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Une journaliste de la radio "Echo de Moscou" poignardée au travail

Les bureaux de la radio "Echo Moskvy" (Echo de Moscou) où l'agression a eu lieu © KEYSTONE/AP/ALEXANDER ZEMLIANICHENKO
Les bureaux de la radio "Echo Moskvy" (Echo de Moscou) où l'agression a eu lieu © KEYSTONE/AP/ALEXANDER ZEMLIANICHENKO
La police a mis en avant l'hypothèse d'une "hostilité personnelle" de l'agresseur contre la journaliste. © KEYSTONE/EPA/SERGEI CHIRIKOV
La police a mis en avant l'hypothèse d'une "hostilité personnelle" de l'agresseur contre la journaliste. © KEYSTONE/EPA/SERGEI CHIRIKOV


Publié le 23.10.2017


Une animatrice de la radio russe Echo de Moscou, critique du Kremlin, a été placée en coma artificiel après avoir été poignardée lundi par un homme visiblement déséquilibré. Des journalistes y ont vu le résultat d'un climat de "haine" alimenté par le pouvoir.

Tatiana Felguengauer, rédactrice en chef adjointe de la première radio libre créée à la fin de l'URSS et présentatrice d'une émission populaire du matin, participe régulièrement aux manifestations de l'opposition. Elle a été agressée vers 12h45 (11h45 suisses) dans les locaux de la radio, situés en plein centre de la capitale russe.

La journaliste de 32 ans a été opérée et placée en coma artificiel en fin d'après-midi, mais ses jours ne sont pas en danger, a indiqué le rédacteur en chef de la radio, Alexeï Venediktov.

L'assaillant a pénétré dans les locaux de la radio, a attaqué le gardien de l'immeuble avant de monter dans la rédaction et de "poignarder dans le cou" Tatiana Felguengauer, a déclaré à l'AFP M. Venediktov.

Liens "télépathiques"

"Il semblait viser expressément" la jeune femme, a-t-il raconté à la presse. "Il y avait beaucoup de sang et elle était en état de choc". Le Comité d'enquête, chargé des affaires les plus sensibles en Russie, a annoncé avoir ouvert une enquête contre un homme de 48 ans pour "tentative d'homicide".

La police a mis en avant l'hypothèse d'une "hostilité personnelle" de l'agresseur, ressortissant d'un pays étranger non précisé, contre la victime. Elle a publié une vidéo où il tient des propos peu cohérents: il affirme avoir avec la victime "un lien télépathique depuis 2012" et assure qu'elle "le pourchassait sexuellement toutes les nuits" via ce "lien".

La radio a de son côté publié un lien vers ce qu'elle présente comme le blog de l'agresseur, où il tient des propos du même type.

Hostilité du Kremlin

Le syndicat des journalistes russes a regretté de son côté la diffusion récente de reportages à charge contre Echo de Moscou sur la chaîne publique d'information, Rossiïa-24, relais des points de vue du Kremlin.

Ces sujets accusaient "les journalistes d'Echo de Moscou et Tatiana Felguengauer personnellement de travailler pour le département d'Etat américain, de collaborer avec des ONG occidentales, de critiquer les autorités et de soi-disant participer aux manifestations" de l'opposant Alexeï Navalny, a indiqué le syndicat.

"Nous estimons que ces sujets alimentent la haine à l'encontre de nos confrères et ont pu provoquer l'attaque contre Tatiana par un individu déséquilibré", a-t-il ajouté.

liberté de ton

La radio Echo de Moscou, première station libre née en 1990 avant la chute du régime soviétique, était passée sous le contrôle du groupe public gazier Gazprom en 2001, un an après l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine.

La station a néanmoins réussi à rester la principale radio russe à offrir des points de vue indépendants, dans un paysage médiatique verrouillé où les grandes chaînes de télévision sont sous contrôle.

Ses journalistes sont "sous le choc", a constaté son rédacteur en chef Alexeï Venediktov. "Ce n'est pas la première fois qu'on attaque un journaliste d'Echo de Moscou". Une autre journaliste de cette radio, Ioulia Latynina, a annoncé cette année avoir quitté la Russie après une série d'agressions visant son domicile et sa voiture.

De nombreux journalistes ont été agressés, blessés ou assassinés ces dernières années dans le pays, et les enquêtes de police n'aboutissent que très rarement. Selon le Comité pour la protection des journalistes, 58 journalistes ont été tués en Russie depuis 1992.

ats, afp

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