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Une ONG compare l'attitude du Qatar à "la déportation des juifs"

Les chantiers liés à la Coupe du monde ont fait déjà de nombreuses victimes parmi les travailleurs migrants au Qatar (archives). © KEYSTONE/EPA/STR
Les chantiers liés à la Coupe du monde ont fait déjà de nombreuses victimes parmi les travailleurs migrants au Qatar (archives). © KEYSTONE/EPA/STR


Publié le 20.09.2017


Une ONG arabe établie à Genève demande à la FIFA de mener de nouvelles investigations sur l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. L'un de ses responsables n'a pas hésité mercredi à comparer la politique menée par l'émirat à "la déportation des juifs".

"A chaque fois" que quelqu'un s'exprime contre les autorités qataries dans ce pays, "on le déchoit de sa nationalité, on le déporte et on le torture", a estimé devant la presse le coordinateur général de la Fédération arabe pour les droits de l'homme (AFHR) Sarhane Saadi. "Cela me fait penser à la déportation des juifs", a-t-il ajouté.

L'ONG publie un rapport dans lequel elle compile surtout des indications déjà relayées par plusieurs organisations sur les abus contre les travailleurs migrants sur les chantiers de la Coupe du Monde. Selon elle, 1200 personnes sont déjà décédées sur ces sites et elle s'attend à ce que ce chiffre atteigne 7000 d'ici 2022.

Relayant la position des quatre pays qui ont rompu leurs relations avec l'émirat et lui ont imposé des sanctions, elle accuse aussi le Qatar de soutien au terrorisme. De 2010 à 2015, ce pays aurait financé pour plus de 60 milliards de dollars des groupes extrémistes.

MPC actif en Suisse

"Comment peut-on laisser un pays qui a ces méthodes arbitraires organiser la Coupe du monde?", se demande Sarhane Saadi. Il a cherché à prendre en contact avec le président de la FIFA il y a 5 mois, avant d'être renvoyé vers le comité d'éthique. Il se rendra à Zurich dans quelques semaines pour présenter un document détaillé avec les noms de victimes présumées de torture.

Et d'estimer que la FIFA viole ses obligations "morales et institutionnelles" même si elle n'est pas responsable des abus perpétrés sur place. En 2016, Amnesty International avait dénoncé l'indifférence de la Fédération établie à Zurich en ciblant du travail forcé, des logements sordides ou une tromperie sur les salaires sur les chantiers au Qatar.

Le comité d'éthique de la FIFA avait déjà mené une investigation sur les soupçons de corruption dans l'attribution de la Coupe du monde de 2018 en Russie et 2022 au Qatar. Le président de la chambre d'instruction de l'enceinte avait conclu que "les comportements douteux" n'étaient pas suffisamment graves pour remettre en cause leur organisation.

En Suisse, le Ministère public de la Confédération (MPC) a lui aussi ouvert une procédure. Les locaux de la FIFA ont notamment été perquisitionnés.

Et trois syndicats étrangers ont eux par ailleurs été déboutés en début d'année par le tribunal du commerce du canton de Zurich après avoir déposé une plainte contre la FIFA. Fédération et syndicats ont ensuite signé en mai un accord sur les conditions des ouvriers employés pour la Coupe du monde 2022 au Qatar, qui prévoit un organe de contrôle et un mécanisme de plaintes pour les travailleurs. La Suisse a servi d'intermédiaire.

ats

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