libye dans des conditions difficiles dans des centres de détention.

ats

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