La Liberté

Vendredi 13: certains tremblent, d'autres espèrent gagner au loto

Le vendredi 13 est notamment associé à la Sainte-Cène, quand le Christ partage son dernier repas avec les 12 Apôtres la veille de sa crucifixion un vendredi. Parmi les 13 convives, Judas, sur le point de trahir Jésus. © Wikimedia Commons
Le vendredi 13 est notamment associé à la Sainte-Cène, quand le Christ partage son dernier repas avec les 12 Apôtres la veille de sa crucifixion un vendredi. Parmi les 13 convives, Judas, sur le point de trahir Jésus. © Wikimedia Commons


Publié le 13.10.2017


Pour la seconde fois en 2017, vendredi sera placé sous le signe du chiffre 13. Même en plein XXIe siècle, les superstitieux seront sur leurs gardes. D'autres joueront au loto. Explications avec Marc Atallah, directeur de la Maison d'Ailleurs à Yverdon-les-Bains (VD).

Dans le monde judéo-chrétien, "le vendredi 13 possède, entre autres, une origine biblique: celle de la Sainte-Cène, quand le Christ partage son dernier repas avec les 12 Apôtres la veille de sa crucifixion un vendredi", raconte à l'ats M. Atallah. Parmi les 13 convives, Judas, est sur le point de trahir Jésus. Le nombre 13 est associé au malheur qui a mené Jésus au martyre et Judas au suicide.

Ce n'est toutefois pas la seule croyance que l'on relie au vendredi 13. Certaines concernent plutôt le nombre, d'autres le jour de la semaine. On connaît par exemple les 13 esprits du mal signalés par la cabale ou le 13e chapitre de l'Apocalypse, sur l'antéchrist. Ou encore cet événement historique, l'arrestation de tous les Templiers de France le vendredi 13 octobre 1307 par le roi Philippe le Bel.

Au Moyen-Age, le vendredi était considéré comme funeste, car plusieurs calamités bibliques se seraient produites ce jour-là. "Adam et Eve auraient été chassés du paradis pour avoir croqué le fruit défendu", rappelle M. Atallah. De même, Caïn aurait tué son frère Abel ce jour de la semaine, Saint Jean-Baptiste aurait été décapité et Hérode aurait massacré les saints Innocents.

Un symbole ambigu

Le directeur de la Maison d'Ailleurs relève l'ambiguïté autour du vendredi 13, un symbole "à la fois sacré et maudit". Au fil des siècles, la sphère publique l'a transformé, un peu selon le principe du téléphone arabe. "A tel point qu'aujourd'hui, il peut représenter même la chance, ce pour quoi certains jouent au loto." Et les loteries incitent les joueurs à cocher les numéros ce jour-là.

Il en va de même avec la superstition du chat noir par exemple, qui représente à l'origine le diable. Une origine que peu de gens connaissent de nos jours, alors que tout le monde sait que le fait de croiser un chat noir est synonyme de poisse. "Pourtant, et c'est toute l'ambiguïté du symbole, ceux qui croisent un tel félin pourraient bien se mettre immédiatement aux paris, en espérant qu'il leur portera chance."

Une "pensée magique"

Le vendredi 13, la crainte des chats noirs ou la peur de passer sous une échelle, ce sont aussi des repères, poursuit Marc Atallah. "Si ces superstitions n'ont pas disparu de nos jours, c'est parce qu'elles mettent en scène des conflits essentiels pour l'être humain héritier du judéo-christianisme, entre le Bien et le Mal. Elles touchent aux grands dilemmes moraux qui le structurent."

Les superstitions participent en outre à une manière d'éclairer le monde, "une sorte de pensée magique", ajoute le directeur du musée yverdonnois. Autrement dit, on crée des liens de causalité qui ne peuvent pas s'expliquer par la raison. "Notre vie demeure structurée par cette pensée magique qui, bien que souvent dénigrée aujourd'hui, reste essentielle à l'homme car elle lui permet de créer du sens."

Pas de siège ou de chambre n°13

La crainte irraisonnée du vendredi 13, l'une des plus répandues dans la culture occidentale, porte même un nom, quasiment imprononçable: la paraskevidékatriaphobie. Au sein de la société, la méfiance envers ce nombre est telle que des avions ne comportent pas de rangée ou de siège No 13, tout comme certains hôtels ou hôpitaux ne disposent pas de chambre avec ce numéro.

Le vendredi continue lui aussi d'avoir mauvaise réputation, et la Suisse ne fait pas exception. Pour les Tessinois, "le mardi et le vendredi, tu ne dois ni te marier ni partir en voyage". En Valais, "s'il y a un mort le vendredi, il y en aura un deuxième le vendredi suivant". Un dicton de l'Emmental assure cependant que "les avances du vendredi valent une promesse de mariage".

En 2017, il n'y aura plus d'autre vendredi 13 après ceux de janvier et d'octobre. Les prochains viendront en avril et juillet 2018.

ats

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11