Un historien turc auteur d'un livre sur le génocide arménien décoré
Le président français Emmanuel Macron a félicité mercredi l'historien turc Taner Akçam pour avoir "dénoncé le déni". L'homme a écrit un ouvrage démontrant l'authenticité des "télégrammes" ottomans ordonnant le génocide arménien, et qu'Ankara considère comme des faux.
L'auteur de l'ouvrage "Ordres de tuer" a reçu du Conseil de coordination des organisations arméniennes en France (CCAF) sa "médaille du courage" pendant un dîner en présence d'Emmanuel Macron. Selon le président français, le livre de Taner Akçam constitue "l'établissement scientifique d'une intentionnalité claire dans le crime organisé, permettant de faire le travail d'histoire, de mémoire et de justice".
"Vous avez sorti ce que certaines voulaient replonger dans l'oubli, le négationnisme", a poursuivi M. Macron. "C'est une pierre essentielle dans ce débat profondément politique avec les dirigeants turcs", a-t-il ajouté.
"On ne construit aucune grande histoire sur un mensonge, aucune politique sur un révisionnisme ou un négationnisme", a-t-il insisté en allusion à la Turquie, dénonçant "l'ombre portée d'une stratégie qui vise un nouvel expansionnisme en Méditerranée orientale, nier les crimes et vouloir retrouver la force du passé, un passé fantasmé, très largement".
Reconnu par une trentaine de pays
Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d'Arméniens ont été tués pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l'Empire ottoman, alors allié à Allemagne et à l'Autriche-Hongrie.
Le génocide arménien est reconnu par une trentaine de pays, dont la France en 2001, et la majorité des historiens. En Suisse, le Conseil national l'a reconnu en 2003, tout comme le Conseil d'Etat de Genève et les Grands Conseils vaudois et genevois. En 2019, M. Macron a instauré une "journée nationale de commémoration du génocide arménien" le 24 avril, s'attirant la colère du gouvernement turc.
La Turquie, issue du démantèlement de l'Empire ottoman en 1920, reconnaît des massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300'000 à 500'000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.
De nombreux historiens et universitaires ont conclu que la déportation et le massacre des Arméniens pendant la Première Guerre mondiale répondaient à la définition juridique du génocide.
ats, afp