La Liberté

Une édition humaniste pour le Locarno Festival

Carlo Chatrian, directeur artistique du Locarno Festival, sur la Piazza Grande de Locarno (archives). © KEYSTONE/URS FLUEELER
Carlo Chatrian, directeur artistique du Locarno Festival, sur la Piazza Grande de Locarno (archives). © KEYSTONE/URS FLUEELER
Carlo Chatrian, directeur artistique du Locarno Festival vit sa dernière saison au Tessin. Il deviendra directeur artistique de la Berlinale après 2019. © KEYSTONE/ALEXANDRA WEY
Carlo Chatrian, directeur artistique du Locarno Festival vit sa dernière saison au Tessin. Il deviendra directeur artistique de la Berlinale après 2019. © KEYSTONE/ALEXANDRA WEY


Publié le 11.07.2018


L'homme sera au centre de la 71e édition du Locarno Festival. Le cinéma célébrera les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l'homme. La Piazza Grande fera également la part belle à la légèreté.

Les spectateurs pourront voir 17 longs-métrages et un court-métrage sur la Piazza Grande entre le 1er et le 11 août. Quinze longs-métrages, dont 13 en première mondiale, sont en compétition pour le Pardo d'oro.

Regarder

"Chaque homme est unique, précieux et irremplaçable", écrit Carlo Chatrian, directeur artistique dans la Love Letters du festival. Aujourd'hui, les hommes ont peur de regarder leur prochain en face. Ils préfèrent baisser leur regard pour fixer un petit écran. Or, le cinéma devient le lieu dans lequel le visage d'autrui nous regarde.

Le septième art n'a pas besoin de filtres symboliques pour raconter l'homme. Un visage peut devenir l'alpha et l'oméga d'un film. Le programme de cette année est une "longue et extraordinaire galerie de visages singuliers, désarmants, même quand ils font semblant".

Les films sélectionnés montrent des personnages qui ont eu le courage d'affronter les difficultés, a expliqué le directeur artistique. Comme il a fallu du courage pour rédiger la Déclaration des droits de l'homme.

Pour la soirée des droits de l'homme, le festival diffusera "BlacKkKlansman" de Spike Lee, un film qui "met en scène la liberté d'expression des blacks", selon M. Chatrian. Le premier policier afro-américain de Colorado Springs s'infiltre dans la branche locale du Ku Klux Klan et parvient même à devenir président de cette organisation raciste sans être démasqué.

Sous le signe de la comédie

Sur la Piazza Grande, le sourire sera à l'honneur. "Les beaux esprits", du français Vianney Lebasque, ouvrira les festivités. La comédie raconte l'histoire de vrais joueurs de basket-ball qui font semblant d'être handicapés mentaux pour pouvoir participer aux paralympiques de Sydney.

Juste avant, un court-métrage du réalisateur américain Leo McCarey sera diffusé: "Liberty", une des "plus belles et irrévérencieuses comédies" de Laurel et Hardy. Une rétrospective est consacrée au réalisateur.

Le réalisateur Ethan Hawke, qui recevra un "Excellence Award", signe un portrait du musicien BLAZE, personnage revêche et séduisant, antisystème et profondément libre, marqué par une fin tragique, rappelle M. Chatrian. Ces deux exemples créent un lien entre le moi et le monde.

Le réalisateur français Bruno Dumont, 60 ans, recevra un Léopard d'honneur. Sa nouvelle mini-série burlesque "Coin-Coin et les z'inhumains" sera projetée en première mondiale le 4 août. Elle raconte, dans un jeu extrême, l'incohérence qui habite le monde.

La Suisse sera également bien représentée sur la place avec "Le vent tourne" de Bettina Oberlis, "Un nemico che ti vuole bene" de Denis Rabaglias et "L'Ospite" de Duccio Chiarini. Jean Dujardin, qui sera présent à Locarno, clôture le festival avec "I feel good".

15 films en compétition

La programmation de cette année compte des films qui, au lieu de présenter les conflits qui agitent la planète, se concentrent sur les histoires personnelles. Plusieurs films selectionnés ont comme protagoniste des femmes qui font preuve de courage, comme "Diane" de Kent Jones. Le film raconte la vie d'une femme qui s'occupe de manière touchante d'une tierce personne et tente aussi de se rapprocher de son fils toxicomane.

Une seule production suisse est en compétition internationale: "Glauberberg" de Thomas Imbach.

14 heures

Le plus grand risque pris par le festival est "La Flor" de l'argentin Mariano Llinas; un film de 14 heures sélectionné pour le concours international. "C'est un grand hommage à l'histoire du cinéma", a lancé M. Chatrian à la presse mercredi. Le film est composé de six épisodes donc chacun est un hommage à un style, science fiction, comédie française, muet, etc.

"Nous avons voulu montrer qu'il existe plusieurs possibilités de faire des films". Il s'agit d'un objet unique qui a nécessité 10 ans de travail, a précisé M. Chatrian. Il sera montré soit en sept parties choisies par le cinéaste, soit en trois parties de respectivement 3h30, 6 heures et 5 heures.

Locarno Kids

Locarno se veut aussi le festival des jeunes. "Locarno Kids", une initiative née en 2017, accroît son offre. Les enfants pourront participer à des ateliers organisés par des experts et se sentir protagonistes du festival. Une soirée leur est consacrée. Le festival pense ainsi à son propre futur.

ats

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