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Voici 25 ans, la folle fuite en voiture d'O.J. Simpson

C'était le 17 juin 1994, la Ford Bronco blanche transportant O. J. Simpson, suivie par des voitures de police (archives) © KEYSTONE/AP/JOSEPH R. VILLARIN
C'était le 17 juin 1994, la Ford Bronco blanche transportant O. J. Simpson, suivie par des voitures de police (archives) © KEYSTONE/AP/JOSEPH R. VILLARIN


Publié le 16.06.2019


Voici 25 ans, une Ford Bronco blanche sur les autoroutes de Los Angeles avait fasciné toute une nation: à son bord se trouvait O.J. Simpson, ancienne gloire du football américain, soupçonné de meurtre et suivi à faible allure par une noria de voitures de police.

Le 17 juin 1994, le spectacle - retransmis en direct par les télévisions grâce aux hélicoptères suivant cette poursuite - avait captivé quelque 95 millions d'Américains, davantage que la finale du championnat de football américain tenue la même année.

L'engouement du public était tel en ce vendredi soir que les livraisons de pizza à domicile avaient explosé pendant deux heures, le temps qu'O.J. Simpson retourne finalement chez lui et ne se rende aux dizaines de policiers présents sur place.

"Nous étions tous autour du poste, personne ne respirait... On restait là, complètement fascinés", se souvient Kim Goldman, dans un récent podcast.

De nombreux habitants de Los Angeles s'étaient postés le long du trajet de la Ford Bronco, conduite par un ami, pour encourager le fuyard mais Kim Goldman et son père, eux, voulaient "qu'il soit interpellé pour répondre de ses actes".

Cinq jours plus tôt, son frère Ron avait été poignardé à mort en compagnie de Nicole Brown Simpson, l'ex-épouse de la star du football qui allait être jugée pour ce double meurtre.

En 1995, à l'issue d'un procès rocambolesque, surmédiatisé et qui a profondément remué les tensions raciales dans le pays, Simpson a été reconnu non coupable par un jury populaire. Une décision encore controversée à ce jour et qui continue d'indigner Mme Goldman.

Responsable mais pas coupable

Innocent sur le plan pénal, Orenthal James Simpson a pourtant été reconnu deux ans plus tard responsable sur le plan civil de la mort de son ex-femme et de Ron Goldman.

A ce titre, il a été condamné à verser plus de 33 millions de dollars de dommages et intérêts à la famille Goldman mais n'en a, à ce jour, payé qu'une petite partie.

L'athlète a toujours protesté de son innocence. Il a également démenti avoir tenté d'échapper à sa convocation au commissariat le jour de la fameuse poursuite, assurant avoir juste voulu se rendre sur la tombe de son ex-femme.

Un sac contenant son passeport, de l'argent liquide ainsi qu'un revolver .357 Magnum a bien été découvert par les enquêteurs dans la Ford Bronco. Mais ces éléments n'ont jamais été versés comme preuves dans le dossier par l'accusation car la voiture n'appartenait pas au suspect et personne n'a été en mesure de prouver qui les avait placés là.

Pourquoi cette fascination? D'après Geoffrey Alpert, enseignant la criminologie à l'université de Caroline du Sud et spécialiste des courses-poursuites, la célébrité d'O.J. Simpson n'a fait que décupler l'intérêt d'un public déjà naturellement avide de situations dangereuses.

La case prison

"On attend la collision. Personne ne souhaite la mort de qui que ce soit mais on aime regarder une situation qui dérape", affirme-t-il à l'AFP, comparant ce genre de poursuite aux courses de stock-cars.

"Et les médias sont encore plus fascinés par ce genre de choses aux Etats-Unis qu'ailleurs dans le monde", estime l'enseignant, évoquant un far west "où quelqu'un dévalise une banque et le shérif saute sur son cheval pour le prendre en chasse".

La Ford Bronco elle-même, propriété d'Al Cowings, l'ami de Simpson qui la conduisait en ce 17 juin 1994, est d'ailleurs exposée par un musée du Tennessee spécialisé dans l'histoire criminelle des Etats-Unis.

A Los Angeles, une société a même envisagé de proposer des circuits touristiques à bord de la voiture, en suivant le même parcours qu'O.J. Simpson.

Mais le champion de football n'a pas complètement échappé à la prison: en septembre 2007, il a fait irruption avec cinq hommes de main dans un casino de Las Vegas pour "récupérer", sous la menace d'armes, des souvenirs sportifs.

Condamné pour ces faits, il devait purger jusqu'à 33 ans de prison mais a bénéficié d'une remise de peine et a finalement été libéré le 1er octobre 2017, après sept ans derrière les barreaux. Aujourd'hui âgé de 71 ans, il coule une retraite paisible à Las Vegas.

ats, afp

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