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Une confirmation et deux questions

La Suisse de Vladimir Petkovic ne perd plus face aux petites équipes. © KEYSTONE/AP/SHAKH AIVAZOV
La Suisse de Vladimir Petkovic ne perd plus face aux petites équipes. © KEYSTONE/AP/SHAKH AIVAZOV


Publié le 25.03.2019


La Suisse l'a confirmé: elle sait éviter les pièges. Mais les moyens d'y arriver sont encore en suspens.

La victoire 2-0 de la Suisse en Géorgie samedi, en ouverture des éliminatoires de l'Euro 2020, est une confirmation. Celle que la sélection de Vladimir Petkovic a balayée depuis quatre ans et demi le spectre du "match piège" et qu'elle est en mesure de s'imposer malgré une performance moyenne et l'absence de plusieurs éléments-clés.

Nouveau statut

L'histoire de l'équipe de Suisse recèle suffisamment de ces rencontres mal négociées face à des formations plus faibles pour ne pas relever la remarquable progression. Vladimir Petkovic a dirigé vingt-trois matchs de qualifications depuis 2014 et en a remportés dix-huit, soit 78%! Sur les quatre défaites concédées, trois l'ont été contre l'Angleterre (2) et le Portugal.

Durant les campagnes éliminatoires de l'Euro 2016, du Mondial 2018 et de l'Euro 2020, la sélection nationale n'a craqué qu'une fois, face à la Slovénie en octobre 2014. Elle a sinon battu en poules, sans exception, l'Estonie, la Lituanie, Saint-Marin, la Hongrie, les Iles Féroé, Andorre, la Lettonie et la Géorgie (de même que le Portugal et la Slovénie au match retour), puis l'Irlande du Nord en barrage aller (nul au retour).

"Quels que soient l'adversaire et le contexte, nous voulons entrer sur le terrain comme si nous étions les favoris de la partie et agir en tant que tels", martèle sans relâche Petkovic. Savoir remporter ces matches, même en cas de prestation en dents-de-scie, est une preuve de la maîtrise qui est celle de la Suisse aujourd'hui.

Quel système?

Ce constat ne permet toutefois nullement l'économie d'un examen critique et la première mi-temps samedi à Tbilissi, tout simplement "mauvaise" selon Granit Xhaka, soulève à elle seule plusieurs questions. En l'absence de ces deux meilleurs buteurs en activité - Seferovic et le détonateur en chef Shaqiri -, mais aussi de sérieux atouts comme Mehmedi et Fernandes, la Suisse a joué "trop lentement", dixit le capitaine Stephan Lichtsteiner.

"Si nous jouons comme cela, peu importe qui est en face, nous pouvons perdre", prévient un Xhaka qui a constaté, comme tout le monde, que la Suisse s'est souvent retrouvée en difficulté sur les contres géorgiens. Bien plus souvent qu'elle n'en avait l'habitude.

L'affaire s'est arrangée après la pause, grâce à un but de Steven Zuber et un autre de Denis Zakaria, alors que l'équipe nationale était passée à une défense à trois. "Nous avons mis plus de rythme et avons aussi pressé la Géorgie plus tôt, analyse Remo Freuler un jour plus tard. Ca a donc été plus compliqué pour l'adversaire de repartir depuis l'arrière et, dans le même temps, ça a augmenté le nombre de nos occasions. Après, quand tu marques le premier but, tout devient un peu plus facile."

Ainsi, comme en novembre face à la Belgique (contre laquelle elle prenait l'eau et était menée 2-0 avant de l'emporter 5-2), la sélection a montré un pâle visage avec une arrière-garde à quatre hommes puis a retrouvé des couleurs en passant en 3-5-2. Vladimir Petkovic affirmait pourtant en début de semaine que ce système bis n'était encore qu'une solution de remplacement.

Force est néanmoins désormais de se demander si le Mister ne devrait pas l'adopter comme première option, sachant que la Suisse ne pourra pas se permettre à chaque fois d'être hors sujet en début de match sans en payer, tôt ou tard, le prix. Le Danemark, qui se présentera mardi à Bâle, sera d'un tout autre calibre et le moindre atermoiement pourrait coûter cher. Alors Remo Freuler: une défense à trois comme option no 1? "Ca dépend toujours de l'adversaire", répond, prudent, le milieu de l'Atalanta, bon contre la Géorgie. "Ce qui prime est de pouvoir maîtriser plusieurs systèmes. Ce n'est pas possible de s'en tenir à un seul."

Quelle doublure pour Seferovic

Le forfait de Seferovic a permis à Mario Gavranovic d'obtenir une vingt-et-unième cape et une dizième titularisation. Heureux de la victoire, le Tessinois ne pouvait cependant pas masquer son amertume. "Quand tu as la chance, en tant qu'attaquant, de jouer d'entrée, tu ne peux pas être satisfait alors que tu ne t'es même pas procuré une demi-occasion."

L'avant-centre du Dinamo Zagreb (six buts en sélection) a-t-il brûlé sa dernière cartouche? Petkovic lancera-t-il Albian Ajeti, mardi à Saint-Jacques? Un choix qui se justifierait sportivement, mais qui serait un immense désaveu pour Gavranovic. Petkovic devra bien penser les conséquences psychologiques d'un tel choix.

ats

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