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Un site gazier lié à Total utilisé comme prison au Yémen

Selon une enquête du quotidien Le Monde parue jeudi, le lieu de détention se trouve sur une base militaire aménagée par les Emirats à la mi-2017 sur une partie du site gazier lié à Total, qui avait été réquisitionné à la demande du gouvernement yéménite (image symbolique). © KEYSTONE/EPA/SOLIMAN ALNOWAB
Selon une enquête du quotidien Le Monde parue jeudi, le lieu de détention se trouve sur une base militaire aménagée par les Emirats à la mi-2017 sur une partie du site gazier lié à Total, qui avait été réquisitionné à la demande du gouvernement yéménite (image symbolique). © KEYSTONE/EPA/SOLIMAN ALNOWAB


Publié le 08.11.2019


Un site gazier exploité par une compagnie contrôlée en partie par le groupe français Total a abrité une prison secrète à Balhaf, dans le sud du Yémen, affirment trois ONG dans un rapport publié jeudi. Le lieu était utilisée par des soldats émiratis en 2017 et 2018.

Ce site, qui regroupe une usine de liquéfaction de gaz et un terminal d'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL), a cessé ses activités en 2015 en raison de la guerre au Yémen. "Selon des sources ouvertes et des témoignages, il héberge depuis 2016 une milice - les forces d'élite de Shabwa - sous contrôle des Émirats arabes unis", écrivent l'Observatoire des armements, SumOfUs et les Amis de la Terre.

"Ces témoignages relatent des traitements inhumains et dégradants (privation de soins, tortures) commis par des soldats émiratis", ajoutent-ils. "Les personnes qui s'y font enfermer sont généralement accusées d'appartenir à Al-Qaïda sur la péninsule arabique (AQPA)", sur la base "souvent de soupçons sans fondement ou d'une vengeance personnelle", poursuivent-ils.

Le site est exploité par Yemen LNG, dont Total est actionnaire à 39,6% aux côtés de la société américaine Hunt (17,2%), de sociétés coréennes (21,4%) et d'entreprises publiques yéménites (21,7%).

Total "ne dispose d'aucune info"

Selon une enquête du quotidien Le Monde parue jeudi, le lieu de détention se trouve sur une base militaire aménagée par les Emirats à la mi-2017 sur une partie du site gazier, qui avait été réquisitionné à la demande du gouvernement yéménite.

"Des personnes étaient encore enfermées à Balhaf à la mi-2019", affirme Le Monde, notant que la base a servi pour lancer des opérations antiterroristes dans la région, notamment en 2017.

Le groupe Total a répondu jeudi dans un communiqué qu'il "ne dispose d'aucune information spécifique quant à l'usage fait par la coalition de la partie réquisitionnée". "Total ne détient pas le contrôle de la société Yemen LNG et n'agit pas directement sur le site de Balhaf géré par Yemen LNG, mais indirectement en tant qu'actionnaire ou au travers de personnel détaché dans la société", a-t-il ajouté.

Al-Qaïda dans le Sud et le Sud-Est

Balhaf est situé sur le Golfe d'Aden dans la province de Chabwa, qui a été le théâtre de violents combats entre partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi et rebelles chiites Houthis qui se sont emparés de vastes régions du pays, dont la capitale Sanaa.

Face à la progression des Houthis, liés à l'Iran chiite, l'Arabie saoudite sunnite a pris en 2015 la tête d'une coalition de neuf pays arabes et mené une campagne de frappes aériennes contre les rebelles. Le président Hadi a fui le Yémen pour se réfugier à Ryad.

Le groupe Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) a profité de l'affaiblissement du pouvoir central pour renforcer son emprise dans le Sud et le Sud-Est.

ats, afp

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