La Liberté

Venezuela: violences aux frontière pour défendre l'aide humanitaire

L'opposant Juan Guaido a donné le coup d'envoi au processus visant à faire entrer l'aide humanitaire au Venezuela depuis la Colombie. © KEYSTONE/AP/FERNANDO VERGARA
L'opposant Juan Guaido a donné le coup d'envoi au processus visant à faire entrer l'aide humanitaire au Venezuela depuis la Colombie. © KEYSTONE/AP/FERNANDO VERGARA
Au moins deux personnes ont été tuées dans des heurts à la frontière entre le Brésil et le Venezuela. © KEYSTONE/AP/IVAN VALENCIA
Au moins deux personnes ont été tuées dans des heurts à la frontière entre le Brésil et le Venezuela. © KEYSTONE/AP/IVAN VALENCIA


Publié le 23.02.2019


L'armée a répliqué avec violence samedi aux frontières du Venezuela où les partisans de l'opposant Juan Guaido s'étaient mobilisés pour permettre le passage d'une aide humanitaire. Le président Nicolas Maduro dénonce une tentative déguisée d'intervention américaine.

Au moins deux personnes, dont un garçon de 14 ans, ont été tués par balle dans des heurts à la frontière entre le Brésil et le Venezuela. Une ONG locale, Foro Pena, a accusé les militaires vénézueliens d'avoir ouvert le feu sur la foule mobilisée pour exiger le passage des convois humanitaires.

Par ailleurs, selon les services colombiens de l'immigration, "deux camions" d'aide ont été incendiés à la frontière avec la Colombie. La députée d'opposition Gaby Arellano - qui a parlé d'"un camion" - a accusé les forces de l'ordre vénézuéliennes de l'avoir incendié sur ordre de M. Maduro.

Epreuve de force

Juan Guaido, 35 ans, reconnu comme président par intérim par une cinquantaine de pays, avait fixé la journée de samedi comme date-butoir pour la livraison de cette aide stockée principalement en Colombie et au Brésil.

Il a lancé l'épreuve de force à la mi-journée en annonçant lui-même sur Twitter l'entrée au Venezuela d'un premier convoi via la frontière brésilienne. "C'est un grand succès, Venezuela!" a-t-il indiqué depuis la ville frontalière de Cucuta, en Colombie.

Des journalistes de l'AFP à Pacaraima (nord du Brésil) ont constaté que deux camions chargés d'aide envoyée par le Brésil stationnaient samedi soir entre les postes de douanes des deux pays, faisant face aux soldats vénézuéliens.

Rupture des relations avec Bogota

Alors que la tension montait sur le terrain, M. Maduro a annoncé devant des milliers de ses partisans rassemblés à Caracas la rupture des relations diplomatiques avec "le gouvernement fasciste de Colombie". Il a donné 24 heures "à l'ambassadeur et aux consuls" pour quitter le Venezuela en lançant: "Dehors, les oligarques!".

Cependant, pour le président colombien Ivan Duque, Juan Guaido est le seul chef de l'Etat vénézuélien en exercice: sur Twitter, sa vice-présidente, Marta Lucia Ramirez, a rappelé que "notre gouvernement n'a pas désigné d'ambassadeur (à Caracas) et ne reconnaît pas celui de Maduro dont le mandat s'est achevé le 9 janvier" - à la veille de son deuxième mandat controversé.

Cette escalade survient après de nombreuses violences qui ont éclaté à la frontière entre les deux pays, en particulier quand quatre camions ont tenté de forcer le passage, soutenus par la foule qui exigeait le libre passage des convois humanitaires.

Les soldats et les policiers vénézuéliens ont fait usage de lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser les manifestants, faisant une dizaine de blessés, selon les équipes de l'AFP sur les ponts Simón Bolívar et Santander, qui relient les villes de San Antonio et Ureña, au Venezuela, à Cúcuta en Colombie.

"Du bon côté de l'Histoire"

Défiant le leader chaviste, M. Guaido a bravé vendredi un ordre judiciaire lui interdisant de quitter le territoire national. Il a affirmé que l'armée, pilier du régime chaviste, avait "participé" à cette opération.

"L'appel aux forces armées est très clair: bienvenue du bon côté de l'histoire, bienvenue aux militaires qui aujourd'hui se mettent du côté de la Constitution", a-t-il ajouté devant la presse.

Selon les services migratoires colombiens, au moins 23 membres des forces de sécurité du Venezuela, dont 20 militaires, ont déserté samedi, passant en Colombie. L'un des militaires s'est présenté comme "le major Hugo Parra", en uniforme de la Force armée nationale bolivarienne. Il a reconnu M. Guaido comme président.

Manifestations en Suisse

Pour lancer l'opération humanitaire, M Guaido était entouré de M. Duque aini que des présidents du Chili, Sebastián Piñera, du Paraguay, Mario Abdo, et du secrétaire général de l'organisation des Etats américains, (OEA) Luis Almagro.

A l'étranger, des centaines de personnes ont manifesté pour soutenir l'entrée de l'aide humanitaire au Venezuela. Elles étaient notamment 200 à Zurich et 80 à Genève, devant le Palais Wilson. Une centaine de protestataires se sont également rassemblés à Bruxelles.

ats, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11