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Une égyptologue pense avoir découvert une nouvelle reine-pharaon

L'étude de certaines pièces du trésor de Toutankhamon, découvert en 1922, avait révélé que l'enfant-roi avait usurpé une bonne partie du matériel funéraire de cette reine-pharaon, Neferneferouaton Ankhkheperure (archives). © KEYSTONE/AP/Ben Curtis
L'étude de certaines pièces du trésor de Toutankhamon, découvert en 1922, avait révélé que l'enfant-roi avait usurpé une bonne partie du matériel funéraire de cette reine-pharaon, Neferneferouaton Ankhkheperure (archives). © KEYSTONE/AP/Ben Curtis


Publié le 29.04.2019


Deux des soeurs de Toutankhamon, et non une seule, sont montées ensemble sur le trône d'Egypte après la mort de leur père Akhenaton. Telles sont les conclusions inédites d'une étude menée par une égyptologue d'une université canadienne.

Les spécialistes savaient depuis près de 50 ans qu'au 14e siècle avant Jésus-Christ, une reine-pharaon avait précédé Toutankhamon sur le trône, rappelle Valérie Angenot, égyptologue et historienne de l'art à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

Certains pensaient qu'il s'agissait de Néfertiti, épouse d'Akhenaton, autoproclamée "roi" à la mort de son époux. D'autres estimaient qu'il s'agissait de la fille aînée d'Akhenaton, la princesse Méritaton. "Jusqu'à présent, le recours aux documents iconographiques se faisait de façon plutôt intuitive", a expliqué vendredi à l'AFP Mme Angenot.

La professeure montréalaise a dès lors procédé à une analyse basée sur la sémiotique (étude des signes) qui a selon elle révélé que deux filles d'Akhenaton avaient pris le pouvoir à sa mort. Leur frère Toutankhamon, âgé de quatre ou cinq ans, était encore trop jeune pour régner.

Gestuelle particulière

Akhenaton, qui avait épousé sa fille aînée Méritaton pour la préparer à régner, aurait également associé au pouvoir une autre de ses filles, Neferneferouaton Tasherit. Elles seraient montées ensemble sur le trône sous le nom de couronnement commun d'Ankhkheperure, selon Mme Angenot.

L'étude de certaines pièces du trésor de Toutankhamon, découvert en 1922 par l'archéologue britannique Howard Carter, avait révélé que l'enfant-roi avait usurpé une bonne partie du matériel funéraire de cette reine-pharaon, Neferneferouaton Ankhkheperure.

L'historienne de l'art a par ailleurs analysé une stèle exposée au Musée égyptien de Berlin montrant deux personnages assis sur le trône, l'un caressant le menton de l'autre.

"On a émis toutes sortes d'hypothèses à son sujet: qu'elle figurerait Akhenaton devenu homosexuel, Akhenaton avec son père, ou Akhenaton et Néfertiti", rappelle-t-elle. "Je me suis rendu compte que cette gestuelle de caresser le menton n'était en fait attestée que pour les princesses, dans 100% des occurrences".

Conclusions bien reçues

Par ailleurs, l'égyptologue a étudié plusieurs sculptures de têtes royales anonymes que l'on attribuait jusqu'alors à Akhenaton, Néfertiti ou Toutankhamon.

"Comme l'art égyptien fonctionne sur des systèmes de proportions, j'ai effectué des comparaisons de ces statues avec la statuaire reconnue des princesses et ça colle tout à fait, j'ai pu montrer que certaines têtes royales étaient en réalité des têtes de princesses devenues pharaons", explique-t-elle.

Mme Angenot a récemment présenté ses conclusions lors d'un rassemblement d'égyptologues nord-américains en Virginie (Etats-Unis). "L'égyptologie est une discipline très conservatrice, mais mon idée a été étonnamment bien reçue, à l'exception de deux collègues qui s'y sont farouchement opposés", a-t-elle souligné.

"Je pense que ça peut faire avancer notre compréhension des questions de succession en Egypte ancienne mais surtout notre connaissance de la fascinante époque amarnienne qui vit naître le premier monothéisme", objet d'âpres débats depuis des siècles, selon elle.

ats, afp

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