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Un ministre iranien sanctionné par la Suisse sera à l'ONU à Genève

Les opposants iraniens en exil ont protesté à plusieurs reprises contre les massacres de 1988 qui ont fait des dizaines de milliers de victimes dans leur pays (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Les opposants iraniens en exil ont protesté à plusieurs reprises contre les massacres de 1988 qui ont fait des dizaines de milliers de victimes dans leur pays (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 22.02.2018


Le controversé ministre iranien de la justice Seyyed Alireza Avaei s'exprimera mardi prochain au Conseil des droits de l'homme à Genève. Accusé d'être responsable des massacres de 1988 en Iran, il est sur la liste des sanctions financières appliquées par la Suisse.

Habituellement, la Suisse reprend les mesures prises par le Conseil de sécurité de l'ONU. Mais dans le cas de l'Iran, elle s'aligne également sur des décisions de l'UE qui a placé en 2011 Seyyed Alireza Avaei sur sa liste de sanctions financières pour violations graves des droits humains.

Aucune interdiction de territoire n'est prononcée contre le ministre iranien. Et même dans le cas contraire, "la Suisse en principe est tenue par ses obligations en droit international de lui permettre de participer à une réunion de l'ONU", a dit à l'ats l'ambassadeur suisse auprès de l'ONU à Genève Valentin Zellweger. De précédentes situations, comme celle de l'ex-président zimbabwéen Robert Mugabe, l'ont montré.

"Le Conseil n'invite pas. Les pays nous signifient qui ils envoient", affirme de son côté le porte-parole de l'enceinte onusienne Rolando Gomez. Le président du Conseil Vojislav Suc souligne lui tout de même que "l'attention requise" sera apportée à cette situation. Il ajoute par ailleurs qu'il souhaite un équilibre entre les Etats et la société civile pendant son année de présidence.

Plusieurs dizaines de milliers de tués

Seyyed Alireza Avaei, ministre de la justice depuis août dernier, est accusé par les opposants iraniens en exil d'avoir en 1988, comme procureur, été l'une des quelques personnes à décider d'exécutions de masse de dizaines de milliers de détenus politiques.

Dans la liste suisse, il est mis en cause notamment en tant qu'ancien président des autorités judiciaires de Téhéran. Il est responsable "de violations des droits humains, de détentions arbitraires, du refus de droits à des prisonniers et de l'augmentation des exécutions".

Les opposants iraniens en exil appellent à l'annulation de la venue de Seyyed Alireza Avaei, qui constituerait selon eux une "insulte" pour le Conseil des droits de l'homme. Ils l'accusent de crimes contre l'humanité.

Le discours du ministre aura lieu une semaine avant le lancement officiel à Genève du bureau de l'Action mondiale contre les crimes et les atrocités de masses (Gaamac), opérationnel depuis quelques jours et qui rassemble quelques employés. La Suisse est le principal contributeur de cette plate-forme contre les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, le génocide et le nettoyage ethnique.

ats

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