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Un millier de propriétés légalisées en Colombie

Le président Ivan Duque a remis 1058 titres de propriétés à des centaines de paysans de la municipalité d'Ovejas, dans le département de Sucre (nord), théâtre d'un massacre commis par des paramilitaires d'extrême droite en 2001 (archives). © KEYSTONE/AP Colombia's Presidential Press Office/EFRAIN HERRERA
Le président Ivan Duque a remis 1058 titres de propriétés à des centaines de paysans de la municipalité d'Ovejas, dans le département de Sucre (nord), théâtre d'un massacre commis par des paramilitaires d'extrême droite en 2001 (archives). © KEYSTONE/AP Colombia's Presidential Press Office/EFRAIN HERRERA


Publié le 31.08.2019


Le gouvernement colombien a octroyé vendredi plus d'un millier de titres de propriété de terrains, d'une superficie équivalente à 1350 stades de foot, aux paysans de l'une des communes les plus touchées par le conflit armé.

Le président Ivan Duque a remis ces 1058 titres, correspondant à 295 parcelles formalisées et à 763 terrains vagues, à des centaines de paysans de la municipalité d'Ovejas, dans le département de Sucre (nord), théâtre d'un massacre commis par des paramilitaires d'extrême droite en 2001.

"Aujourd'hui s'ouvre à Ovejas le cadastre des 170 communes les plus affectées par la violence", a déclaré le chef de l'Etat lors de la plus importante légalisation de terres réalisée dans une municipalité colombienne, avec une superficie totale de 1395 hectares. Une ambitieuse réforme agraire est prévue dans l'accord de paix, signé en 2016 par l'ex-guérilla Farc et l'ancien président centriste Juan Manuel Santos (2010-2018).

Bien qu'il s'agisse du thème le plus sensible de ce pacte historique - les revendications de terres par les paysans colombiens étant à l'origine même de la guerre - c'est le point le moins avancé de sa mise en oeuvre, selon l'Institut Kroc, responsable du suivi de l'accord.

Crime contre l'humanité

Le texte prévoit la répartition de trois millions d'hectares, la légalisation de sept millions d'autres au profit de petits propriétaires. Il recommande aussi un recensement national pour légaliser la totalité des propriétés en Colombie d'ici 2025, suite aux spoliations et occupations illégales survenues depuis le début de la guerre il y a plus d'un demi-siècle.

La commune d'Ovejas a été choisie car c'est "une zone connue pour le grand nombre de victimes, en particulier de veuves, qu'y a laissées le conflit", a déclaré à l'AFP Miguel Ocampo, directeur de l'Agence nationale des terres (ANT), chargée du processus.

Il y a 18 ans, à Chengue, l'un des hameaux de la municipalité, des paramilitaires ont assassiné, à coups de machettes et de pierres, 28 paysans qu'ils accusaient d'être des alliés des Farc. Ce massacre a été qualifié de crime contre l'humanité par le Parquet général.

"Maintenant oui, je peux dire que ce morceau (de terre) est à moi", s'est réjoui vendredi Emel Sequeda, 54 ans, qui a perdu un beau-frère lors de cette tuerie et a dû fuir avec ses cinq enfants.

Reprise des armes

Jeudi, plusieurs anciens chefs de la guérilla des Farc, sont réapparus en treillis et munis de fusils pour annoncer la reprise de la lutte armée, dénonçant "la trahison" par l'Etat du pacte de 2016. "Nous annonçons au monde qu'a commencé le deuxième Marquetalia (berceau de la rébellion marxiste en 1964, ndlr) au nom du droit universel des peuples à se lever en armes face à l'oppression", a affirmé l'ex-numéro deux des Farc, Ivan Marquez dans une vidéo de 32 minutes diffusée sur YouTube.

La Juridiction spéciale de paix (JEP) en Colombie, chargée de juger les crimes commis pendant la confrontation armée, a donné l'ordre d'arrêter ces anciens chefs rebelles. Et vendredi, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a dénoncé le retour aux armes d'anciens combattants des Farc en Colombie, faisant même planer la menace d'extraditions vers les Etats-Unis.

ats, afp

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