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Un demi-frère du roi accusé d'avoir comploté contre le royaume

Le roi Abdallah II, ici lors du WEF à Davos en 2018, avait dépouillé en 2004 le prince Hamza de son titre de prince héritier (archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
Le roi Abdallah II, ici lors du WEF à Davos en 2018, avait dépouillé en 2004 le prince Hamza de son titre de prince héritier (archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
Le roi Abdallah II, ici lors du WEF à Davos en 2018, avait dépouillé en 2004 le prince Hamza de son titre de prince héritier (archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
Le roi Abdallah II, ici lors du WEF à Davos en 2018, avait dépouillé en 2004 le prince Hamza de son titre de prince héritier (archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON


Publié le 05.04.2021


Le prince Hamza, demi-frère du roi Abdallah II, a tenté de déstabiliser le royaume et de porter atteinte à la sécurité du pays, a affirmé dimanche le vice-Premier ministre. Il a annoncé une quinzaine d'arrestations.

Hamza, qui s'est vu retirer le titre de prince héritier en 2004, et les autres suspects ont collaboré avec une puissance étrangère pour "porter atteinte à la sécurité" de la Jordanie, a indiqué le vice-Premier ministre Aymane Safadi, lors d'une conférence de presse, sans préciser de quelle puissance étrangère il s'agissait ni les chefs d'accusation retenus.

Avant d'en arriver à ce constat, "les services de sécurité ont suivi durant une longue période les activités et les mouvements du prince Hamza ben Hussein, de Cherif Hassan ben Zaid et de Bassem Awadallah et d'autres personnes visant la sécurité et la stabilité de la patrie", a-t-il argué, affirmant que les autorités avaient décidé d'intervenir car les comploteurs présumés "parlaient de calendrier" d'action.

"La sédition a été tuée dans l'oeuf", a-t-il assuré.

Le prince Hamza avait annoncé samedi soir avoir été "assigné à résidence" dans son palais à Amman.

Dans une vidéo transmise à la BBC par son avocat, Hamza a affirmé que le chef d'état-major de l'armée lui avait signifié qu'il n'était "pas autorisé à sortir" de chez lui. Il a nié avoir pris part à un complot, accusant les autorités jordaniennes de "corruption" et d'"incompétence".

Soutien

Depuis samedi soir, les monarchies du Golfe ont fait bloc derrière le souverain jordanien en lui exprimant leur plein soutien, dans des déclarations distinctes.

Le roi Salmane d'Arabie saoudite et le prince héritier Mohamed ben Salmane ont appelé le roi jordanien pour l'assurer de leur solidarité et de leur soutien, a annoncé l'agence de presse officielle saoudienne SPA.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a également appelé le roi et l'a assuré de "son entière solidarité" et de son "plein soutien", selon un communiqué de la présidence égyptienne.

Israël pour sa part veut "tout faire pour préserver" l'alliance avec la Jordanie, a dit le ministre israélien de la Défense, Benny Ganz, dans un communiqué cité par la presse de son pays.

"Une Jordanie forte ne représente pas seulement un intérêt sécuritaire pour Israël, mais aussi diplomatique et économique", a-t-il ajouté, assurant qu'il fallait "faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir économiquement" la Jordanie, affectée par la crise liée au coronavirus. "Concernant les événements là-bas, il s'agit d'affaires internes, et je propose de ne pas nous en mêler", a toutefois également avancé M. Ganz.

"Sécurité et stabilité"

Agé de 41 ans, Hamza est le dernier fils du roi Hussein, né d'un quatrième et ultime mariage avec la reine Noor, d'origine américaine.

Conformément au souhait de son père, décédé en 1999, il avait été nommé prince héritier lorsque Abdallah II était devenu roi. Mais, en 2004, le souverain lui a retiré ce titre pour le donner à son propre fils aîné, Hussein.

La reine Noor a pris la défense de son fils, dénonçant sur Twitter des "calomnies" et espérant que "la vérité et la justice l'emportent pour toutes les victimes innocentes", a ajouté celle qui a critiqué ces derniers mois les autorités du royaume.

Le général Youssef Huneiti, chef d'état-major, avait expliqué samedi que le prince Hamza avait été "appelé à arrêter les activités qui pourraient être utilisées pour porter atteinte à la stabilité et à la sécurité du royaume". Il avait démenti son arrestation.

Pour Barah Mikaïl, professeur à l'université Saint Louis à Madrid et directeur de la société de conseils Stractegia, "il n'y a pas beaucoup de raisons de douter de la version du pouvoir jordanien".

"Celui-ci est très bien structuré côté renseignements et maillage national, et le contrôle étroit en particulier des personnes soupçonnées de pouvoir atteindre à la monarchie est un fait", a-t-il expliqué à l'AFP. "Le pouvoir jordanien a besoin de rassurer autour de lui et il se passerait bien de la présence d'un complot ourdi à son encontre, surtout à l'approche de l'anniversaire du royaume".

Faut-il craindre pour le pouvoir jordanien à brève échéance? "Je ne le crois pas. Les choses semblent contenues", a-t-il ajouté.

Au total, au moins 16 personnes ont été interpellées, parmi lesquelles deux personnalités, Bassem Awadallah (un ancien conseiller du roi) et Cherif Hassan ben Zaid, selon M. Safadi, qui a précisé que les services de sécurité avaient recommandé au roi de les renvoyer devant la cour de sûreté de l'Etat.

"Rancoeur"

D'après un analyste jordanien ne souhaitant pas être identifié pour des raisons de sécurité, le prince Hamza a ces derniers temps "multiplié devant son cercle d'amis les critiques contre ce qu'il qualifiait de corruption au sein du pouvoir".

Toujours selon cette source, "il y a certainement de la rancoeur de sa part car il n'a jamais digéré d'avoir perdu son titre de prince héritier".

Le royaume de Jordanie doit célébrer son centenaire le 11 avril.

Dimanche, premier jour de la semaine en Jordanie, une apparence de normalité a régné dans les rues d'Amman, même si les récents développements étaient sur toutes les lèvres.

Petit pays dépourvu de ressources naturelles et largement dépendant des aides étrangères, la Jordanie est toutefois perçue comme stratégique au regard des tensions régionales.

ats, afp

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